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Retour à la liste Ajouté le 14 août 2008

Temoins de peaux

Le silence des friches industrielles, l’odeur poussiéreuse d’une prospérité d’antan, pas si lointaine. Graulhet est une ville enclavée au sud du Tarn, aujourd’hui encore oubliée du chemin de fer. Une petite ville, sans lycée, grignotée par la crise. En effet, un cancer ronge l’industrie du cuir et ses mégisseries dont les hautes cheminées de brique lorgnent sur un passé glorieux. Du XVIIIe au XXe siècle, Graulhet était l’une des capitales mondiales du cuir. Aujourd’hui les mégisseries souffrent, souffrent,à l’image des générations d’immigrés aux corps et âmes brisées. iIl n’en reste plus qu’une dizaine sur la centaine qui existait du temps de sa prospérité. À l’abandon, ou tournant au quart de ce qu’elles peuvent produire, elles deviennent d’immenses friches industrielles. Certaines connaissent une deuxième vie, mais c’est une autre histoire.

Pierre Assémat, photographe tarnais, a « toujours photographié des lieux abandonnés, des ruines où il ne reste plus que l’empreinte d’une vie ». Cherchant un endroit pour quitter Toulouse, il passe par Graulhet en 1999. « Il faisait gris, il n’y avait personne sauf des cheminées et ces friches. Je savais que je reviendrais les photographier ».

Pierre Assémat a donc entrepris, quelques années plus tard, un inventaire des friches graulhétoises dont nous publions une partie. « Je me suis inspiré de l’œuvre du couple de photographes allemands Bernd et Hilla Becher qui ont photographié depuis la fin des années 50 des bâtiments industriels en Europe et aux Etats-Unis ». Comme ces précurseurs de la photo documentaire pour leurs typologies (1), il s’est imposé des règles de prise de vue strictes (cf. rêgles de prise de vue).

En résultent des portraits frontaux de friches, des photos sans fard de mégisseries dont « aucune ne se ressemble alors qu’elles étaient destinées à réaliser le même travail ». Se dégage ainsi une esthétique de ces bâtiments construits sans intention esthétique.

Emmanuel Scheffer

Artmajeur

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