Ajouté le 11 janv. 2019
« Le dessin automatique
est une branche particulière des arts graphiques que je pratique depuis 1996.
J'ai commencé sans savoir ce que je faisais, mais en n'ayant plus d'autre
solution que de demander à la feuille ce qu'elle avait à me dire.
Me poser la question, me passer à la question comme si la référence à la torture légalement appliquée aux accusés et aux condamnés pour leur arracher des aveux au XIIIème siècle jusqu'à la Révolution, était ma manière de creuser.
Parce que la norme et son armée de limites écrites pour le bon comportement avec soi-même me passaient complètement au-dessus de la tête, j'avais déjà été conduite depuis longtemps à ne plus comprendre rien du monde ni de ses usages. Alors, j'ai trouvé dans ces randonnées hypnotiques un canal de respiration de secours relativement pratique.
L'obsession s'y rend tangible.
Elle est tendue vers la folie pure de se résoudre totalement. Cette course poursuite dans le sens contraire des limitations, c'est tout simplement comme nager à contre-courant. La contrainte systématique des réflexes programmés, je l'ai rêvée comme voie de passage, entre ici et l'autre côté.
L'air est tellement vicié dans les multiples boites hermétiques avec des étiquettes dessus. Hors du savoir, hors des recettes et des stratégies, ne pourrait-il pas être possible et réalisable de passer les murs et les limites en bravant justement les dérèglements des équilibres internes?
Poussée par une obligation intérieure, un profond désespoir et la faim absolue, je me suis tenue tête à moi-même puisque nulle part je ne trouvais où la faire pousser.
Je ne suis pas la première à emprunter ce sentier.
Les surréalistes et leur désir de se dégager des emprises de la raison ont rappelé aux esprits domestiqués de leur temps, qu'il restait toujours d'infinies étendues magnétiques à découvrir. Cette quête de la désagrégation est ma boussole.
Je cherche la source.
Je la cherche où je
suis,
Dans mon corps.
© 2018 Nuage 40