Caligula en Mercure (2022) 绘画 由 Nicolas Maureau

Caligula, de son vrai nom Gaius Julius Caesar Germanicus, est devenu empereur à 24 ans, succédant à Tibère. Surnommé « Caligula » (petites sandales) par les soldats de son père Germanicus, il est d'abord accueilli avec enthousiasme par le peuple romain.
Très vite, son règne prend une tournure inquiétante. Après une grave maladie au début de son règne, Caligula adopte un comportement jugé tyrannique, fantasque et cruel. Il impose un culte de la personnalité, se prenant pour un dieu vivant, et fait exécuter ou humilier de nombreux sénateurs et proches.
Il est aussi connu pour ses excès : orgies, dépenses extravagantes, humiliations publiques, et décisions arbitraires. Des anecdotes célèbres — bien que peut-être exagérées — rapportent qu’il aurait voulu faire de son cheval Incitatus un consul, ou qu’il faisait assassiner sur un simple caprice. Caligula est finalement assassiné en 41 ap. J.-C. par des membres de la garde prétorienne.

Le modèle est représenté torse nu, en short de sport mauve. Ce choix met en valeur un corps jeune, élancé, presque fragile, qui contraste fortement avec l’image d’un empereur tout-puissant. La nudité partielle, souvent associée à la statuaire antique, évoque à la fois la tradition du portrait impérial divinisé et une exposition crue du corps. Cela viens renforcer la tension entre autorité et vulnérabilité humaine : Caligula, figure à la fois sacrée et grotesque, devient ici un personnage queer ambivalent.

La main tendue évoque un salut impérial, chargeant la pose d’une solennité narcissique.Les baskets rouges flanquées d’ailes, rappelant les sandales d’Hermès (le messager des dieux), sont l’élément le plus iconique du tableau. C’est une allusion directe au nom de Caligula (petites sandales) et à sa biographie puisque, nous dit-on, il aimait a se déguisait en dieux, notamment en Hermès. Représenter son désir d’incarner l’omnipotence divine, via un code pop et contemporain, des sneakers modernes ailées, apporte une ironique, une dérision.

En conjuguant une attitude fière, une quasi-nudité, et des accessoires excentriques, le tableau souligne l’ambivalence de Caligula : adolescent roi, démiurge fantasque, figure du pouvoir qui se parodie lui-même. C’est un portrait de la dérive absolue, mais aussi d’un pouvoir performatif, où le politique devient spectacle, corps, mise en scène.

Caligula convoque à la fois la mythologie antique, l’histoire impériale et l’imagerie queer contemporaine. Il en ressort une figure entre idéal divinisé et caricature qui soulignes le glissement entre représentation, désir, délire et autorité, au cœur de l’empire comme de notre époque.

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