Ajouté le 20 nov. 2008
« Notre perception extérieure est un rêve du dedans qui se trouve en harmonie avec les choses du dehors , et au lieu de dire que l’hallucination est une perception extérieure fausse, il faut dire que la perception extérieure est une hallucination vraie »
(Hippolyte Taine)
J’ai beaucoup voyagé de par la profession de mon père : Tunisie, Madagascar, Cambodge, Europe,Burkina-Faso, Indonésie…sont des pays où j’ai longtemps vécu.
On connaît le destin tragique de certains de ces pays.
Mes compositions visent à traduire cet anéantissement du temps et cette fragilité du monde.
Le fait d’utiliser des laques est peut-être une parabole de la manière dont nous nous écoulons dans le paysage, et aussi comment, en le détruisant, nous le liquidons.
Peindre pour dépasser le sujet: en l’occurrence toucher du bout des doigts ,peut-être, l’essence du paysage.
En abordant ce thème par des choix picturaux oscillant entre la stratification de la lumière, l’horizontalité du temps et la transversalité du sens, c’est la notion de territoire-limite qui est soulevée.
Limite de l’intention, limite de la traduction, limite de l’interprétation.
S’élever, partir, oublier, se souvenir.
Comment piéger la mémoire ?
Les couleurs et les sons, les odeurs, la lumière et les vibrations de l’humanité, si différentes et pourtant si proches…
Comment faire pour que toutes ces hallucinations se cristallisent sur la toile?
Réponse possible : en faisant de la toile un champ d’expérience unique ayant pour point de départ une représentation mentale et esthétique de l’espace.
A la frontière d’une peinture-langage qui se refuse à signifier, à priori, quoi que ce soit, mes toiles sont avant tout des pièges de la mélancolie au sens premier du terme.
Le mélancolique vit dans l’illusion d’ un monde qu’il n’a pas connu.
Ici la mélancolie se situe sur le mode esthétique : vivre des situations picturales inédites.