Mai

Extrait d'un texte du cinéaste-écrivain Philippe Aubert........(PRIX HEMINGWAY 2015)

Maï, s'applique à faire surgir des images. Elle va les chercher parfois jusqu'aux frontières du sombre, laissant deviner le poids des destins, la guerre froide existant entre ce qui devrait être et ce qui est, entre ce qui opprime et la soif de libération en résultant. Rêveries, conversations, rencontres nourrissent cette oeuvre où les femmes sont chez elles. La magie de l'ordinaire devient précieuse: lumière du jour sur un visage étonné d'être là, animaux dans leur simplicité divine, fenêtre éblouissante d'une clarté mystérieuse et appelante, corps tournés vers les altitudes. Petit catalogue du miracle quotidien, pour qui sait regarder..........
Enfin, on aurait tord de ne pas prêter attention ou d'ignorer carrément les décors de ces scènes. Ces murs, ces ciels, ces nuits, sous forme de larges à-plats colorés, aux teintes puissantes comme celles des oriflammes, nous plongeons dans des territoires délibérément déserts et voués à ce qui est arrivé, à ce qui arrive et ce qui arrivera. C'est là, dans l'évanouissement à peine remarqué des bleus , des ocres presque dorés parfois, dans les rosés délicats aux moirés de soie, se joue probablement l'essentiel de cette peinture. Dans ce décor à la fois discret et éclatant, allusif et délibérément noyé par son sujet s'exprime, en effet, un art où les femmes existent avec intensité, cherchent et trouvent leur place, la prennent, s'installent. Et nous font signe. :"Message (s)".