Ajouté le 29 avr. 2004
Mad-Jarova: une femme du troisième millénaire Si le dessein d'un grand artiste est de réanimer, en nous les forces essentielles, de réveiller, en nous, les puissances oniriques, alors Mad-Jarova est de ceux-ci. Avec elle, nous entrons dans un au-delà du pittoresque. En méditant sur son ouvrage d'art accompagné d'un texte relatant, à la manière d'un conte, ses visions scientifiques,
Mad-Jarova « Voyage au-delà de l'infini » (Éditions Opéra, 2001) ou en contemplant ses sculptures d'êtres fabuleux, on s'aperçoit que chacune de ses œuvres nous force à rouvrir les yeux sur la richesse du monde. Les figures surgissent pour nous entraîner dans une rêverie sans fin, prophètes disparus, patriarches de légende à la chaleur communicative, (Le Fils de l'Homme) ,femmes de rêve libérées de toute pesanteur (Psyché), ou portées par un élan cosmique (Après Minuit), femmes-paysages (Méandres), femmes candides déesses de l'amour, extraordinaires chevaux voyageurs du ciel ou des eaux profondes(Voyage au-delà de l'Infini, Écume), aigles-chevaux perchés sur d'inaccessibles cimes, cités-joyaux plongées dans les océans d'un or alchimique (Cité d'or), nordiques paysages de l'âme traversés de mortelles écharpes de brume (L'avènement de la lumière), mystère de nappes liquides ou glacées, ombres noires (Les mystères de la nuit), de ce noir mad-jarovien si habité, si intensément peuplé d'êtres singuliers et chtoniens, si occupé mais qui, pourtant, ne se dévoile pas facilement. Ces ombres dont Mad-Jarova nous révèle que ce sont justement elles qui nous font progresser, tout chez cette artiste ivre de peinture et de beauté se donne en partage.
Visions d'un au-delà de l'infini, cet ouvrage qui reproduit, avec une très haute technicité, ses peintures est une illustration de visions mad-jaroviennes. Jamais au cours de son immense carrière qui a commencé à l'âge de quatre ans sur un lit d'hôpital, Mad-Jarova n'a eu besoin de modèle, nous a-t-elle confié. Déjà, pour elle, débute le Destin du Travail, un travail de peintre passionné à l'écoute de l'Ailleurs. Lorsque l'horizon de sa vie terni par la maladie a bien failli basculer, tout a changé pour elle. Comme Alice, elle passe de l'autre côté du miroir, devient visionnaire. Elle entend et, surtout, elle voit. L'œil mad-jarovien perçoit des hologrammes animés du don de parole. Mad-Jarova a dans l'¦il des milliers d'images du passé, du présent mais également les germes d'un futur qu'elle va curieusement puiser dans le passé et qu'elle inscrit, au fil des années, patiemment sur la toile ou modèle dans le bronze et le bois. Elle entend des voix alchimiques qu'elle n'hésite pas à suivre, en particulier, celle de son superbe Pégase. Un étrange Léonberg ou "Lion des Montagnes" qui, en fidèle compagnon, partage sa vie. Mais elle est tout aussi réceptive à celles de ses sublimes étalons dont elle est toujours restée très proche et auxquels elle a continuellement rendu hommage dans son art. En cavalière d'élite, Mad-Jarova nous les présente, dès les premières pages de son ouvrage qui n'a rien d'une classique autobiographie d'artiste. Son destin est inséparable de Viarno, magnifique étalon blanc à la robe de lumière, de Volcan, sublime étalon noir, ténébreux complice de chaque instant qui l'a fait triompher lors de nombreux concours hippiques et de Lubim, son merveilleux lusitanien à la robe fauve. Dès sa plus tendre enfance, les chevaux ont entraîné Mad-Jarova dans de folles équipées, des chevauchées fantastiques au cœur des vastes étendues naturelles de son pays, la péninsule balkanique. Ivre d'espace et de vent, Mad-Jarova conserve intact le souvenir de ces chevaux impétueux galopant dans le vent comme le sang dans les veines. Mais tous ces êtres, montures, véhicules, vaisseaux, pionniers l'ont également guidée dans mille rêves à la fois célestes et chtoniens dont elle s'est fait l'écho en peinture et en sculpture. Elle n'a pas peur de révéler qu'ils ont aussi été ses guides, ses initiateurs dans son immense épopée de l'inconscient, sa course céleste ou abyssale au fond d'elle-même. Le cheval, ne l'oublions pas, dans un bon nombre de cultures des pays de l'Est, est l'animal des pouvoirs magiques, l'animal chamanique par excellence.Ainsi dès sa plus tendre enfance, Mad-Jarova a compris que rien n'était à copier, que seule l'activité, les voix de son intuition et de son imagination créatrice devaient la guider. A son art, elle ne trouve d'ailleurs aucune autre explication que ses visions. A la "réalité ordinaire" qui, sans cesse, nous trahit, elle a toujours préféré ce que la science nous en révèle ainsi que la réalité des songes. Mais ce qu'elle nous montre aussi à travers son œuvre fabuleuse, c'est que le rêve se construit pas à pas et que cet Art de Rêver mad-jarovien a mis plusieurs décennies pour pouvoir se mettre en place.
Une nouvelle lumière.
Ainsi son œuvre d'une force prodigieuse tient-elle du miracle, d'un nouvel âge, d'une nouvelle lumière où les classiques débats de l'art et des sciences, s'évanouissent comme par miracle dans un seul but: penser magnifiquement l'univers, explorer et rêver l'univers à la fois par la peinture et la science. L'univers mad-jarovien ne néglige ni ne méprise aucun des voix de la connaissance. Sans doute est-ce pour cette raison que se dégage de son œuvre à la fois une force titanesque aussi bien que moléculaire. Avec elle nous vivons une étrange communion de l'immense et du détail. Peintre de visions, elle est aussi le peintre des traces fascinantes du passé. Sur le plan pictural, il émane parfois de ses tableaux comme une lumière des origines, une flamme du passé