Lucien Ségura

Mes "Toiles de Stars" sont envisagées comme des objets manufacturés. Numérotées, elles intègrent des notions de quantité et de qualité.

Un corps habillé est un nu recouvert d'une toile. Unie ou imprimée cette toile est à bien des égards révélatrice d'une part de notre identité, elle constitue le "corps visible": celui que nous donnons à voir. Nous enveloppons nos mystères dans des apparences, en masquant le nu nous devenons "image". Mon travail vient souligner ce paradoxe, un "invisible" (le corps) rendu "visible" par la toile qui le recouvre (le décor): Le corps devient décor.
A ce jeu, se superpose un élément déterminant : l'étiquetage. Je m'approprie ce territoire graphique, car son rôle d'informateur participe du choix de l'habit, de l'apparence (la matière, sa qualité, son prix) par conséquent la signalétique d'étiquetage fait partie intégrante de l'image peinte et optimise le concept du "corps-décor". Prolongeant l'analogie, ma signature devient symboliquement une marque de fabrique avec logo et code-barres.
In fine "Super-identité" et "Superficialité" sont réunies en un même lieu: LA TOILE.

© Lucien SÉGURA 2014.

Les "TOILES DE STARS" . Paradoxe du recouvrement . Jeu et enjeux de la représentation corporelle.

Mon travail résulte d'une observation et d'une mémorisation attentive du réel. Il est le symptôme et le reflet de ma subjectivité. Les symboles esthétiques, les détails anatomiques ou les fragments de décors auxquels je me réfère, constituent un ensemble d'éléments représentatifs du "paysage urbain".
Au réalisme, j'oppose l'improvisation et l'interprétation. Ce n'est donc pas la nature qui décide du contour de mes compositions, mais moi-même. Mon postulat consiste à associer au dessin, l'inventaire de signes distinctifs, préalablement engrangés, et emblématiques d'une image excessive, fantasque ou superficielle. Dans cette perspective, la représentation picturale évolue. Des portraits désincarnés s'associent à une morphologie discordante, à l'exemple d'un corps conçu en symétrie avec l'objet. L'urbanité ambiante, favorable aux stéréotypes, produit dans ses ramifications, un luxe de formes et de couleurs, transformant le tableau en un panorama "kitsch", surchargé et baroque. Mes recherches, inspirées par le flux et le reflux des modes, mettent en évidence la quête éphémère, mais cependant constante, d'une "identité augmentée". Des indications iconiques font la part belle à la signalétique d'étiquetage, en notifiant à dessein, par des allusions graphiques, les caractéristiques d'une économie de marché. Stigmates d'un "dehors" revendiqué, les rapports humains véhiculent de nouveaux langages, de nouveaux codes, de nouvelles tendances, confiant au vêtement un rôle de révélateur. Dans de telles circonstances, le "jeu social" crée une mutation. Le corps devient alors un "support d'expression", une métaphore narcissique qui traduit pleinement l'esprit dans lequel je travaille. Avec l'apport de motifs décoratifs et l'emploi de couleurs vives, ces corps extravagants conférent à mes images une grande lisibilité et une singulière démesure.
Les "TOILES DE STARS" sont, pour moi, une alternative au réel, une respiration et l'éloge d'une salutaire euphorie.

© Lucien SÉGURA 2022 . Tous droits réservés . Photographies et retranscriptions.

Ci-dessus, quelques références écrites:

(1) Les peintres de l'école Toulousaine . Annie Merle . Editions Michael Ittah . 1994.
(2) Salon d'automne . Paris . Catalogue . 2008.
(3) Traces d'artistes . Sylvio Brianti . Editions Edicité . 2010.

(4) "Jours avec". Josette SÉGURA . Poèmes . Editions Editinter 2017.
(5) Art au présent . Marie José Bouscayrol . Editions Regards . 2011.

(6) Agenda 2012 . Galerie Bouscayrol . Editions Regards.

(7) Lucien SÉGURA . Photo : Anna-Valérie ZAGROUN.

Avant-propos

Mon travail s'inscrit dans une production d'images axée sur l'improvisation.
L'intention est toujours la même : créer de nouveaux graphismes en privilégiant une libre interprétation des formes anatomiques.
Leur évocation produit, par effet de stylisation, une représentation "synthétique" des corps.
Toutes ces réalisations ont pour titre générique : Les Andrographies.
Afin de les distinguer, comme autant d'objets "manufacturés", mes Andrographies sont marquées d'un numéro de série à cinq chiffres.
Le trait noir, omniprésent, vient souligner le jeu, le rythme et le mouvement des personnages. Ainsi défini, mon vocabulaire graphique peut, par analogie, s'apparenter à une calligraphie.
Le dessin devient alors une forme d'écriture universelle.   © Lucien SÉGURA 2014.

Ci-dessus, quelques références écrites:

(1) Les peintres de l'école Toulousaine . Annie Merle . Editions Michael Ittah . 1994
(2) Salon d'automne . Paris . Catalogue . 2008
(3) Traces d'artistes . Sylvio Brianti . Editions Edicité . 2010
(4) Art au présent . Marie José Bouscayrol . Editions Regards . 2011

Les "ANDROGRAPHIES" . Le corps synthétique . Réalité et subjectivité.  

Mes "Andrographies" sont envisagées comme des objets manufacturés. Numérotées, elles intègrent des notions de quantité et de qualité.
Les formes anatomiques qui les composent favorisent, par leur libre interprétation, l'émergence d'une image, associant ma vision subjective du corps à de multiples variations graphiques. Ces réalisations sont descriptives et schématiques. Elles tendent à définir les contours d'une morphologie débarrassée de toutes convenances. Face au réel, ce choix pictural trouve sa finalité dans une figuration au dessin déstructuré. Mon thème de prédilection est la représentation stylisée du corps, ancrée dans un souci constant de simplification. Un trait noir, omniprésent, limite les formes et peut, par analogie, s'apparenter à une calligraphie. Les entrelacs et les ondulations, donnent à ce champ graphique, une impression de "désordre organisé".
Dans cette perspective, le mouvement, le corps et l'objet, échappent à l'instauration d'un attrait consensuel. Mon registre pictural résulte d'une mémorisation, consciente ou inconsciente, de réminiscences plastiques et stylistiques qui s'inscrivent dans une synthèse entre dessin et peinture. Ces constructions graphiques reposent donc inévitablement sur les vestiges de ma mémoire. En art, la subjectivité du regard rend l'observation fugitive. Elle bouleverse la lisière des contours. Cette extension de réalité joue, de façon fortuite, un rôle déterminant dans les "péripéties" de mes créations. Des compositions, aux formes rythmées par "tressage", s'affichent à la limite du raisonnable. Elles cristallisent, sur mon parcours, la quête d'une image idéale, usant de distorsions puisées dans une variété infinie de formes. L'anatomie devient alors pour moi, un "langage", une allusion au corps en mouvement et la structure évocatrice d'un dehors aseptisé. Dans cet esprit, ma technique d'exécution, à la fois sobre et précise, expose mes peintures à une lisibilité appuyée. Malgré mon insistance à vouloir faire le même tableau, j'obtiens toujours "autre chose", une image parallèle, une autre projection. Ce processus d'élaboration, m'engage à mieux utiliser mes intuitions pour en faire une substance nouvelle: une "ANDROGRAPHIE".

© Lucien SÉGURA 2022. Tous droits réservés . Photographies et retranscriptions.