Léonie Sommer

Je connais un peu la talentueuse et modeste artiste Léonie, elle entre dans votre vie comme un souffle d'enfant et tout à coup tout se bouscule dans notre tête, ce sont alors des bourrasques qui bousculent vos idées reçues, vos habitudes, et booste votre avancée. Un flou artistique lumineux et qui m'émerveille...Chapeau bas !

Collection Outrages. 2016. « Bataclan ». Huile sur toile. Collages. Découpages. Format : 0,80 x 0,80cm Je dois, pour une fois, donner d’avantage d’explications concernant cette toile. En fait, je me souviens très bien du jour où je l’ai commencée. Je me souviens. Il devait être 9heure du matin, ce vendredi 13 novembre 2015. J’étais heureuse à l’idée de peindre. J’avais commencé un fond très dilué, comme l’on fait en peinture à l’huile. Très clair. Des jaunes assez citronnés, des roses flamands. J’étais bien. Et puis, est arrivé un phénomène. Je me suis sentie très mal. Au point de balancer au bout d’un moment la toile dans l’atelier. Ce qui ne m’arrive jamais. Il devait être 11 heures du matin. Je suis allée jusqu’à dire à mes proches que je préférais être seule. Et cela a duré toute la journée. Le soir à 19h, je suis allée rejoindre mon compagnon de l’époque et un ami dans le bistrot en face de chez nous. Même état d’esprit. Malaise, mal être très profond. Et puis là, l’annonce du drame. Comme un 666 ressurgit du passé. Je le ressentais dans tout mon corps. Peut-être d’autres personnes comme moi, plus sensibles, ont ressenti les choses avant leur déroulement. Je suis toujours étonnée de voir combien nous pouvons être sensibles à l’air du temps. Ces dernières années, comme beaucoup d’artistes, j’ai commencé à ressentir une souffrance professionnelle. Les restrictions budgétaires frappaient à toutes les portes. La France entre en crise, inflammant tous les étages. Le rouleau compresseur de la déshumanisation commençait son travail de nivelage. Je travaillais alors auprès de publics très variés, souvent très fragilisés. Insufflant ma passion, épaulant les professionnels, apportant des outils de création, et surtout partageant le grand livre des connaissances multiples. Ne jamais renoncer à notre pouvoir de créer notre propre vie et de transformer ce qui peut l’être. La voie artistique est infinie. Je reviens sur la toile Bataclan. Avant de cesser définitivement mes ateliers avec les enfants d’une Mecs avec lesquels je travaillais depuis des années, (quel crève-cœur !) -le secteur de l’enfance, en Anjou a été et est extrêmement touché par les fameuses « restrictions budgétaires »_ j’avais demandé aux enfants l’autorisation de coller sur ma toile des morceaux de dessins que nous avions fait ensemble. Je leur avais dit qu’ainsi elles feraient œuvre et Traces avec moi. C’était important, surtout chez des enfants au si fort sentiment d’abandon. Cet établissement, que je ne nommerai pas, subissait tous les outrages du monde adulte dans lequel ils baignaient et ces enfants, déjà brisés par leur vie, en étaient les premières victimes. Où est la protection de l’enfance, je me le demande encore ? Quel monde leur laissons-nous? J’y ai rapporté aussi un autre outrage. Celui du sort la nature que nous souillons mais aussi celui des animaux. . L'argent ira à une association visant à promouvoir la création et le bien vivre ensemble.