le chemin des oiseaux (2023) 绘画 由 Kader Boutahra

Le chemin des oiseaux
( S'inspirant des peintures d’ateliers de Matisse)

"Chaque miroir est le tombeau du ciel" Bernard Noël

L’intention de départ était tout simplement de peindre un espace fermé – à gauche pour représenter l’égocentrisme, et en face, un espace qui se dégage pour symboliser l’Ouverture en Majuscule, puis ça s’est emballé - à l’insu de mon plein gré !

Deux profils de visages humains me sont apparus alors que je regardais ce tableau posé sur le chevalet ( à moins que ce soit une hallucination , une paréidolie?)
Je pense avoir trouvé une signification dans l’excellent livre de José Le Roy « Voir son visage originel *» , il y développe les thèses de Douglas Harding inventeur du concept de la « Vision sans tête » ! humour british sans doute pour une découverte ou plutôt re-découverte spirituelle.
(* Kôan zen  : « Quel était ton visage originel avant la naissance de tes parents ? »

Le premier profil apparaît dans la délimitation entre le mur au papier peint et le ciel azuré, son regard est dirigé vers l’île, l’autre profil de couleur noire jonche le sol, bouche grande ouverte comme exhalant son dernier râle.
Ce sombre profil représenterait l’Ego.
Quand au visage du haut il se fond dans l’environnement : Symbiose -l’intégration parfaite, l’ego est mort, disparu etc.
(Voir les photos complémentaires où j’ai isolé les deux profils)
"La libération ne concerne pas la personne, car la libération c'est se libérer de la personne; Jean Klein"

Mais dans quel but faudrait-il se débarrasser de son Ego/Mental ? :

" Dans la recherche intérieure, on observe la racine de ce ‘’je’’. Ensuite, nous n’avons plus besoin d’y toucher. C’est cela la liberté, être libre du mental, libre d’être ce que nous sommes sans aucune restriction, de jouir pour toujours de l’accomplissement serein, de la paix, de l’amour, de la joie, du bonheur et de la félicité. Dans cet état on s’accepte tel que l’on est, sans opinions, sans concepts et sans jugements. Il n’y a pas de passé et aucune idée sur la façon dont les choses devraient être à l’avenir. Il y a juste un abandon à ce qui est, à la réalité de l’ici-maintenant.
Ceci est la connaissance, la vérité et c ‘est aussi très simple. Seul notre mental veut nous faire croire que c’est difficile" (POOJNA)

Pour un autre auteur :
"Cela ne signifie pas que son individualité ait été annihilée mais seulement qu'il ne faisait plus l'erreur de la prendre pour l'essence de son être, il voyait en elle un véhicule, un moyen nécessaire pour prendre conscience de son universalité, de l'universalité de l'esprit que tout embrasse."
(Lama Anagarika Govinda)

Par ailleurs sur sa trajectoire horizontale le tableau représenterait une voie plus progressive, celle du Zen - (on n’y coupe pas des têtes!.)
Sur une table basse une théière évoque la célèbre cérémonie du thé qui devrait être exécutée avec une totale concentration, un genre d’exercice typique du zen avec le seul but de se fondre dans l’action, être totalement présent au Monde (Samu- samou)..

Plus loin un chat roux assis en zazen en quelque sorte, devant un miroir où son reflet n’apparaît pas.
Sur la droite du tableau un fauteuil avec des vêtements qui appartiennent manifestement au félin, on pourrait dire qu’il s’est dépouillé de sa peau de bête - qui habille maintenant le siège- c’est à dire de sa bestialité (humaine).
Le chat symbolise toutes les perversités, et le roux est une couleur infernale, plus impur que ça tu meurs ! Mais ce mauvais karma ne se reflète pas dans ce miroir là.

Au départ le matou était juste là pour équilibrer la composition et pour faire mine d’attraper l’oiseau, mais manque de chance le passereau de la rambarde ne s’y reflète pas non plus alors qu’il le devrait.

Le chemin des oiseaux, aucun tracé, aucune route dans le ciel, sinon fugitive.
De plus, cet oiseau-là peut tout aussi bien se trouver dans deux endroits différents en même temps, comme le chat de Schrödinger par exemple, jamais là où on l’attend. Mais il y a une autre interprétation possible :

"La méditation est un chemin long et difficile que l'on nomme "le chemin de la fourmi" [pilpilya marg] dans la philosophie hindoue. Siddharameshwar Maharaj enseigna plus tard "le chemin de l'oiseau" [vihanga marg], c'est à dire le chemin de la connaissance, de la compréhension ; c'est la voie directe de la réalisation du Soi. Une fourmi peut mourir en chemin avant d'atteindre la cime de l'arbre alors que l'oiseau vole de branche en branche avec grande aisance."

(Il y a d’autre éléments comme le paravent (chose cachée mais que l'on pourrait dévoiler - aisément)) , le canapé, les cadres vides, la barrière, le tapis!)