Le déplacé (2020) Peinture par Jyb Le Peintre

Le souvenir dérangeant, le cœur glacé, la tête vide, le visage verdi par la souffrance ; pour l’instant geindre en silence. Liberté de penser et de circuler évaporée. Emprisonné dans cette cellule dorée. Corbillard immaculé, pourrai-je ressusciter ? Enchevêtré dans mes liens sanglés. Etranglé par ma fantasmagorie oppressante, je cherche la voie lactée, nostalgie étoilée de l’ailleurs.
Aujourd’hui humilié, ensanglanté, brebis égarée…demain peut-être ressuscité, je m’accroche à ma dernière parcelle de lucidité. Plus aucun voile de connivence avec des règles surannées, des attitudes trop bien adaptées, indifférent aux autres.
Je cours la nuit, le jour vers un lieu inconnu ; en ces temps incertains, est-ce encore loin ?
Désormais en transit, je cherche la gare, ma destination, pèlerin inassouvi sans croyance ni dévotion ; sortirai-je de ce rêve maudit ? Mémoire en errance au risque de l’oubli.
Pantin titubant, dois-je encore marcher vers ce nouveau destin ?
Le chef de gare a sifflé ! Je reste sur le quai, le train fantôme s’est mis à rouler…
Suis-je condamné à toujours écouter mes propres cris, serpenter aux confins de la folie, tel le supplicié de mon agonie ?
Pouvoir m’éclipser doucement en rêvant.

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