Julie Verhague
📚 extrait de « l’art qui guérit » de Pierre Lemarquis
La beautĂ© d’un paysage, d’un ĂŞtre humain ou d’une Ĺ“uvre d’art prend possession de son spectateur, ouvert et sans dĂ©fense […]. Les Ĺ“uvres rencontrĂ©es se sont incarnĂ©es en vous, comme si elles cherchaient Ă s’éterniser dans votre cerveau, et l’ont sculptĂ© Ă leur image, comme un Ă©cho. Vous ĂŞtes un peu devenu Michel-Ange, DĂĽrer, Matisse, Charlotte, Niki de Saint Phalle entre autres. VĂ©ritables stimulateurs d’émotions, nos artistes vous ont entrainĂ© dans des territoires inexplorĂ©s, ils vous ont aidĂ© Ă vous connaitre et Ă mieux comprendre les autres et le monde qui vous entoure. Écouter une musique, admirer une peinture ou lire un livre aboutissent au mĂŞme rĂ©sultat : notre cerveau se comporte comme si la musique, un tableau ou les personnages d’un roman s’y Ă©taient incrustĂ©s, c’est l’empathie esthĂ©tique, le ressenti de l’intĂ©rieur. Dans ce contexte, c’est paradoxalement la pensĂ©e qui devient matière, le verbe qui se fait chair et non le cerveau qui « fait de l’esprit » !Â
Nous ne percevons par les sens que l’apparence des choses. Leur essence mĂŞme, leur intimitĂ©, nous Ă©chappent, sauf par l’empathie, qui nous permet d’entrer en rĂ©sonance avec elles. Il ne s’agit pas d’un simple phĂ©nomène en miroir, mais d’une vĂ©ritable modification de nos circuits neuronaux par la beautĂ©, qui peut aboutir Ă des processus Ă©mergents, de nouvelles connexions cĂ©rĂ©brales, une vision plus large du monde : le tout, c’est-Ă -dire l’œuvre, le spectateur et les liens tissĂ©s entre eux sont davantage que la somme des parties. Un effet thĂ©rapeutique est possible, parfois spectaculaire, une vĂ©ritable renaissance d’Aristote, avant Freud, appelait « catharsis ».Â