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Hel Swynghedauw

Retour à la liste Ajouté le 15 janv. 2007

Revue SVM MAC

"Poésie funambule


En Flamand, son patronyme signifie « la rosée des dunes ». Une poésie qui sied parfaitement à l’œuvre d’Helene Swynghedauw, illustratrice au grand cœur.


Elle aurait voulu être acrobate ; elle crée aujourd’hui des univers de papier où évoluent des modèles aux postures étranges, tout en finesse. Enfant de la balle, fille d’une danseuse, Helene Swynghedauw grandit comme ses quatre frères et sœurs dans un bain bouillonnant de disciplines artistiques : danse, claquettes, dessin... A 8 ans, elle est inscrite à un atelier de peinture. « Le professeur nous laissait libre de peindre sur des grandes feuilles collées au mur. Je dépassais toujours, il devait rajouter des feuilles et des feuilles, se souvient-elle. J’adorais copier les impressionnistes. » Mais c’est encore l’école du cirque d’Annie Fratellini qu’elle préfère : « le jonglage, le trapèze, mais surtout le fil. Etre une funambule, en équilibre instable. » Un univers qui la marque aussi par son ambiance de fête et ses couleurs flamboyantes, que l’on retrouvera plus tard dans ses créations. Artiste jusqu’au bout des doigts, c’est comme une évidence de s’inscrire aux Beaux-arts où elle passera cinq ans. Petite déception, face à un enseignement adepte du « débrouillez-vous ». Hélène y apprendra au moins à composer un tableau et à évaluer son travail. Savoir se juger soi-même, une qualité bien utile à l’heure de la création numérique et de ses possibilités infinies, pour « s’arrêter au bon moment » !
Après les Beaux-arts, s’ensuit une longue période de rupture. « Je n’avais pas confiance en moi. Je n’osais pas me lancer, vivre de mon art. » Helene Swynghedauw travaille en librairie, puis dans l’édition, comme iconographe et documentaliste. Des chemins de traverse qui ne lui font pas oublier ses premiers rêves. La frustration la tenaille. Direction l’école Estienne, pour une formation aux trois logiciels devenus entre temps des incontournables : XPress, Photoshop, Illustrator. « Photoshop a été une véritable révélation. Pourtant, j’étais vraiment réfractaire à l’informatique. Mais c’est un logiciel qui permet de conserver sa créativité. Ce n’est pas un outil de création mais d’exécution. D’ailleurs, je ne me sens pas infographiste. A chaque fois, j’ai l’impression de réaliser une toile. » De fait, Helene pratique le collage, « comme avant », à cette seule différence qu’elle n’a plus de la glu plein les doigts ! Dans son studio équipé d’un G4 et d’un Mac portable, elle crayonne, invente des motifs, coupe, photographie, scanne. Et tient surtout à ne jamais utiliser les textures formatées fournies dans Photoshop, pour conserver toute sa fraîcheur et sa spontanéité.
Le résultat ? Des collages à la fois joyeux et légers, qui flirtent parfois avec le symbolisme d’un Klimt ou le fauvisme d’un Matisse. Les couleurs sont vives, mais l’ambiance reste douce, les silhouettes graciles. Hélène semble piocher des morceaux de vies dans la rue, à une terrasse de café ou sur un banc public, pour les recomposer en un monde idéal empli de sérénité. Le thème de la femme y est omniprésent, des fillettes aux mamies, en passant par d’innombrables jeunes filles en fleur : « J’ai l’impression que je n’en aurai jamais fait le tour », assure l’artiste, qui revendique aussi une vocation de styliste contrariée : « Les tissus m’inspirent. J’adore habiller mes personnages ! » Le goût d’Helene pour l’enluminure, discipline dans laquelle elle a également reçu une formation, l’incite à soigner le détail. Passée de la grande toile au travail à la loupe, elle profite de ses collages pour y raconter une petite histoire, pas forcément accessible « en clair ». Des histoires où il est encore et toujours question d’équilibre instable entre vie réelle et vie rêvée.
Laurence Beauvais

Artmajeur

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