SùY4P4 (2022) Arts numériques par Gad

GAD est née en Alsace en 1979, d’une mère sculptrice et d’un père entrepreneur. De l’une, elle hérite le sens esthétique, cet art de la perception et du sensible, du questionnement et de la recherche de vérité, de l’autre elle acquiert une approche analytique et la passion de l’action, de la transformation.

Très vite elle s’oriente vers les métiers du design graphique et co-dirige une agence de communication spécialisée dans l’identité des marques. Elle est reconnue pour son talent à symboliser une idée en quelques lignes et couleurs assemblées en une évidente signification.

Elle se consacre alors à cette activité professionnelle et à l’éducation de ses filles, tandis que grandit avec ses dernières, l’urgence d’appeler à relever les défis actuels du féminin : l’identité, la présence et la transformation.

Les premières œuvres naissent à l’automne 2017. Trump entre à la Maison Blanche, #MeToo surgit dans l’espace public, les 1er essais nucléaires de la Corée du Nord. Autant d’événements qui rendent urgent le questionnement sur l’avenir du monde, de l’humanité : vers quel monde allons-nous ?  Quelle sera la place des femmes dans ce monde ? Quel sera leur rôle ? Porteuses de l’humanité, entendent-elles aujourd’hui l’urgence de se lever pour relever le monde ?

C’est dans ce contexte qu’émergent les œuvres de Gad. Le stylet quitte maquettes et brochures publicitaires pour s’aventurer dans un univers unique, à la frontière du jeu et du sérieux. Elles mêlent les symboliques joyeuses de la couleur et de la lumière à l’obscurité insondable des regards muets et des atmosphères pesantes ; réunissant, en un même tableau, un même espace, joie et effroi. L’outil numérique offre à cet art digital une palette infinie de couleurs, tons, textures, perspectives… pour nourrir avec justesse l’expérience insoutenable de cet entre-deux. Car ce n’est finalement que là, précisément, que peut s’installer un véritable face-à-face.

Dans chacune de ses séries, à chaque fois un face-à-face, l’interpellation, l’apostrophe, cette question qui n’attend pas de réponses… Les personnages de Gad n’attendent pas de paroles : elles enjoignent à l’action. Car à chaque fois, c’est une femme qui apparaît et vient provoquer de face le spectateur… 

D’ordinaires invisibles, dans un monde inégal, les femmes de Gad viennent à notre rencontre. Nouvelles Prométhée, issues de temps immémoriaux, elles affichent avec force les marques de leur puissance. Elles se dressent devant le spectateur, et dans cette verticalité vertigineuse, l’emportent, l’élèvent dans une transcendance que seul l’art peut ouvrir. 

L’expérience se vit comme une réponse à une injonction : lève-toi ! Le monde te regarde. Il te voit. Il te concerne ! Se faisant, ces icônes des temps modernes, mères, sœurs, amies ou conseillères, joyeuses et effrayantes, se rappellent à nous pour nous rappeler à notre liberté. Elles ne disent peut-être rien d’autre que : « Femme, ton temps est venu. Le monde t’attend… Il est temps d’être toi. »