Qu'est-ce qui vous a inspiré à créer de l'art et à devenir artiste ? (événements, sentiments, expériences...)
Le désir inné de dessiner puis de peindre ne m’a jamais enlevé l’impression que c’est quelque chose de naturel pour tout le monde. Pour ma part, bien que ne le poursuivant pas dans un but d’exposition, j’ai toujours nourri au fil du temps le dessin et diverses techniques de peinture. Suite à certaines circonstances qui m’ont permis de consacrer plus de temps à la peinture, j’ai suivi le chemin indiqué par les diverses occasions d’exposition qui se sont présentées à moi.
Quel est votre parcours artistique et quelles techniques et matériaux avez-vous expérimentés jusqu'à présent ?
Le dessin a toujours été pour moi la discipline fondamentale à respecter pour représenter ce que l’on souhaite exprimer. C’est pourquoi, bien que je n’aie jamais eu de mentors vivants, je me suis appuyé sur les grands maîtres du passé : d’abord en les copiant, puis en les imitant, et enfin en inventant ma propre approche. Je me suis surtout laissé guider par mon inclination naturelle pour la perspective, que j’ai affinée au cours de mes études d’ingénieur et de mes trois années d’enseignement de la matière dans des lycées techniques du soir. Les techniques que j’ai utilisées sont les classiques : fusain, encre, aquarelle, tempera et huile, pour finalement arriver au médium qui me semble le plus adapté : l’acrylique sur toile.
Quels sont les trois aspects qui vous différencient des autres artistes, rendant votre travail unique ?
Je peux répondre avec confiance car ces caractéristiques distinctives ont souvent été soulignées par les observateurs, et ce sont : les sujets, la vision en perspective et la couleur.
D'où vient votre inspiration ?
Je peins rarement à partir de demandes de sujets précis (les portraits étant une exception). Je suis plutôt des pistes thématiques qui me captivent de temps à autre, comme l’Afrique, la guerre ou tout simplement les gens et leurs comportements. C’est d’ailleurs ce dernier thème que je poursuis le plus actuellement, pleinement conscient que les collectionneurs se trouvent souvent étonnés, voire mal à l’aise, face à une image qui pourrait peut-être leur ressembler.
Quelle est votre démarche artistique ? Quelles visions, sensations ou émotions souhaitez-vous susciter chez le spectateur ?
Ma femme, qui soutient mon travail avec ferveur, dit que chaque image est habitée par une âme qui la cherche. Je le crois aussi. Le défi consiste à réussir à réunir ces âmes autour de l'image. Lorsque je crée une œuvre, je ne cherche pas délibérément à susciter des émotions particulières chez le spectateur. Ce qui me submerge et m'inquiète vraiment, peut-être égoïstement, c'est la peur de perdre du temps sur quelque chose qui ne me satisfait pas. En réalité, l'état émotionnel que le spectateur peut ressentir est quelque chose que je ressens moi-même en premier.
Quel est votre processus créatif ? Est-il spontané ou implique-t-il une longue phase préparatoire (technique, inspirée des classiques de l'art ou autre) ?
Les images se forment dans mon esprit en fonction des circonstances. Elles peuvent naître d'une série significative de sujets que j'esquisse et développe en un thème spécifique, ou simplement d'un geste - observé par hasard dans la rue - qui révèle l'état émotionnel du sujet. Je le traduis ensuite sur la toile, en adaptant l'image originale à la rigidité vierge de la toile.
Utilisez-vous une technique de travail particulière ? Si oui, pouvez-vous me l'expliquer ?
Je n'utilise que les techniques classiques nécessaires à la composition de l'œuvre. J'utilise également des couleurs soigneusement testées pour éviter les mauvaises surprises au fil du temps. Au fil des ans, j'ai été témoin d'altérations dévastatrices de couleurs, initialement choisies pour créer des effets spécifiques, mais qui se sont estompées avec le temps, privant l'œuvre de sa signification originelle.
Y a-t-il des aspects innovants dans votre travail ? Pouvez-vous nous en parler ?
J'ai réalisé que l'innovation dans mes peintures réside simplement dans le fait de créer des œuvres qui ne nécessitent pas de longues explications sur les motivations psychologiques ou existentielles qui les sous-tendent. Au contraire, elles encouragent les spectateurs à créer leurs propres histoires à partir des images, qui sont essentiellement des fragments de récits qui viennent inévitablement à l'esprit lorsqu'elles sont stimulées.
Avez-vous un format ou un support avec lequel vous vous sentez le plus à l'aise ? Si oui, pourquoi ?
Je me sens très à l'aise dans le travail à l'acrylique sur toile. Pour les pièces sur carton ou sur papier, j'utilise différentes techniques.
Où réalisez-vous vos œuvres ? Chez vous, dans un atelier partagé ou dans votre propre atelier ? Comment organisez-vous votre travail créatif dans cet espace ?
La taille de mes œuvres ne nécessite généralement pas de très grands espaces, bien que je sois équipé pour créer des pièces de grande envergure lorsque cela est nécessaire, pour lesquelles je dispose d'un espace dédié. Comme je partage mon temps entre deux villes, une partie d'une pièce de chaque maison suffit à la plupart de mes œuvres.
Votre travail vous amène-t-il à voyager pour rencontrer de nouveaux collectionneurs, à vous rendre sur des foires ou à participer à des expositions ? Si oui, qu'est-ce qui vous motive ?
J'ai beaucoup voyagé par le passé, non pas pour le plaisir, que je trouve ennuyeux et fatigant, mais pour le travail, notamment pour la peinture. Aujourd'hui, je suis plus sédentaire et je ne voyage que lorsque les circonstances l'exigent. Je me consacre enfin à la contemplation des plus beaux paysages qui existent : les gens, avec toutes leurs qualités et leurs défauts. Dans ces interactions, souvent liées à l'art, je visite fréquemment des musées, des expositions et des vernissages.
Comment envisagez-vous l’évolution de votre travail et de votre carrière artistique dans le futur ?
Je ne veux pas paraître dramatique, mais quel avenir peut-on prédire, sinon celui où la culture artistique sera davantage partagée avec la jeune génération, plutôt que d'être éclipsée ? Il y a quelques jours à peine, quelqu'un qui n'est pas totalement inexpérimenté prétendait que mes tableaux avaient été réalisés au traceur, des opinions biaisées par le progrès technologique. À ce rythme, les belles gravures suffiront et la peinture déclinera, tout comme la discipline du dessin a déjà été dégradée, bien qu'heureusement maintenue en vie par des dessinateurs de bande dessinée talentueux. Au-delà, je m'abstiens de prédire l'avenir, car je me suis toujours trompé.
Quel est le thème, le style ou la technique de votre dernier travail artistique ?
Mes dernières œuvres sont des toiles représentant des sujets humains dans leur quotidien, ainsi qu'une série de trente dessins sur carton de différentes tailles. Ces dessins, réalisés au stylo plume, représentent des paysages urbains interprétés à travers des perspectives multifocales.
Pouvez-vous nous parler de votre expérience d’exposition la plus marquante ?
J'ai participé à de nombreuses expositions, en Italie et à l'étranger, que je considère comme tout aussi importantes. Mais celle qui me rappelle le plus de souvenirs est celle de Milan à la "Bibliothèque Daverio", organisée par Philippe Daverio lui-même. C'était un homme charmant et cultivé, qui n'est malheureusement plus parmi nous, mais qui reste dans nos mémoires pour son humanité remarquable.
Si vous pouviez créer une œuvre célèbre de l'histoire de l'art, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?
J'éviterais la tâche ardue de choisir une seule œuvre parmi les milliers d'œuvres que j'admire parce que je n'arrive pas à me décider. Je me tournerais plutôt vers un artiste choisi au hasard parmi ceux qui ont orné les grottes de Lascaux. Ces individus primitifs mais très talentueux possédaient le génie de passer de la tridimensionnalité d'un animal vivant à une représentation bidimensionnelle sans le bénéfice d'un « arrière-plan » culturel s'étendant sur des milliers d'années.
Si vous pouviez inviter un artiste célèbre (vivant ou décédé) à dîner, qui serait-ce ? Comment proposeriez-vous de passer la soirée ?
J'inviterais l'artiste primitif susmentionné. Bien qu'il soit sans doute un peu indiscipliné à table, notre conversation, menée par gestes et sons, serait sans doute plus claire que certains écrits critiques que j'ai eu l'occasion de lire ici et là.