Points clés
Origines : Né en 1966 en Pologne, fortement influencé par le folklore et l’histoire de son pays.
Techniques : Sculpture sur bois (noyer, sycomore, thuya...), céramique, peinture.
Style : Formes exagérées, personnages expressifs, univers narratif et symbolique.
Thèmes : Mémoire collective, traditions, identité, humour, bestiaire imaginaire.
Né en 1966 à Andrychów, en Pologne, Alex Johanson est un artiste inclassable, à la fois peintre et sculpteur, dont le travail étonne, amuse, dérange parfois – mais ne laisse jamais indifférent. Nourri par les traditions populaires, le folklore polonais et une imagination débridée, il crée un monde visuel foisonnant, peuplé de personnages caricaturaux, de créatures hybrides et de scènes où l’étrange flirte avec le burlesque.
Ciawa nad wodą (2025), Alex Johanson, Sculpture - Bois, 143x40 cm
Un univers profondément enraciné dans la culture populaire
L’art d’Alex Johanson est indissociable de ses racines. Les paysages des Carpates, les figures légendaires des montagnes, les croyances ancestrales du peuple polonais irriguent ses œuvres, tant dans le choix des formes que dans l’intensité des couleurs. Ses sculptures – souvent en bois local, telles que le noyer, le thuya ou l’érable – sont polychromées, vivantes, expressives, presque animées. On y retrouve des femmes aux formes exagérées, des hommes en haut-de-forme, des personnages inspirés du Lajkonik, icône folklorique de Cracovie, mais aussi une étrange ménagerie de chats, de moutons, de cochons et de coqs anthropomorphes.
Loin du réalisme ou du formalisme, Johanson pratique une distorsion assumée du corps et des traits : nez surdimensionnés, yeux exorbités, cous de cygne, langues expressives… Chaque personnage devient un symbole, une figure de conte populaire revisité, un masque entre satire et tendresse.
Des œuvres à forte personnalité
Beskidzkie Drzewko Szczęścia (2025), Alex Johanson, Sculpture - Bois, 95x36 cm
Parmi ses créations récentes, “Ciawa nad wodą” (2025) interpelle par son format imposant (143 x 40 x 67 cm) et sa facture raffinée. Sculptée dans le noyer et le sycomore, l’œuvre met en scène une figure féminine charismatique qui semble porter, en silence, le poids d’une mémoire collective. Elle évoque l’histoire méconnue des Roms en Europe, entre mystère, errance et exil, et témoigne de la capacité de Johanson à aborder des sujets profonds à travers des formes puissamment expressives.
Dans le prolongement de cette approche symbolique, “Jeleń z Szewskiej II” (2025) propose une relecture singulière de l’imaginaire de la chasse et du sacré. Le cerf sculpté en thuya, à la fois animal totémique et figure quasi onirique, semble surgir d’un mythe ancien ou d’un conte transmis de génération en génération. Par son apparence fantasmagorique, il incarne cette tension propre au travail de Johanson entre le réel et le fabuleux, entre la tradition et la réinvention poétique.
Enfin, dans une veine plus intime, mais tout aussi symbolique, “Beskidzkie Drzewko Szczęścia” (2025) – littéralement “L’arbre du bonheur des Beskides” – condense en un format plus resserré (95 x 36 x 32 cm) la quintessence du regard de l’artiste. Sculpté dans un mélange de bois locaux (érable, aulne, noyer) et polychromé avec soin, cet arbre stylisé, riche en détails, s’apparente à un talisman populaire. Il évoque les croyances rurales, les rites de protection et la quête universelle du bonheur, avec une touche d’humour et une poésie visuelle propre à Johanson.
À travers ces trois œuvres, distinctes mais complémentaires, se dessine un univers cohérent, où le mythe, la mémoire et l’imaginaire populaire s’entrelacent pour donner naissance à un langage artistique profondément personnel.
Une signature forte, un regard unique
Jeleń z Szewskiej II (2025), Alex Johanson, Sculpture - Bois, 98x68 cm
Ce qui distingue Alex Johanson, c’est la cohérence et la singularité de son univers. À l’heure où tant d’artistes flirtent avec les tendances ou les effets de mode, Johanson creuse, inlassablement, le sillon de sa propre mythologie. Son art est à la fois local et universel, naïf et maîtrisé, ironique et émouvant.
Il parle à tous : aux amateurs de folklore revisité, aux passionnés d’art brut ou d’art singulier, aux curieux en quête de formes nouvelles. Ses œuvres, souvent uniques ou en très petites séries, trouvent naturellement leur place dans des collections privées, des intérieurs contemporains en quête d’âme, ou des galeries sensibles à l’art narratif et expressif.
Parce que son travail offre une voix différente dans le paysage artistique européen, à la croisée de la sculpture populaire, de la satire sociale et de l’exploration de l’identité culturelle. Il s’adresse autant au regard qu’à la mémoire.
Ses œuvres sont immédiatement reconnaissables – une qualité rare – et incarnent un style fort, identifiable à la première vision. Leur puissance émotionnelle, leur humour, leur enracinement dans la tradition et leur fabrication artisanale leur confèrent une valeur durable, aussi bien esthétique que patrimoniale.
En ces temps de standardisation, miser sur la différence d’un créateur comme Alex Johanson, c’est choisir une œuvre qui raconte une histoire, qui traverse le temps – et qui continue de dialoguer avec le spectateur, bien longtemps après l’avoir découverte.
FAQ
Quel est le style d’Alex Johanson ?
Son style oscille entre art singulier, art brut et sculpture expressionniste. Il distord les formes humaines et animales pour leur donner une puissance narrative et symbolique.
Quelles sont ses sources d’inspiration ?
Johanson s’inspire du folklore polonais, des croyances rurales, de l’histoire méconnue des peuples nomades comme les Roms, mais aussi de l’imaginaire populaire et des contes.
Quel est le sens des personnages aux traits exagérés ?
Les nez proéminents, les yeux démesurés ou les cous étirés ne relèvent pas de la caricature gratuite : ils incarnent des archétypes, des émotions amplifiées, ou des allusions culturelles. C’est une manière pour l’artiste de rendre visible l’invisible.
Pourquoi suivre de près son travail aujourd’hui ?
Parce qu’Alex Johanson développe un langage artistique cohérent, identifiable et sincère. Dans un monde de plus en plus standardisé, son œuvre apporte une voix différente, humaine, enracinée et pleine d’imaginaire.
Nicolas Sarazin
