Eric Lespinasse: pendant longtemps, j’ai gardé mes créations pour moi

Eric Lespinasse: pendant longtemps, j’ai gardé mes créations pour moi

Olimpia Gaia Martinelli | 16 déc. 2023 7 minutes de lecture 0 commentaires
 

Ma rencontre avec le milieu artistique a débuté très jeune. Mon frère, de dix ans mon aîné, photographe, avait besoin d’un modèle pour réaliser ses créations et dès mes 7 ans, il me faisait prendre des poses étranges et modifiait ses photos lors de ses développement argentique...

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer des œuvres d'art et à devenir un artiste ? (événements, sentiments, expériences...)

Ma rencontre avec le milieu artistique a débuté très jeune. Mon frère, de dix ans mon aîné, photographe, avait besoin d’un modèle pour réaliser ses créations et dès mes 7 ans, il me faisait prendre des poses étranges et modifiait ses photos lors de ses développement argentique. J’ai alors baigné dans sa technique qui a beaucoup plus révélé mon âme d’artiste que de modèle 😉. J’ai acquis toutes les bases techniques auprès de lui et dès l’adolescence j’ai débuté mes premières créations photographiques significatives.

Quel est votre parcours artistique, les techniques et les sujets que vous avez expérimentés à ce jour ?

Pendant longtemps, j’ai gardé mes créations pour moi, par pudeur uniquement. D’abord photographe d’architecture, j’ai eu besoin de me rapprocher de l’humain. Saisir ces instants d’émotions, animé par le besoin de figer ces instants magiques du quotidien, capturer ce que tout le monde vois sans vraiment les voir…  J’ai donc oeuvré comme photographe de rue pendant deux décennies avant d’avoir le cran de travailler avec de vrais modèles. Mais mon choix c’est uniquement porté sur des écorchés vifs, des personnes marquées par la vie afin de capter les messages et les sentiments que je voyais en eux, dans leur regards.

C’est à la même époque que j’ai intégré le café photo de Marseille. Où j’ai pu pour la première fois montrer mon travail, échanger avec d’autres professionnels et amateurs. Tous ont eu énormément d’importance dans mon cheminement créatif, dans mon perfectionnement et mon développement personnel. Ils m’ont apporté ma première reconnaissance par mes pères ce qui m’a apporté la première brique de mon développement artistique.

J’ai alors commencé a développer également des créations en peinture numérique en utilisant le même processus créatif tout en permettant de compléter un pan que je ne pouvais réaliser directement en photographie. Si je devais faire une métaphore pour vous aider à comprendre, la photographie serais ma main droite et la peinture numérique ma main gauche. Indissociable de qui je suis et totalement complémentaire, me permettant enfin de m’exprimer pleinement en globalité.

Quels sont les 3 aspects qui vous différencient des autres artistes, rendant votre travail unique ?

Tous les professionnels du milieu m’ont donné sensiblement les mêmes conseils. Pour réussir, il faut te spécialisé dans un domaine, trouver ta niche, avoir ta propre signature. Dans le cas contraire, tu n’auras jamais la moindre reconnaissance…

Moi, j’ai choisi de ne pas faire de choix. Ma seule motivation est créative, mon inspiration est émotionnelle et poétique. Je ne cours pas après la gloire ou la reconnaissance, mais après les ressentis, les émotions et la beauté qu’il y a en chacun de nous et dans tout ce qui nous entoure.

Il n’y a rien de plus ennuyeux et décevant qu’une photo ou une œuvre qui ne transmet pas la moindre émotion chez le spectateur.

D'où vient votre inspiration ?

Mon inspiration est donc multiple et simple à la fois… il faut que mon sujet, quel qu’il soit, raisonne en moi. Je ne sais et ne veux jamais tricher en ce sens. Je ne ferais que perdre mon intégrité sans cela.

Quelle est votre démarche artistique ? Quelles visions, sensations ou sentiments voulez-vous évoquer chez le spectateur ?

Mon but est de montrer à travers mes créations, quelque soit le domaine ou le sujet, l’amour en chacun de nous, nos souffrances, notre poésie, notre beauté !

Nous vivons dans un monde qui file à mille à l’heure, où l’on ne connaît plus ses voisins, où l’on ne regarde pas les autres, très individualistes et autocentré. Où nous avons peur de nos différences, nous renfermant un peu plus chaque jour sur nous même…

Mais au fond, ne sommes nous pas tous pareils ? Ne vivons nous pas dans un environnement magique et merveilleux ?

Prenez le temps de vous plonger et de vous imprégner dans mes créations. Voyez si vous ne percevez pas cette beauté universelle, cette bonté qui est là bien présente !

Si vous y plongez sincèrement et sans aucun apriori, alors vous devriez le voir. Développer la tolérance, l’empathie, l’amour et le respect.

Quel est le processus de création de vos œuvres ? Spontané ou avec un long processus préparatoire (technique, inspiration des classiques de l'art  ou autre)?

Un peu tout cela au file du temps. Je travail tout autant sur des projets de longue haleine que sur des projets plus intuitifs et spontanés.

Par exemple, pour l’ensemble de mes photos parisienne, je marche et déambule énormément en ville, à la recherche de la bonne composition, tout en me laissant surprendre par l’inattendu et l’opportunité de la présence d’une simple flaque… 

Utilisez-vous une technique de travail particulière ? si oui, pouvez-vous l'expliquer ?

Je n’ai pas vraiment de technique particulière, mais j’affectionne tout particulièrement la pose longue, de jour comme de nuit. Le rendu est souvent bluffant pour le spectateur, mais au delà de ça, cela amène une dimension supplémentaire au regard sur notre monde.

Y a-t-il des aspects novateurs dans votre travail ? Pouvez-vous nous dire lesquels ?

Je pense que l’aspect novateur dans mon travail est sa diversité, ce qui en fait sa richesse et me permets de n’avoir absolument aucune limite ni interdit si ce n’est celles et ceux que je m’impose.

Ma vision, mon vécu, mes valeurs doivent se retrouver dans mon travail.

Avez-vous un format ou un support avec lequel vous êtes le plus à l'aise ? si oui, pourquoi ?

Chaque format ou support est décidé au moment même de la genèse du processus créatif, c’est une évidence qui apparaît en moi, je prévisualise l’œuvre finale avant même de la créer à proprement parlé.

Où produisez-vous vos œuvres ? A la maison, dans un atelier partagé ou dans votre propre atelier? Et dans cet espace, comment organisez-vous votre travail de création?

Concernant la photographie, c’est majoritairement en extérieur, quelque soit la météo ou l’horaire, et plus rarement dans mon studio aménagé dans mon logement. Le post traitement bien entendu est réalisé dans mon studio, tout comme toutes mes peintures numériques.

Beaucoup de mes œuvres y sont stockées physiquement, prêtes à rejoindre les murs de mes clients.

Dans cette attente, leurs présences m’emmènent à la fois de l’inspiration et me rassure. De la même manière je pense qu’un architecte s’entoure de ses maquettes ou lithographies de ses projets passés.

Votre travail vous amène-t-il à voyager afin de rencontrer de nouveaux collectionneurs, pour des salons ou des expositions ? Si oui, que cela vous apporte-t-il ?

Lorsque je voyage dans un but créatif, j’ai besoin de voyager seul. On ne peut pas imposer des heures d’errance à nos proches aussi compréhensifs soient-ils.

Et puis les rencontres ne sont pas les mêmes, il est beaucoup plus facile d’aborder des gens dans la rue en étant seul que toute une famille qui tombe sur un inconnu.

C’est notamment lors de ses échanges, que l’on prend conscience que quelque soit nos différences, de quelque nature que ce soit, nous sommes tous pareils au fond… Nous vivons les mêmes émotions, les mêmes craintes, les mêmes sentiments, et que nous vivons finalement tous sur une seule et même planète sans frontières imaginaires…

Comment imaginez-vous l'évolution de votre travail et de votre carrière d'artiste dans le futur ?

Je pense toujours garder mon fil conducteur poétique et humaniste.

La mise en avant de la beauté universelle, car nous sommes tous beaux. La beauté n’est pas que physique fort heureusement.

Quel est le thème, le style ou la technique de votre dernière production artistique ?

J’ai tendance à travailler sur plusieurs projets artistiques simultanément, que ce soit en photographie ou en peinture numérique, pouvant ainsi passer de l’un à l’autre tout en avançant et laisser mûrir et évoluer certaines autres idées et rendus.

Actuellement, mon projet le plus proche de son terme est une série photographique sur les nuits parisiennes.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience d'exposition la plus importante ?

Sans hésiter, un travail réalisé pour le compte de l’association « Mélissa l’Union de Tous » qui œuvre en faveur de l’inclusion des personnes avec autisme. Le but étant d’avoir une approche novatrice en mettant à l’honneur les parents d’enfants avec autisme et révéler leur personnalité de super héros du quotidien. [GLORIOUS HEROES]

Au delà de l’exposition, les rencontres avec la présidente de l’association, les familles, les visiteurs, m’ont profondément bouleversé et ému.

Si vous aviez pu créer une œuvre célèbre dans l'histoire de l'art, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?

Ce n’est pas une photographie mais ce serais certainement « La montre molle » de M. Salvador Dali.

symbolisant cette bataille que nous livrons tous contre le temps tout en faisant une référence subtile à la théorie de la relativité de M. Albert Einstein.

Si vous pouviez inviter un artiste célèbre (mort ou vif) à dîner, qui serait-ce ? Comment lui proposeriez-vous de passer la soirée ?

Question difficile… Bien que j’aimerais beaucoup échanger de vive voix avec M. Victor Hugo autour d’un bon dîner dans un restaurant intimiste parisien, pour qu’il me raconte avec passion ses sentiments amoureux, je pense que je choisirais M. Irving Penn pour l’ensemble de son œuvre bien entendu, mais pour avoir réussi à sublimer et réinventer les natures mortes… Je pense que pour le lieu, un pique nique dans un champ de coquelicots s’impose naturellement.






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