Ambre Kalène, on ne devient pas artiste, on l’est ou on ne l’est pas

Ambre Kalène, on ne devient pas artiste, on l’est ou on ne l’est pas

Olimpia Gaia Martinelli | 2 sept. 2023 6 minutes de lecture 0 commentaires
 

"Je pense qu’on ne devient pas artiste, on l’est ou on ne l’est pas. Ensuite, les circonstances de la vie vous donnent, ou pas, la liberté de créer des œuvres à exposer. Je dessine depuis toujours."

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer des œuvres d'art et à devenir une artiste ? (événements, sentiments, expériences...)

Je pense qu’on ne devient pas artiste, on l’est ou on ne l’est pas. Ensuite, les circonstances de la vie vous donnent, ou pas, la liberté de créer des œuvres à exposer. Je dessine depuis toujours. J’ai osé commencer à peindre en 1985. Pour payer mes études, j’étais nounou dans une famille où la mère était peintre. C’est elle qui m’a encouragé à me lancer avec ce médium que je ne connaissais pas, et qui m’effrayait un peu.

Quel est votre parcours artistique, les techniques et les sujets que vous avez expérimentés à ce jour ?

J’ai commencé par l’aquarelle, d’abord des aquarelles très figuratives de Lyon. Pendant ma grossesse, j’ai préparé ma première exposition en galerie, à la Galerie Trinité. Lors de mon tout premier vernissage, je portais mon fils Julien, dans un kangourou ventral. Il n’avait que 15 jours.

Ensuite, j’ai décidé de détremper le papier au maximum et de le fixer sur une paque de verre, pour réaliser des œuvres très brumeuses, en aquarelle et à l’encre. C’était de grandes feuilles, format raisin, que je plongeais dans la baignoire familiale, avant d’intervenir dessus avec de l’encre de Chine et/ou de l’aquarelle.

Puis s’en est suivi une grande période pendant laquelle j’ai alterné des portraits figuratifs à l’acrylique, et des pastel non-figuratifs que j’ai exposés en Suisse et dans l’Hérault.

J’ai beaucoup déménagé, et ma carrière en a souffert, mais j’ai toujours peint.

Quels sont les 3 aspects qui vous différencient des autres artistes, rendant votre travail unique ?

- Je ne cherche pas à m’inspirer d’un autre artiste. Je peins comme je suis.

- Mon art actuel est totalement consacré à l’art écologique. Je pense que ceux qui y sont également sensibles peuvent adhérer à mon message.

- Mes œuvres sont un travail très personnel sur l’inconscient, et pour cela j’affiche sur un même plan ce qui nuit (monochrome), le risque, et ce qu’il faut protéger (très coloré). Ce que nous sommes en train de perdre.

D'où vient votre inspiration ?

De la Terre, de la Nature, de la peur de tout perdre. Peur de perdre tout ce qui fait la beauté unique de notre planète, et de ce que nous aimons partager.

Quelle est votre démarche artistique ? Quelles visions, sensations ou sentiments voulez-vous évoquer chez le spectateur ?

Je voudrais ouvrir les yeux de mes contemporains, avant qu’il ne soit trop tard.

On entend depuis des décennies, des informations sur le réchauffement climatique ou la disparition de telle ou de telle autre espèce animal. On nous parle de quelques degrés. Tout cela est bien trop abstrait.

Chacune, coincé dans sa vie, dans sa bulle, devant face à ses obligations, parfois pour simplement survivre, ne se rend pas compte de ce qu’il perd, de ce qu’il va perdre de façon irrémédiable, pour lui et pour ses enfants.

En focalisant l’attention sur une petite parcelle de ce qui est en train de disparaître, je veux ramener la Grande Histoire de cette Fin annoncée, à des exemples concrets qui, je le pense, permettent de mieux appréhender les enjeux pour chacun.

Quel est le processus de création de vos œuvres ? Spontané ou avec un long processus préparatoire (technique, inspiration des classiques de l'art ou autre) ?

Mes tableaux sont très réfléchis. Je veux trouver le bon message qui fera son chemin dans l’inconscient de celui qui regarde. Je dois bien choisir sans heurter pour qu’il ne détourne pas le regard. Faute de quoi mon message ne pourrait pas l’imprégner.

Utilisez-vous une technique de travail particulière ? si oui, pouvez-vous l'expliquer ?

Actuellement je favorise surtout l’huile et le pastel, mais je ne me limite pas. Je veux explorer d’autres techniques, toujours dans mon style personnel et avec le même message.

Y a-t-il des aspects novateurs dans votre travail ? Pouvez-vous nous dire lesquels ?

Je ne sais pas répondre à cette question.

Si « novateur » veut dire « très personnel », c’est le cas. Je ne cherche pas à copier un style. C’est juste le mien.

Avez-vous un format ou un support avec lequel vous êtes le plus à l'aise ? si oui, pourquoi ?

Non, pas de format spécifique, même si je préfère les grands formats, au minimum le format raisin.

Où produisez-vous vos œuvres ? A la maison, dans un atelier partagé ou dans votre propre atelier ? Et dans cet espace, comment organisez-vous votre travail de création ?

Dans mon propre atelier. Je suis suissesse, je suis très organisée.

Votre travail vous amène-t-il à voyager afin de rencontrer de nouveaux collectionneurs, pour des salons ou des expositions ? Si oui, que cela vous apporte-t-il ?

Je n’aime pas « voyager ».

Et puis je suis une gitane, manouche par ma mère. Même si on les appelle « gens du voyage », ce n’est pas le cas. Les gitans ne « voyagent pas », au sens « gadjo » (non gitan). 

Un gitan ne descend pas à l’hôtel ou dans une location de vacances. On déménage avec toutes nos affaires et notre famille. Et ça je l’ai vraiment beaucoup fait ce qui a d’ailleurs nuit à ma carrière artistique.

Quant à rencontrer des gens dans de grandes foires internationales, comme lors d’expositions plus modestes. Quand il faut le faire, je le fais, mais c’est vraiment une épreuve. Lorsque je m’éloigne de mon atelier, j’ai toujours cette impression de déchirement, de vide qui est difficile à vivre.

Comment imaginez-vous l'évolution de votre travail et de votre carrière d'artiste dans le futur ?

80 % de mon temps à créer, à peindre. 10% à cultiver mon jardin. 10% à continuer à m’émerveiller devant la Nature.

Quel est le thème, le style ou la technique de votre dernière production artistique ?

Je suis toujours sur l’huile. J’aime la lumière qu’elle porte. Mais, j’ai envie de m’essayer à la céramique, à la photo, à la sérigraphie… A suivre.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience d'exposition la plus importante ?

J’ai beaucoup aimé la période avec le Carrefour des Arts (Hérault-France). On était un groupe d’artistes passionnés. Nous dispositions d’un lieu incroyable pour exposer. On innovait, on y croyait. C’était une belle émulation.

Si vous aviez pu créer une œuvre célèbre dans l'histoire de l'art, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?

Impossible de répondre, il y en a tant.

Si vous pouviez inviter un artiste célèbre (mort ou vif) à dîner, qui serait-ce ? Comment lui proposeriez-vous de passer la soirée ?

Banksy. Sa technique et son humour me plaisent. 

Léonard de Vinci avec qui je pourrais parler autant de peinture que d’anatomie ou d’innovations.

Modigliani, même si j’ai peur de ne pas pouvoir suivre son amour du vin. Je ne bois que de l’eau et du thé.

Caillebotte pour sa lumière et son audace à montrer le quotidien.

Rosa Bonheur, à qui je piquerais bien quelques conseils pour le traitement de la fourrure.

Turner pour ses ciels.

Etc.



 

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