Portraits de célébrités
Depuis l'Antiquité, l'art a toujours immortalisé des personnalités éminentes qui, à l'origine, appartenaient principalement au monde de la politique, comme les pharaons égyptiens, les empereurs romains et byzantins, puis les rois, les papes et les hommes politiques de la Renaissance, du XVIIe, du XIXe et du XXe siècle. Ce n'est qu'à partir des années 1950, grâce au travail novateur d'Andy Warhol, considéré comme le plus grand représentant du Pop Art américain, que les catégories précédentes ont été rejointes par celles des personnalités du show-business, devenues les porte-parole iconiques d'une société désormais totalement marquée par l'avènement de la consommation.
Thoutmosis, Buste de Néfertiti, vers 1345 avant J.-C. Pierre calcaire et stucco 50 x 30 cm. Berlin : Neues Museum.
Statue équestre de Marcus Aurelius, 176 ou 180 après J.-C. Bronze doré, 400 x 230 x 410 cm. Rome : Piazza del Campidoglio.
Piero della Francesca, Double portrait des ducs d'Urbino, 1467-1472. Huile sur panneau, 47 × 66 cm. Florence : Galerie des Offices.
Raphaël, Portrait de Jules II, 1511. Huile sur panneau, 108,7 × 80 cm. Londres : National Gallery.
Hyacinthe Rigaud, Portrait de Louis XIV, 1701. Huile sur toile, 277 × 194 cm. Paris : Musée du Louvre.
Andy Warhol, Green Marilyn, 1962. Acrylique et encre sérigraphique sur lin, 50,8 x 40,6 cm. Washington : National Gallery of Art. @todayisartday
Andy Warhol, Mao, 1973. Acrylique et encre sérigraphiée sur lin, 127,3 × 107,6 cm . Washington : National Gallery of Art. @todayisartday
Jacques-Louis David, Bonaparte franchissant le Grand Saint Bernard, 1800-1803. Huile sur toile, 260×221 cm. Versailles : Musée du château de Versailles.
Jacques-Louis David : Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard
Le célèbre tableau de Jacques-Louis David, l'un des plus importants peintres du néoclassicisme français, immortalise le Premier Consul, Napoléon Bonaparte, au col du Grand Saint-Bernard, avec une référence claire à la représentation des empereurs classiques. Le dynamisme novateur de la toile s'éloigne toutefois fortement de la tradition susmentionnée des portraits équestres, ce qui rapproche le chef-d'œuvre de la passion, de la tension et de l'effervescence des œuvres romantiques. En outre, ce tableau a été conçu comme une véritable œuvre de propagande, que le Premier Consul a personnellement commandée à l'artiste afin de créer un grandiose portrait impérial officiel. En fait, il existe cinq versions de ce même sujet, qui sont conservées dans des lieux différents : une au château de Charlottenburg à Berlin, deux au château de Versailles, une dans la collection de la Österreichische Galerie Belvedere et la cinquième au Musée national du château de Malmaison. Outre la pose, l'expression de la confiance, de la détermination et de la capacité à gérer les événements avec laquelle Napoléon a été immortalisé témoigne de l'intention de célébration susmentionnée du chef-d'œuvre. En outre, à l'intérieur de la célèbre toile, le nom du Premier Consul apparaît également "gravé" sur un rocher, avec celui d'autres figures emblématiques de notre histoire, comme Hannibal et Charlemagne, dans le but de conférer une gloire éternelle au grand dirigeant français. Enfin, pour célébrer davantage la figure de Napoléon, les soldats peints à l'arrière-plan de l'œuvre sont beaucoup plus petits, plus fragiles et plus vulnérables que le majestueux et déifié Premier Consul.
Diego Velásquez, Portrait du pape Innocent X, 1650. Huile sur toile, 140 × 120 cm. Galerie Rome Doria Pamphilj.
Diego Velásquez : Portrait du pape Innocent X
Le chef-d'œuvre de Diego Velásquez, l'un des peintres les plus représentatifs de l'ère baroque, a immortalisé les traits du pape Innocent X, ou Giovanni Battista Pamphili, un homme marqué par un caractère difficile et réservé, qui a été bien exprimé par le rendu psychologique soigné du maître espagnol. Dans le tableau, Innocent X, qui fait face à la droite, est représenté assis dans un précieux fauteuil pontifical, posant ses mains sur les bras et regardant résolument le spectateur. Cette expression intense est soulignée par le froncement de ses sourcils, ses lèvres fermement serrées et sa posture, qui respire la confiance et l'assurance. En termes de couleurs, l'œuvre est dominée par la couleur rouge, qui est utilisée dans toutes ses nuances. L'espace du portrait se limite à encadrer la figure du Pontife et le dossier de son fauteuil, qui sont mis en valeur par l'utilisation habile de la lumière. Il convient de noter que la perspective avec laquelle le pontife a été immortalisé, la présence de la chaise précieuse et la technique de peinture soignée de cet important chef-d'œuvre rappellent fortement le Portrait de Jules II, daté de 1511, du grand maître italien Raphaël. Enfin, il convient de souligner le vif intérêt de Francis Bacon pour l'iconique Innocent X de Velásquez, au point qu'il l'a reproduit dans quelque quarante-cinq interprétations très originales dans le cadre de la série dite des Papes hurlants.
Andy Warhol photographié avec deux versions du Portrait de Liz Taylor, la quelle avec le fond violet et le fond vert. @popartrium
Andy Warhol : Portrait de Liz Taylor sur fond vert
Les œuvres les plus célèbres d'Andy Warhol se caractérisent par la sérialité avec laquelle il dépeint les objets et les personnages de la société de consommation qui sont devenus des symboles de l'American way of life. Ces œuvres, produites mécaniquement à l'aide de la technique de la sérigraphie, se voulaient une allusion aux campagnes publicitaires et à l'aliénation de la société industrielle. L'intention de ce type de production artistique n'était cependant pas de critiquer, mais simplement d'enregistrer, de manière froide et détachée, la réalité d'une époque. Quant au portrait sérigraphié de Liz Taylor, celui-ci, produit en différentes couleurs, n'est pas un véritable portrait, mais une reproduction de l'image publique de la diva. Liz Taylor sur fond vert se caractérise par des couleurs fortes qui font ressortir les traits de l'actrice et lui confèrent une certaine intensité dramatique. Le vert fait également ressortir le noir des cheveux de la diva et de certains traits comme ses paupières et ses yeux. Deux autres couleurs qui ressortent fortement de la sérigraphie sont le rouge intense des lèvres et le sarcelle de l'ombre à paupières. Enfin, la lumière forte et directe de l'œuvre crée des ombres intenses sur le profil gauche du sujet, notamment au niveau du nez, de la bouche et des yeux.
Le Closier, Napoléon sur Baloon dog, 2020. Acrylique et peinture en spray sur toile, 101,6 x 76,2 cm.
Le Closier : Napoléon sur Baloon dog
À l'instar des plus grands artistes de tous les temps, les artistes d'Artmajeur se sont consacrés à l'immortalisation de personnages célèbres, parfois de manière totalement innovante et, en d'autres occasions, en réinterprétant avec originalité des tableaux emblématiques. Un exemple en est le remake très particulier du tableau de Jacques-Louis David, Bonaparte franchissant le Grand Saint-Bernard, par Le Closier, dans lequel, avec de nombreuses variations, le thème d'actualité abordé par le maître français a été reproposé. En effet, contrairement au célèbre chef-d'œuvre, les protagonistes du tableau de l'artiste d'Artmajeur ont été représentés à l'aide d'une technique de peinture similaire à celle de la bande dessinée pop. De plus, Napoléon sur le Baloon dog, privé du fond figuratif de l'original, a perdu son contexte historique, se retrouvant dans un nouvel espace-temps indéfini et éternel. En outre, le cheval du Closier a pris l'apparence du Baloon dog de Jeff Koons, même si, contrairement à ce dernier, il n'a pas été réalisé dans le monochrome réfléchissant typique. Enfin, un autre trait distinctif indispensable de l'œuvre de l'artiste Artmajeur est l'ironie qui remplace le sérieux du chef-d'œuvre de propagande de Jacques-Louis David.
Juan Chamizo, Innocent X, 2021. Acrylique sur toile, 100x80 cm.
Juan Chamizo: Innocent X
L'œuvre de l'artiste d'Artmajeur Juan Chamizo est un hommage très personnel à l'emblématique Portrait du Pape Innocent X de Diego Velásquez, qui est reproposé avec une technique picturale innovante, complexe et précise, à travers laquelle la couleur est distribuée sur le support de manière corsée et originale, mais non uniforme, à tel point que les surfaces lisses s'opposent aux couches de peinture plus épaisses. En ce qui concerne le cadrage, la toile de Chamizo, contrairement à celle du maître espagnol, présente le sujet principal en demi-longueur, perdant les précieux détails de la chaise et des mains, dans l'intention d'étudier plus précisément la psychologie du protagoniste. En fait, l'œuvre de l'artiste d'Artmajeur se distingue également par sa grande capacité à transmettre les sentiments de l'effigie, dont le regard intense semble presque réel.
Liza Wheeler, Elizabeth Taylor en Cléopâtre, 2013. Mosaïque, 23,5 x 18,5 x 3 cm.
Liza Wheeler : Elizabeth Taylor en Cléopâtre
La mosaïque de l'artiste Artmajeur, Liza Wheeler, représente, comme la sérigraphie d'Andy Warhol datant d'environ 1963, le visage iconique et bidimensionnel de l'actrice Liz Taylor qui, se détachant sur un fond de couleur uniforme, peut être immédiatement déchiffré par le spectateur. Mais à la différence du chef-d'œuvre de l'artiste américain, l'originalité, la difficulté et l'extrême habileté manuelle qui caractérisent la technique de la mosaïque, génèrent une œuvre innovante et très personnelle, visant probablement à s'éloigner de la production en série avec laquelle de nombreux chefs-d'œuvre pop ont été réalisés, afin de promouvoir un retour à la création d'œuvres d'art uniques et non reproductibles, capables de montrer l'inspiration et le génie de ceux qui les ont créées. Enfin, d'autres différences entre la mosaïque de l'artiste d'Artmajer et la sérigraphie susmentionnée concernent la manière d'exécuter le sujet, puisque Liz Taylor, immortalisée de manière innovante sous les traits de Cléopâtre, se caractérise par des couleurs raffinées et des nuances réalistes, totalement opposées aux vastes fonds monochromes des œuvres d'Andy Warhol.
Olimpia Gaia Martinelli
