Mona Lisa : le mystère continue dans l'art contemporain

Tony Rubino, Le portrait de Mona Lisa par Leonardo da Vinci del Giocondo Graff, 2022. Acrylique / lithographie sur toile, 61 x 40,6 cm.

Leonardo da Vinci: Mona Lisa 

Le portrait de Mona Lisa, également connu sous le nom de Joconde, est un chef-d'œuvre de l'histoire de l'art pour le moins inévitable. Il a été peint par le grand maître Léonard de Vinci entre 1503 et 1505 environ et est conservé au musée du Louvre à Paris. Dans le tableau, la femme au premier plan est assise, tournée vers la gauche, les mains élégamment jointes et reposant sur un accoudoir, le visage positionné de face et le regard dirigé vers l'observateur. Cette figure se détache du paysage derrière elle, qui, distant et moins défini, est réalisé grâce à l'utilisation de la perspective aérienne et du sfumato, brillantes innovations techniques apportées par le maître italien au monde de l'art. Afin d'harmoniser cette composition, Léonard a également légèrement estompé les contours du protagoniste de l'œuvre, créant ainsi une atmosphère de contrastes doux. Enfin, bien que ces innovations aient certainement contribué à la grande popularité du tableau, il existe de nombreuses autres raisons du succès de la Joconde qui méritent d'être explorées.

Marc-Ariel Bizeray De La Michellerie (MABDLM), La Joconde, 2020. Peinture numérique sur toile, 100 x 70 cm. 

Marco Battaglini, Oublier les règles, 2017. Peinture / aérographe sur toile. 85 x 60 cm. 

Mona lisa: les raisons de son grand succès

La Joconde, accrochée derrière une vitre blindée dans l'une des salles du Musée du Louvre, est l'icône incontestée de cette institution et l'une des principales raisons de sa fréquentation. Cependant, vu de près, il peut aussi sembler, simplement et banalement, être le petit portrait d'une femme ordinaire, modestement vêtue de vêtements sombres du XVIe siècle. En fait, la grande popularité de la Mona Lisa n'est pas seulement due à des raisons purement techniques, stylistiques et esthétiques, mais aussi à des caractéristiques, des circonstances et des événements spécifiques. Tout d'abord, le tableau se distingue fortement par le regard et l'expression de l'effigie, qui est capturée dans un sourire inoubliable, énigmatique et ambigu. Cette attitude mystérieuse s'accompagne également d'une autre question controversée, à savoir, qui serait la femme que Léonard voulait immortaliser ? Si l'on se réfère à l'important témoignage de Giorgio Vasari (1511-1574), la Joconde pourrait être Lisa Gherardini, l'épouse de Francesco Giocondo, un riche marchand florentin qui a commandé l'œuvre. Cependant, Léonard n'a jamais livré le chef-d'œuvre à ce dernier, qui a ensuite été acquis par le roi de France François Ier. De plus, cette œuvre mystérieuse est certainement aussi célèbre grâce à la popularité du "contenant" qui l'abrite, à savoir la grandiose institution qu'est le musée du Louvre. En outre, le fait que le tableau ait fait partie de la collection royale française et ait été placé, pendant une courte période, dans la chambre à coucher de Napoléon, ne sont pas des faits anodins. À cela s'ajoutent la célébrité de Léonard de Vinci, consacré au XIXe siècle comme un génie incontesté, et les vicissitudes liées au vol de la Joconde, devenu en 1911 un événement médiatique sans précédent. En effet, après le vol, la Mona Lisa a certainement accru sa célébrité, même si, avec la Première Guerre mondiale, cette grande attention s'est vite estompée. Par la suite, le chef-d'œuvre est revenu sur le devant de la scène grâce au "remake" de Duchamp en 1919, qui a lancé une série de remakes célèbres qui ont rendu l'œuvre iconique. En effet, après le maître français, d'autres grands artistes ont également donné leur interprétation personnelle de la peinture de Léonard, comme Andy Warhol, Basquiat, Botero et même l'artiste de rue plus contemporain, Bansky. En conclusion, le succès de La Joconde réside dans un ensemble de facteurs stylistiques, techniques, historiques, médiatiques et historico-artistiques, qui ont conféré à l'œuvre le statut d'icône immortelle.

Pookky (Francky Art), Mona trop pop, 2017. Acrylique / spray / encre / laque / marqueur / collage sur toile, 116 x 73 cm. 

Jamie Lee, Mona Lisa, 2020. Acrylique sur toile, 80 x 60 cm.

Mona Lisa: interprétations contemporaines

Jamie Lee: Mona Lisa

À l'instar des plus grands maîtres, les artistes d'Artmajeur ont voulu réinterpréter La Joconde de Léonard de Vinci, en explorant ce sujet de différentes manières, en se référant parfois à des éléments stylistiques dérivés de mouvements artistiques particuliers, en utilisant à d'autres occasions une ironie mordante, ou en actualisant le chef-d'œuvre, c'est-à-dire en le transformant en un manifeste de l'époque contemporaine. La première de ces intentions a été poursuivie par l'expérimentation artistique de Jamie Lee, qui s'est attaquée à la Mona Lisa en faisant explicitement référence à la bande dessinée Pop Art de Roy Lichtenstein. Au sein de ce dernier mouvement artistique, cependant, c'est Andy Warhol qui a réinterprété la Joconde, produisant plusieurs versions au début des années 1960, dont Thirty are better then one de 1963-64. Dans le travail de Warhol, cependant, la reproduction en série du sujet, qui vise à faire allusion à la société de consommation, conduit inexorablement à la perte du caractère unique et "sacré" de l'œuvre d'art. Ceci est bien différent de l'intention de Lee de rendre hommage au chef-d'œuvre italien en créant une nouvelle œuvre unique et emblématique, qui se distingue par un rendu soigné et raffiné des formes, des volumes et des couleurs.

Bogdan Botofei, Liberté #1, 2021. Art numérique, différents formats disponibles.

Bogdan Botofei: Liberté #1

En ce qui concerne les interprétations les plus ironiques et irrévérencieuses de La Joconde, le courage d'oser distingue l'œuvre de l'artiste d'Artmajeur, Botofei, intitulée Liberté #1, où, à une nouvelle et monstrueuse Mona Lisa, s'ajoutent des visions surréalistes, mêlées à des détails du monde contemporain, probablement dans l'intention de faire allusion aux maux, aux vices, à l'agressivité et aux bizarreries de notre époque. Ce type d'investigation artistique provocatrice et critique, réalisée à l'aide de techniques numériques contemporaines, est très proche de la tentative de dénonciation d'une autre Joconde, la moustachue de Marcel Duchamp. En effet, le chef-d'œuvre français, accompagné de l'inscription "L.H.O.O.Q.", ou "elle a chaud au cul", voulait transformer symboliquement La Joconde en une sorte de "prostituée" malveillante, afin de dénoncer la marchandisation des arts et la passivation du public qui en découle.

Gilles Papineau, Mona Lisa, 2018. Art numérique, différents formats disponibles.

Gilles Papineau: Mona Lisa

Quant aux artistes d'Artmajeur qui ont voulu reproduire l'œuvre du génie italien de manière plus "classique" et "fidèle", tout en se référant aux techniques et au goût artistiques contemporains, nous pouvons prendre l'exemple de la Mona Lisa de Gilles Papineau. En fait, cette Joconde, créée grâce à l'utilisation de la peinture numérique moderne, est une version très contemporaine du chef-d'œuvre de Léonard, où le visage parfaitement poli et brillant semble presque faire allusion à l'effet de "lifting". L'œuvre a probablement voulu être un miroir de notre époque et faire référence à la quête contemporaine de la perfection esthétique, qui, en l'occurrence, n'a pas épargné même les plus grands chefs-d'œuvre de l'art. Enfin, ces caractéristiques convergent également vers la création d'un type de "réalisme" sans précédent, qui représente une sorte d'évolution numérique de celui de Vinci.