Les enfants dans l'art

Les enfants dans l'art

Olimpia Gaia Martinelli | 17 juil. 2022 7 minutes de lecture 0 commentaires
 

Depuis l'aube de la civilisation, les enfants représentent un sujet artistique extrêmement populaire, capable d'exprimer la joie, l'amour et la candeur, au sein de récits figuratifs visant à illustrer non seulement les attitudes et les caractéristiques psychologiques des petits protagonistes, mais aussi les coutumes et les traditions de leurs familles, ainsi que les différentes approches du monde de l'enfance qui ont caractérisé les différentes époques...

Tomasa Martin, Recherche II, 2022. Huile / acrylique sur bois, 70 x 70 cm.

Yuriy Kraft, ***Fenêtre III***, 2021. Sculpture, métal / argile sur métal, 26 x 20 x 20 cm.

Depuis l'aube de la civilisation, les enfants représentent un sujet artistique extrêmement populaire, capable d'exprimer la joie, l'amour et la candeur, au sein de récits figuratifs visant à illustrer non seulement les attitudes et les caractéristiques psychologiques des petits protagonistes, mais aussi les us et coutumes de leurs familles, ainsi que les différentes approches du monde de l'enfance, qui ont caractérisé les différentes époques. Parmi les premiers exemples importants de la représentation du thème susmentionné figure L'Hermès avec Dionysos de Parasitèle, une sculpture grecque classique, datant d'environ 350-330 avant J.-C., qui est conservée au musée archéologique d'Olympie (Olympie, Grèce). Cette œuvre représente deux divinités humanisées, à savoir Hermès nu, debout et adossé à un tronc orné de draperies, soutenant tendrement, sur son avant-bras gauche, le corps de son petit frère Dionysos. Il est important de souligner comment dans la sculpture, expression sublime d'un contexte affectueux, familier et quotidien, se détachent également les regards mélancoliques des deux protagonistes, capables de révéler à la fois la richesse de la psyché humaine et l'intimité de la relation fraternelle. L'art paléochrétien et médiéval, quant à lui, a largement négligé la représentation des enfants, se concentrant principalement sur l'enfant par excellence, Jésus-Christ, souvent représenté en compagnie de la Vierge Marie.

Cimabue, Majesté de la Sainte Trinité, vers 1290-1300. Huile sur panneau, 385 x 223 cm. Florence : Galerie des Offices.

La Majesté de la Sainte Trinité de Cimabue, un panneau peint vers 1290-1300, conservé à la Galerie des Offices de Florence, en est un exemple. Ce tableau représente, sur un grand trône d'ébène articulé, la Vierge Marie qui, dans l'intention de montrer de la main droite le Fils qu'elle tient dans ses bras, reprend l'attitude du modèle byzantin de l'Odigitria, c'est-à-dire de la Vierge Marie montrant Jésus afin de rendre clair le chemin du salut. Quant aux vêtements des protagonistes de l'œuvre, ils sont caractérisés par une précieuse décoration dorée, appelée agemina, dérivée de la tradition picturale byzantine, revenue en vogue dans l'Italie médiévale. Enfin, il convient de souligner comment, autour de cette scène familiale, huit anges soutiennent délicatement le trône, à la base duquel nous trouvons des représentations de certains prophètes de l'Ancien Testament. Si l'on reprend l'histoire à travers les siècles, les enfants séculiers ne réapparaissent dans le monde de l'art qu'à partir de la Renaissance, une période où l'on trouve de nombreux portraits d'enfants, pour la plupart membres de familles aristocratiques ou nobles. Cette tendance est clairement visible dans le Portrait de Bia de' Medici (1542-45) de Bronzino, une œuvre destinée à immortaliser la fille naturelle du duc Cosimo, née avant son mariage en 1539. Le jeune protagoniste du tableau, élevé avec les descendants légitimes du souverain, tombe subitement malade à la fin du mois de janvier 1542 et meurt tragiquement quelques semaines plus tard. Le duc, affligé par cet événement, fit réaliser un masque mortuaire en plâtre, à partir duquel Bronzino créa très probablement l'effigie susmentionnée. La fonction commémorative, mais aussi de propagande politique, de ces portraits d'enfants de familles aristocratiques s'est accrue au cours du XVIIe siècle, comme en témoigne le tableau emblématique de Velazquez, Las Meninas, qui capture la famille royale espagnole en mettant en valeur la figure de l'infante Marguerite.

Marie Cassàt, Petite Fille dans un fauteuil bleu, 1878. Huile sur toile, 89,5 × 130 cm. Washington : National Gallery.

Si l'on passe au XIXe siècle, on assiste à un grand changement : les enfants sont en effet représentés de manière nettement plus libre et spontanée, comme en témoigne la Petite Fille dans un fauteuil bleu (1878) de Marie Cassàt, un tableau impressionniste qui immortalise une petite fille qui, en symbiose avec son chien, apparaît confortablement allongée sur un petit fauteuil de la couleur de la mer. Enfin, en ce qui concerne le XXe siècle, celui-ci a vu les enfants être les protagonistes d'œuvres très expérimentales, parmi lesquelles il convient de citer Fillette courant sur le balcon (1912) de Giacomo Balla. En effet, dans ce tableau très futuriste, on peut identifier, bien que difficilement, la figure d'une petite fille qui se multiplie en se disposant sur l'ensemble du support. En revanche, en ce qui concerne la grille orthogonale que l'on peut percevoir superposée aux images de la petite fille, elle représente le caillebotis du balcon de la maison romaine de Balla ; en effet, le protagoniste de l'œuvre est précisément la fille du grand maître, la petite Luce. Enfin, un autre chef-d'œuvre extrêmement novateur du XXe siècle ayant pour sujet une petite fille est Fillette en bleu, un tableau de 1918 d'Amedeo Modigliani, qui immortalise une petite fille à la pose posée et au visage raffiné, totalement immergée dans une atmosphère intime et suspendue.

Vlatko Tasevski, Le cycle de la vie, 2020. Huile sur toile, 50 x 70 cm. 

Denise Souza Finney, Cours de récréation avec cerceaux éduqués, 2021. Acrylique sur bois, 61 x 61 cm.

Sophie Barut, Espérance, 2022. Sculpture, bronze sur métal, 16 x 7 x 7 cm / 3,00 kg. 

Les enfants dans l'art contemporain

L'amour des enfants se poursuit dans l'art contemporain, comme en témoignent les œuvres de certains artistes populaires, tels que Ron Mueck, Steve McCurry, Sally Mann et Aleksandr Milov, qui parviennent à capturer l'essence de l'enfance dans le monde contradictoire dans lequel nous vivons. Ce récit peut être considérablement enrichi par le travail des artistes d'Artmajeur qui, à travers des styles, des techniques et des points de vue différents, mais toujours en contact avec la plus haute tradition figurative, ont largement réussi à nous expliquer ce que signifie être un enfant aujourd'hui. C'est précisément cette dernière intention qui est extrêmement perceptible dans les peintures de Peter Oke, Sufyr et Christophe Stephan Durand.

Peter Oke, L'absence de Symbi, 2022. Acrylique / aérographe / biro / émail / huile / pastel / pigments / spray sur toile, 122 x 89 cm. 

Peter Oke: L'absence de Symbi

La peinture de Peter Oke représente le gros plan intense et mélancolique d'une petite fille qui, silhouettée sur un fond bleu ciel assorti à sa robe bleue, est réalisée, au niveau du visage et des cheveux, par un emboîtement parfait de lignes circulaires larges et étroites, révélant souvent aussi la palette de couleurs sous-jacente. Cette technique réaliste personnelle poursuit l'intention de transmettre un message important sur l'enfance moderne, en faisant explicitement référence à la lutte quotidienne, et aux abus, vécus par une jeune fille africaine, dont les parents, incapables de lui fournir une éducation, l'ont emmenée vendre du poisson dans les rues. En ce qui concerne l'histoire de l'art, en revanche, une œuvre importante qui poursuivait les mêmes intentions de dénonciation sociale des enfants, mais se concentrait davantage sur les questions liées au racisme, était The Problem We All Live With (1964) de Norman Rockwell, dans laquelle était mis en évidence le drame d'une fillette afro-américaine de six ans, qui devait être escortée dans une école publique blanche pour des raisons de sécurité.

Sufyr, Je t’aime, 2020. Acrylique sur carton, 70 x 50 cm. 

Sufyr: Je t’aime

Je t'aime est une peinture acrylique sur carton qui, à travers les caractéristiques stylistiques et les techniques du Street art, comme les graffitis et les tags, a immortalisé le doux portrait d'une petite fille qui s'applique à dessiner. L'amour pour les enfants, ou pour le protagoniste de l'œuvre en particulier, "envahit" avec douceur l'ensemble du tableau, dans lequel le titre romantique de l'œuvre est répété deux fois. Accompagné de dessins de cœurs, il apparaît comme une véritable sorte de célébration du monde des enfants et, en particulier, de leur capacité à aimer et à être aimés. D'autre part, un écrivain très populaire, Bansky, qui a souvent démontré son amour pour les enfants, a créé, en 2002, le pochoir iconique Girl With Balloon, une œuvre caractérisée par une délicate allusion poétique à une situation existentielle d'extrême solitude, racontée par une fille très douce qui laisse s'envoler son ballon.

Christophe Stephan Durand, L'amour inconditionnel, 2020. Huile sur toile, 46 x 37 cm.

Christophe Stephan Durand: L'amour inconditionnel

Le tableau de Christophe Stephan Durand, situé dans un contexte indéfini où des figures d'animaux planent dans l'air, célèbre, dans une sorte de dimension éternelle et intemporelle, le grand amour nourri par un jeune garçon pour son félin adoré. En fait, l'œuvre se prête bien à résumer cette relation particulière d'affection, d'amitié et de complicité qui peut s'établir entre les enfants et les animaux, visant à se matérialiser dans une réalité particulière faite de jeu, de câlins et de fantaisie, trop souvent capable d'humaniser nos amis à poils, les transformant en personnages parlants, protagonistes d'aventures fantastiques. L'amour entre les enfants et leurs amis à quatre pattes est un thème récurrent qui s'inscrit également dans la plus haute tradition historico-artistique, que l'on retrouve dans des chefs-d'œuvre du calibre de : Le portrait de Giovanni de' Medici enfant d'Agnolo Bronzino, Julie Manet de Pierre-Auguste Renoir, Le portrait d'un jeune garçon avec un chien de Domenico Fiasella et L'enfant jouant avec deux Setters anglais de Niccolò Cassana.

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