Les dix œuvres sélectionnées, qu'il s'agisse de peintures ou de photographies, ont été disposées selon un ordre chromatique soigneusement étudié. Chaque pièce est placée à côté de l'autre pour créer un flux visuel continu, où les couleurs s'entrelacent et se fondent, donnant naissance à un parcours harmonieux. Cette disposition non seulement met en valeur les œuvres individuelles, mais crée également une narration fluide, où les tons évoluent naturellement, guidant le spectateur dans un voyage esthétique. Peintures et photographies dialoguent entre elles, profitant de leur bidimensionnalité commune et alternant entre le figuratif et l'abstrait. De cette manière, chaque œuvre, tout en conservant son individualité, s'intègre parfaitement dans un ensemble qui reflète les incontournables de l'art pour l'automne 2024.
Nettoyeur de monde (2021) Peinture d'Alida Ymelé
1. « World Cleaner » (2021) d'Alida Ymelé
Le tableau "World Cleaner" d'Alida Ymelé représente une figure féminine engagée dans l'acte quotidien de nettoyage. La femme est penchée, balayant des objets du sol avec un balai traditionnel, créant une connexion intime avec le travail domestique. Chromatiquement, le tableau est dominé par des tons contrastés et vibrants : la peau de la femme est rendue en nuances alternées de bleu et de rouge, tandis que sa robe est une explosion d'orange vif, ornée de motifs de girafes évoquant la nature et l'identité africaine.
Le style d'Alida Ymelé se distingue par sa capacité à combiner réalisme et abstraction chromatique. Utilisant une technique mixte qui mêle acrylique, Posca et encre de Chine sur toile, l'artiste subvertit le rôle traditionnel des femmes représentées. Dans cette œuvre, malgré la simplicité apparente du sujet, le choix des couleurs vives et des contrastes accentués confère à la figure puissance et dignité, soulignant l'importance des femmes qui accomplissent des tâches domestiques, souvent invisibles dans la société. Le sujet, rendu presque monumental par l'utilisation de la couleur, semble élever l'activité quotidienne à un acte de résistance et de force.
Alida Ymelé, née en 1994 au Cameroun, est une peintre contemporaine reconnue pour son exploration émouvante des vies des femmes. À travers ses œuvres, elle remet en question les notions d'appartenance et la reconnaissance souvent refusée à ces figures. Alida a perfectionné sa formation artistique en obtenant un Master en Beaux-Arts à l'Institut des Beaux-Arts de Nkongsamba, affilié à l'Université de Douala.
Vogelzang (2023) Peinture de Sophia Heeres
2. "Vogelzang" (2023) de Sophia Heeres
L'œuvre "Vogelzang" de Sophia Heeres représente un groupe d'oiseaux colorés perchés sur des branches nues, créant un contraste vibrant avec le fond vert uniforme. Le thème central est la simplicité de la nature, avec de petits oiseaux de différentes espèces représentés dans des couleurs vives comme le jaune, le rouge et le bleu. Ces tons éclatants contrastent avec les branches vertes et marron, créant un sentiment de sérénité et de vitalité qui évoque une observation directe de la nature.
Le style de Sophia Heeres se caractérise par son utilisation de couleurs audacieuses et distinctes, qu'elle divise en sections, attribuant à chaque partie du sujet une tonalité unique. Dans ses œuvres, les lignes sont souvent ajoutées à la dernière étape pour donner au sujet une simplicité stylisée. Dans "Vogelzang", les contours nets et les couleurs brillantes sont des caractéristiques distinctives de son langage visuel, conçu pour immerger le spectateur dans une représentation vivante et « simplifiée » de la réalité.
Sophia Heeres, née en 1981 à Zuidlaren, aux Pays-Bas, a grandi entourée par la beauté naturelle de la vallée de la rivière Drentsche Aa. Cette connexion avec la flore et la faune a profondément influencé son travail artistique. En ce qui concerne sa formation, Sophia a terminé ses études en peinture autonome à l'Académie Minerva de Groningue en 2006.
Série Parallelism, The Holi Dip (2023) Peinture d'Ak Douglas
3. « The Holi Dip » (2023) par Ak Douglas
"The Holi Dip", faisant partie de la série "Parallelism", est une explosion de couleurs et de symbolisme. Le tableau présente une variété d'éléments contrastants : dans la partie supérieure, une pluie de points colorés — rappelant le festival indien de Holi — se répand sur une scène plus sobre et calme dans la moitié inférieure. À l'arrière-plan, une masse verte d'arbres ou de collines semble s'estomper, tandis que des figures humaines se rassemblent en petits groupes sur une étendue blanche rappelant un paysage enneigé. À gauche, des constructions colorées de style traditionnel et des motifs géométriques complexes suggèrent une architecture rituelle ou un symbole de transformation.
Ak Douglas utilise souvent une technique de mixed media qui combine l'acrylique, le collage et des matériaux non conventionnels comme la feuille d'or, la feuille d'argent, les perles et les tissus recyclés. Dans "The Holi Dip", l'utilisation de couleurs acryliques vives et du collage, ainsi que des motifs géométriques et des lignes abstraites, met en valeur son style hautement symbolique et narratif. Chaque détail, des textures aux matériaux, révèle une réflexion profonde sur des thèmes historiques, sociaux et politiques. Le résultat est une œuvre riche en sens, où les couleurs et les formes sont utilisées pour raconter des histoires profondes et stratifiées.
Ak Douglas, né en Inde en 1979, est un artiste contemporain avec plus de 20 ans d'expérience. Sa carrière inclut des participations à des expositions internationales, des ateliers et des symposiums dans divers pays, dont la Suède, la Corée du Sud, l'Italie, la France et les Émirats Arabes Unis. Ayant initialement expérimenté en tant que sculpteur et artiste d'installation, il a par la suite élargi sa pratique pour inclure la peinture et les techniques de mixed media, explorant des thèmes d'identité, de spiritualité et de culture à travers des matériaux symboliques et significatifs.
Elissa #2 (2024) Photographie de Barbara Vandendriessche
4. « Elissa #2 » (2024) de Barbara Vandendriessche
L'œuvre "Elissa #2" de Barbara Vandendriessche est une image photographique avec un fort impact visuel et émotionnel. Le sujet est une jeune femme assise, enveloppée dans un voile transparent qui couvre son visage et son corps. Les tons dominants sont sombres, avec un fond noir qui accentue l'atmosphère intime et contemplative. Le contraste entre le voile éthéré et les détails plus riches de la robe fleurie crée une tension entre délicatesse et profondeur introspective, tandis que l'utilisation d'un éclairage doux et d'ombres légères contribue à créer un sentiment de mystère et de vulnérabilité. Enfin, le rouge de la robe est destiné à souligner la présence physique d'une figure qui ne révèle pas entièrement les émotions intérieures.
Le style photographique de Barbara Vandendriessche se distingue par sa capacité à évoquer des émotions profondes à travers des décors soigneusement construits et une esthétique dramatique. Ayant passé plus de 20 ans en tant que metteuse en scène et scénographe, son travail photographique reflète une grande attention à la composition visuelle et à la création d'atmosphères intimes. Dans "Elissa #2", l'artiste explore le concept de vulnérabilité physique et psychologique, en utilisant des éléments tels que le voile pour à la fois cacher et révéler. L'œuvre ne suit pas une narration linéaire, invitant le spectateur à s'immerger dans les émotions suggérées, laissant ainsi une grande place à l'interprétation subjective.
Barbara Vandendriessche, née en Belgique en 1974, a commencé sa carrière dans le monde du théâtre, où elle a travaillé comme metteuse en scène et scénographe pendant plus de deux décennies. Au cours de cette période, elle a développé un fort intérêt pour la photographie, qui est progressivement devenue une partie centrale de son parcours professionnel. Aujourd'hui, Vandendriessche est une artiste établie, avec un intérêt particulier pour l'exploration de la fragilité humaine.
FOOTBALLEUR (2019) Peinture de Saint-Étienne Yeanzi
5. "Footballeur" (2019) de Saint-Étienne Yeanzi
L'œuvre "Footballeur" de Saint-Étienne Yeanzi représente un joueur de football capturé dans le moment dynamique où il frappe un ballon. La figure est composée d'une myriade de "pixels" et de traits abstraits qui semblent se dissoudre et se recomposer simultanément, suggérant le mouvement et la nature éphémère de la scène. Chromatiquement, la toile est dominée par des tons chauds de brun, d'ocre et de blanc, avec des accents noirs délimitant la figure principale. En arrière-plan, une série de codes QR et de motifs géométriques apparaît, ajoutant une touche de modernité et de technologie, créant ainsi un contraste entre l'élément humain et l'élément numérique.
Saint-Étienne Yeanzi est connu pour son style unique qui combine abstraction et représentation. Utilisant une technique qui fragmente les figures, l'artiste crée des œuvres qui jouent avec l'effet de disparition et d'apparition. Son choix de représenter des personnages en cours d'"effacement" ou de transformation met en lumière une réflexion sur l'identité, l'éphémère et la présence fugace de l'individu dans la société contemporaine.
Saint-Étienne Yeanzi, né en 1988 à Katiola, en Côte d'Ivoire, a étudié la peinture et la photographie au Lycée d'Enseignement Artistique de Cocody et à l'École Nationale des Beaux-Arts d'Abidjan, où il a obtenu son diplôme avec mention en 2012.
Réveil (2023) Peinture de Cannibal Malabar
6. "Réveil" (2023) de Cannibal Malabar
L'œuvre "Réveil" de Cannibal Malabar représente une jeune femme les yeux fermés, dans une pose détendue et sereine, les bras levés, emportée par un moment d'introspection. Le sujet est entouré d'un motif floral stylisé sur un fond orange vif, avec des fleurs aux teintes claires et des branches violettes. La figure féminine elle-même est rendue dans un jeu de couleurs vives : sa peau est peinte dans un mélange de nuances de violet, d'orange et de jaune, accentuant un sentiment de chaleur et de tranquillité. Le contraste entre le sujet et l'arrière-plan floral crée un effet harmonieux, presque onirique.
Cannibal Malabar, pseudonyme de Chloe, est connue pour son utilisation audacieuse et hyper-pigmentée des couleurs. Ses œuvres explorent souvent la beauté et les émotions féminines, accentuant chaque nuance pour exprimer l'intensité du moment. L'artiste utilise une combinaison de techniques, comme l'acrylique sur toile avec des finitions en résine, créant un résultat final à la fois brillant et vibrant.
Cannibal Malabar, née à Oyonnax, en France, a commencé son parcours créatif dès son plus jeune âge. Elle a étudié les arts appliqués à Bron, près de Lyon, puis s'est spécialisée en illustration et design graphique à l'ENAAI de Chambéry. En 2010, elle s'est installée à Lyon, où elle a commencé à développer son style unique, se concentrant de plus en plus sur la peinture. À travers son travail, Cannibal Malabar explore la diversité de la beauté féminine, s'inspirant de diverses sources telles que la mode, les réseaux sociaux, la nature et même la nourriture.
Couleurs #9 (2021) Peinture d'Astrid Stoeppel
7. "Couleurs #9" (2021) d'Astrid Stoeppel
"Colors #9" d'Astrid Stoeppel est une peinture abstraite qui utilise une composition de cercles concentriques disposés en groupes, chacun avec une combinaison de couleurs vives et contrastées. L'œuvre présente des tons de vert, jaune, violet, bleu et gris, juxtaposés de manière dynamique pour créer une sensation de mouvement et de vitalité. Les cercles, placés sur un fond neutre, semblent flotter dans l'espace, chacun avec sa propre énergie interne qui attire l'attention et invite le spectateur à explorer les différentes couches de couleur. De plus, la géométrie des formes suggère une structure ordonnée, bien que la vivacité des tons rompe la rigidité, transmettant un sentiment de liberté et de joie.
Astrid Stoeppel est connue pour son approche minimaliste et géométrique, caractérisée par l'utilisation de formes simples comme des cercles, des lignes et des champs de couleur. Son style vise à créer une pause visuelle pour l'observateur : un moment pour ralentir et réfléchir. Grâce à l'utilisation de couleurs vives et de formes pures, comme dans "Colors #9", Stoeppel cherche à distiller l'essence de la simplicité tout en maintenant une dynamique énergétique. Son travail invite le spectateur à se perdre dans la pureté des tons et des formes, oubliant momentanément le rythme effréné de la vie moderne.
Astrid Stoeppel, née en 1974 à Weilheim, en Allemagne, est une artiste de renommée internationale, connue pour son style géométrique et minimaliste. Son travail explore la relation entre le temps, la forme et la couleur, cherchant à créer un espace où le spectateur peut ralentir et se détacher des influences médiatiques et des pressions sociales.
Spaghetti-Monster (2022) Peinture de Jennifer Mattes
8. « Spaghetti-Monster » (2022) de Jennifer Mattes
"Spaghetti-Monster" de Jennifer Mattes capte immédiatement l'attention grâce à son utilisation audacieuse de couleurs vives et de formes fluides. La figure centrale de l'œuvre semble représenter un monstre fait de spaghetti, construit à travers des traits abstraits et torsadés qui évoquent le mouvement et le chaos. Chromatiquement, le tableau utilise une combinaison de tons chauds et froids, avec le jaune des "pâtes" contrastant avec les tons plus sombres ou neutres de l'arrière-plan. L'image transmet un sentiment d'ironie et de surréalisme, invitant le spectateur à réfléchir à ce qui se cache au-delà de la surface du sujet.
Le style de Jennifer Mattes se caractérise par la fusion de processus documentaires, fictifs et performatifs, qui se reflètent également dans "Spaghetti-Monster". Sa technique repose généralement sur une structure visuelle en couches, où les superpositions de peinture, la fragmentation et l'utilisation du collage se combinent pour créer des compositions complexes et dynamiques. Mattes mélange habilement humour et critique sociale, créant des œuvres à la fois ludiques et profondément réfléchies. De plus, ses images racontent souvent des histoires complexes, laissant place à de multiples interprétations et encourageant le spectateur à explorer des thèmes personnels et collectifs.
Jennifer Mattes, née en Allemagne en 1982, vit et travaille à Vienne, en Autriche. Son parcours artistique a débuté par des études en cinéma et vidéo à Stuttgart et s'est poursuivi à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne, où elle a étudié les arts visuels et le cinéma sous la direction de Harun Farocki et Constanze Ruhm. Son travail s'étend sur plusieurs disciplines, y compris la peinture, la vidéo et la performance, et se distingue par sa capacité à aborder les questions sociales avec une approche ironique et analytique.
Distortion #2 (2024) Photographie de Xidong Luo
9. « Distorsion #2 » (2024) de Xidong Luo
"Distortion #2" de Xidong Luo est une photographie non manipulée qui joue avec la perception à travers un élément déformant. L'image présente un visage humain, rendu presque méconnaissable par l'effet de la distorsion d'un verre d'eau. Ce jeu visuel invite le spectateur à réfléchir à la manière dont nous observons le monde et les personnes qui nous entourent, tandis que le sujet symbolise l'incertitude et la fluidité de la réalité filtrée et perçue.
Xidong Luo a développé un langage visuel unique, distingué par l'utilisation d'éléments naturels tels que les miroirs, l'eau et les fleurs pour explorer des concepts profonds comme la beauté fugace et le lien entre le féminin et la nature. Influencée par la philosophie taoïste, Luo réfléchit à l'incertitude de la vie et à sa nature éphémère. Dans "Distortion #2", par exemple, le verre sert de lentille déformante, offrant une métaphore puissante : tout comme l'eau altère le visage, nos perceptions du monde sont également influencées et déformées par les filtres mentaux que nous appliquons.
Xidong Luo, née dans le sud de la Chine en 1972, est une photographe autodidacte qui, pendant le confinement dû à la COVID-19, a commencé à utiliser son propre corps comme moyen d'expression dans ses œuvres, ajoutant ainsi une dimension personnelle et intime à sa photographie. Ses créations abordent des thèmes universels tels que la beauté éphémère, la fragilité de la vie et la perception déformée de la réalité.
Maternité (2024) Peinture de Vera Tepliakova
« Maternité » (2024) de Vera Tepliakova
"Motherhood" est une peinture à l'huile sur toile qui capture intensément le lien entre la mère et l'enfant, mais avec une nuance émotionnelle complexe. La femme tient son enfant dans un étreinte protectrice, créant un environnement sûr et accueillant pour l'enfant. Cependant, le visage de la femme révèle une expression de tourment et d'insécurité, suggérant un conflit intérieur. Les tons doux de beige, rose et ivoire mettent en valeur la chaleur de l'étreinte, tandis que les ombres sur le visage de la mère reflètent sa tension émotionnelle. L'œuvre oscille ainsi entre la douceur du geste maternel et les incertitudes qui accompagnent souvent la responsabilité des soins.
Le style de Vera Tepliakova se distingue par sa capacité à capturer des émotions contrastées à travers l'utilisation de la lumière, des expressions et de la texture picturale. Dans "Motherhood", l'artiste célèbre non seulement la protection et la force du rôle maternel, mais met également en lumière l'insécurité et les doutes qui peuvent l'accompagner. Ses coups de pinceau, parfois presque "tactiles" et "texturés", donnent au tableau une dimension tangible, transformant la narration en une expérience "palpable".
Vera Tepliakova, née en 2003 à Saint-Pétersbourg, est une jeune artiste qui vit actuellement en Géorgie. Son art aborde des questions sociales, avec un accent particulier sur les droits des femmes et la justice sociale. Vera, polyvalente dans les arts visuels, maîtrise des techniques telles que l'huile, l'acrylique et le pastel, tout en se consacrant également à la création de tapis faits à la main.