Principaux enseignements
Une œuvre de Lavinia Fontana redécouverte en 2024 au Musée de la Chartreuse à Douai.
Le tableau, longtemps attribué à tort à Pieter Pourbus, était caché depuis 1857.
Des analyses ont confirmé la signature stylistique de Fontana, pionnière de la peinture bolonaise.
Fontana, l’une des premières femmes artistes professionnelles, retrouve sa place dans l’histoire de l’art.
En 2024, un trésor caché a refait surface au Musée de la Chartreuse de Douai, en France
Un tableau oublié depuis des siècles, signé Lavinia Fontana, l’une des premières artistes professionnelles de la Renaissance. Intitulée Portrait d’un gentilhomme, de sa fille et d’un serviteur, cette peinture avait été à tort attribuée à Pieter Pourbus. C’est un projet de restauration minutieux qui a permis d’authentifier l’œuvre et de révéler sa véritable origine.
Disparu des regards depuis la fondation du musée en 1857, le tableau a été examiné grâce à des analyses scientifiques avancées. Les résultats ont révélé des techniques de peinture italiennes uniques à Fontana, notamment des couches de pinceaux superposées et une gestion dramatique de la lumière, typiques de l’école bolonaise.
« Le travail de pinceau en couches et la gestion de la lumière ici correspondent strictement aux méthodes bolonaises », a déclaré Philippe Costamagna, l’expert ayant dirigé l’analyse. « Cette œuvre de la Renaissance italienne remet en question les idées reçues sur ses origines nordiques. »
Le tableau se distingue par son format carré rare et ses couleurs vives, contrastant avec les thèmes religieux habituellement représentés à l’époque. Fontana y propose une vision intime de la vie familiale et de la représentation féminine, des sujets encore peu explorés au XVIe siècle.
Lavinia Fontana : une pionnière de la Renaissance à redécouvrir
Lavinia Fontana (1552–1614) fut l’une des premières femmes à vivre de son art en Europe. Formée par son père, Prospero Fontana, elle s’impose par un style qui mêle couleurs éclatantes, précision anatomique et profonde expressivité.
Ses portraits, comme celui retrouvé à Douai, capturent la personnalité et la position sociale de ses sujets avec une subtilité remarquable. Fontana peignait souvent des femmes dans des environnements domestiques, mettant en lumière leur rôle, leur présence et leur individualité—à rebours des représentations figées produites par ses contemporains masculins.
Elle réalisa plus de 135 œuvres connues, dont Noli me tangere, célèbre pour sa finesse technique et son symbolisme. Très appréciée de la noblesse européenne de son vivant, son héritage a pourtant été effacé au fil des siècles, victime de préjugés persistants envers les artistes femmes.
Jean Dubreil
| ArtMajeur Magazine