Place Bessières © Ville de Cahors / Grand Cahors P.Lasvenes
Points clés
Dates : 27–29 juin 2025
Lieu : Cahors & Saint-Cirq-Lapopie (France)
Thème : La paix comme projet critique et contemporain
Temps forts : 3 grands débats, expositions, projections, performances
Invités : Oleksandra Matviichuk, Alessandro Monsutti, Jean-François Bayart…
Co-organisation : Association Cahors Mundi, Ville de Cahors, Fabrique des Écritures Ethnographiques
Du 27 au 29 juin 2025, la ville de Cahors accueille la toute première édition de Cahors Mundi – Festival pour la Paix, un événement culturel et citoyen qui remet sur le devant de la scène un rêve né il y a 75 ans : celui d’un monde sans frontières, guidé par la paix, la fraternité et la solidarité mondiale.
À une époque où les conflits redessinent brutalement les cartes du monde, où les droits fondamentaux reculent, où l’écosystème global s’effondre lentement sous nos yeux, l’idée d’un festival dédié à la paix pourrait paraître naïve, presque déplacée. Et pourtant, c’est précisément dans cette tension entre lucidité et espoir que Cahors Mundi prend tout son sens.
Une histoire oubliée, une utopie réveillée
En 1949, alors que l’Europe tente de se reconstruire après la guerre, Cahors (France) devient un territoire d’avant-garde en adhérant à la Route mondiale sans frontières, inspirée du geste radical de Garry Davis, cet ancien pilote américain qui avait renoncé à sa nationalité pour se proclamer Citoyen du Monde.
Sous l’impulsion du résistant Robert Sarrazac, la ville lotoise avait été l’une des premières à s’inscrire dans ce rêve d’unité planétaire. Soixante-quinze ans plus tard, ce legs invisible revient à la surface par la voie de la culture, de la pensée et de l’action collective.
Trois jours pour penser la paix autrement
© Atelier ter Bekke Behage
Le festival, organisé par l’association Cahors Mundi, la Ville de Cahors et la Fabrique des Écritures Ethnographiques (Marseille), propose un programme dense et transversal : débats, projections, expositions, performances artistiques, concerts et forums citoyens.
Mais pas question ici d’un esprit "peace and love" détaché du réel : l'utopie revendiquée est critique, inquiète, enracinée dans les enjeux de notre époque. La programmation, pensée par l’anthropologue Boris Petric en collaboration avec Sonia Perrin, directrice de projets art & culture, explore les tensions contemporaines entre rêve de paix et brutalité du monde.
Trois grands débats pour secouer les consciences
Le festival sera structuré autour de trois grands débats, conçus comme des temps forts de réflexion collective sur les défis contemporains de la paix. Chacun d’eux réunira des personnalités venues d’horizons différents, croisées pour faire émerger des récits nouveaux et des pistes d’action.
Le premier débat, intitulé « Les réfugiés sans frontières », interrogera les réalités du déplacement humain à l’échelle mondiale, dans un contexte de montée des nationalismes et de repli identitaire. Il réunira Alessandro Monsutti, anthropologue spécialiste des migrations, Hara Kaminara, artiste-documentariste ayant embarqué à bord de navires humanitaires, et Max Avis, membre de l’ONG SOS Méditerranée, en première ligne du sauvetage en mer.
Le second débat, « Comment défendre la paix mondiale aujourd’hui », explorera les leviers politiques, juridiques et culturels qui permettent encore d’agir pour la paix. Y participeront le politologue Jean-Vincent Holeindre, le réalisateur Christophe Gargot, et Oleksandra Matviichuk, avocate ukrainienne, militante infatigable des droits humains et lauréate du Prix Nobel de la Paix 2022. Ensemble, ils réfléchiront aux formes contemporaines d’engagement face aux logiques de guerre.
Enfin, le troisième débat, « La paix avec le vivant », proposera un élargissement du regard : comment penser la paix non seulement entre les humains, mais aussi avec les écosystèmes et le monde naturel ? La juriste et chercheuse Sarah Vanuxem et le physicien Sébastien Wolff, également musicien du groupe Feu! Chatterton, échangeront autour des liens entre écologie, droits du vivant et imagination poétique.
En clôture du festival, le politologue Jean-François Bayart livrera une conférence intitulée « Pourquoi la guerre, comment la paix ? », qui reviendra sur les ressorts historiques et géopolitiques de la violence internationale, et questionnera le devenir d’un monde dominé par les logiques d’empire. Une manière de remettre en perspective les utopies de paix face aux réalités du XXIe siècle.
Saint-Cirq-Lapopie © Pauline Privat et Benjamin Cléry
Créer des récits de paix : culture, art et engagement
Tout au long du week-end, des films engagés seront projetés : « Résister pour la Paix », « Lettre à Nikola » de Hara Kaminara, ou encore « On the Line » d’Alex Gohari et Léo Mattei, Prix Albert-Londres.
Des performances inédites viendront incarner physiquement les tensions du monde : « Caminavi » de Mariette Bouillet avec un collectif d’adolescents cadurciens, ou encore « Hayashi 林 – La Forêt » de Michiko Fou, appelant à planter symboliquement une "forêt de paix".
Côté arts visuels, le photographe Louis Nespoulous exposera ses Poissons d’ici, et la Maison André Breton à Saint-Cirq-Lapopie ouvrira un parcours autour du surréalisme et de la citoyenneté mondiale. Les Maisons Daura, autre haut lieu artistique de la région, accueilleront aussi des expositions en lien avec les thèmes du festival.
Une sélection d’artistes pour imaginer la paix
À l’occasion du festival Cahors Mundi, Artmajeur by YourArt s’associe à l’initiative en présentant une sélection spéciale d’œuvres autour du thème de la paix, sous le titre « Imaginer la paix ». Cette sélection met à l’honneur des artistes de la plateforme dont les créations font écho aux valeurs portées par le festival : dialogue, solidarité, résilience et harmonie avec le vivant.
Cette sélection, visible en ligne sur ArtMajeur, offre un espace de réflexion visuelle complémentaire aux débats du festival, et affirme la puissance de l’art comme langage universel pour faire émerger d’autres possibles.
Un acte de résistance culturelle
À travers cette programmation résolument actuelle, Cahors Mundi ne se contente pas de célébrer un héritage humaniste. Il questionne notre époque, secouée par les régressions autoritaires, les injustices migratoires, les désastres climatiques. Il propose de repolitiser la paix, non pas comme une absence de guerre, mais comme un projet actif de justice, de mémoire et d’alliance avec le vivant.
Dans un monde où les utopies sont caricaturées ou étouffées par le cynisme ambiant, Cahors Mundi se veut un contre-feu poétique et politique, à la fois lucide et résolument tourné vers l’action.
« Vous vous appellerez la civilisation »
Les mots de Victor Hugo, prononcés en 1849 au Congrès de la paix, résonnent comme une promesse que le festival cherche à réactiver :
« Un jour viendra où les peuples diront : Vous êtes frères.
La guerre appartiendra au passé.
Vous ne vous appellerez plus la guerre, vous vous appellerez la civilisation. »
À Cahors, en juin 2025, cette vision ne sera pas qu’un souvenir. Elle deviendra, peut-être, une promesse à refaire.
Pont Valentré © Pauline Privat et Benjamin Clery
FAQ – Cahors Mundi 2025
Quand et où a lieu le festival ?
Le festival se tient du vendredi 27 au dimanche 29 juin 2025, principalement à Cahors (centre-ville, Hôtel de Ville, cinéma Le Grand Palais) et à Saint-Cirq-Lapopie (Maison André Breton, Maisons Daura).
Quel est l’objectif de Cahors Mundi ?
Repenser la paix à travers l’art, la pensée et l’action citoyenne. Le festival s’inspire d’un héritage historique fort pour aborder les crises contemporaines avec lucidité et engagement.
Qui sont les intervenants principaux ?
Parmi eux : Oleksandra Matviichuk, juriste ukrainienne et Prix Nobel de la Paix 2022, Alessandro Monsutti, anthropologue, ou encore Jean-François Bayart, politologue.
Quels types d’événements sont proposés ?
Trois débats majeurs, des projections de films engagés, des performances artistiques inédites, des expositions, des concerts et des forums citoyens.
Le festival est-il accessible à tous ?
Oui, la programmation est pensée pour tous les publics, avec des événements gratuits ou à prix libre, dans une logique d’inclusion et de participation collective.
Quelle est la portée du message ?
Cahors Mundi promeut une vision internationale et transversale de la paix : entre humains, mais aussi avec le vivant, les territoires, la mémoire et l’imaginaire.
Nicolas Sarazin