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Isis Bi M

Retour à la liste Ajouté le 22 févr. 2005

Texte de Jérémy Maranne sur moi, très touchant.

Nous sommes dans les jardins de Barcelone, les bois de Milly-la-forêt, sur un banc de la place Beaubourg, dans l’univers des ronds, des pleins, des déliés où le travail de la matière, la couleur, la forme est au service de l’imaginaire, où Isis Bi vit, invente et nous invite, nous offre ce grand livre d’image où les mots sont inutiles.

Voir une sculpture, un dessin, une toile d’Isis nous renvoie dans nos enfances où, d’un rien, d’un bout de bois, d’un tube de couleur, nous nous amusions de ces formes bizarres, de ce jaune d’un œuf au plat dessinant l’œil d’un cyclope, de ce galet roulé par la mer, ramassé par hasard et qui trône encore et toujours sur notre bureau.

Qu’a-t-il dont ce galet dont on ne peut se séparer ?

Nous sommes ici dans un univers non verbal ; la chair de la matière, la caresse de la courbe, la ligne ronde ou encore la tache – cette tache pleine d’une couleur franche – nous apaise, nous repose & nous interpelle.

Les filiations sont nombreuses : Niki de Saint Phalle, Míro, Gaudí, Klee, Kandinsky… et tissent cette toile spirographique : chaque nœud n’est qu’illusion d’optique, chaque œuvre une approche du monde. Le travail d’Isis n’est pas là pour représenter, dénoncer, symboliser, expliquer… Non ! Son art est une porte ouverte sans chambranle et hors des murs et sa vocation est de nous sortir de nos quotidiens.

Qu’y a-t-il de plus beau que cet abandon à la forme ? A la couleur ? A cette malice qui parcourt l’œuvre d’Isis, malice acidulée, berlingots de nos quatre heures, qui nous défatigue de nos transports en commun, téléphones portables, écrans HD et plats cuisinés ?

J’imagine parfois un grand jardin et des déesses statuaires, blanches et rehaussées d’ubuesques graphes, totems bariolés, servant de guides. Nous serions à l’écoute de ces formes comme parfois nous le sommes du souffle du vent, du pli d’une branche, du ressac d’une vague.

Et puis la musique ! Cette petite musique si particulière où Isis donne des couleurs aux notes… Du jaune pour l’allegro, des bruns pour les basses, du bleu pour la cymbale et du rouge en dominante, ce rouge qui n’est pas sang, ce rouge qui n’est pas violence, ce rouge rougeoyant, ce rouge soleil de nuit, ce rouge ciel boréal, ce rouge lumière qui donne le la !

Cet art élémentaire est une source constante, un courant naturel, bien avant, bien après Míro, Gaudí ou tout autres. Isis le porte en elle et nous le donne en partage.

Qu’y a-t-il de plus beau que ce partage ?




Jérémy Maranne

Artmajeur

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