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Daniele Sanchez Dsz

Retour à la liste Ajouté le 14 nov. 2018

Texte critique et philosophique de Samih Taghyaoui sur "Eloïm est l'Innommable" - huile sur toile 100 X 100cm

Récit pluriversel d'une infamie.


En un sens... mais dans quels sens ?

Tout est au-dehors en cette toile - et pourtant ses vues recourbées se déchirent du dedans, dévoilant plutôt par son fond agité que par ses laiteux mirages nos affinités extérieures, d'un métallique reflet. 

Tant qu'un fil rouge ne nous tire guère de l'autre côté de nos labyrinthes-animaux, Ariane sur l'île déserte restera-t-elle assoiffée ?

Demandons-lui nous-mêmes.

Point de terres sans creusets, pas d'éraflure sans chair, choses vivantes par leur absence que nous font devenir les diverses tendances lumineuses et obscures discernant la toile.

Cette manière de station aux visages non-dits dépose nos mots dans la paresse d'un silencieux devenir, celle de leur devenir-isolés : si tu trouves les mots pour suivre ses tendances, elle trouve les mots pour t'y orienter, alors ouvre ses mots pour subitement t'y méconnaître, et peut-être trouverons-nous les bons mots, ceux qui dans un prochain jadis t'y suspendaient à jamais.

D'une toile ? Qui dénude nos verbes, nos arbres et leurs allures, et les plumes de nos minotaures assoiffés plongent en courbettes traversées par le cours impérial de ces souffles vivifiant les nôtres - De la toile sur un ton de défi indiscret. Ainsi elle tranche et nous incite à retrancher plus profondément encore, par nous-mêmes, afin de trouver un certain équilibre en cette variable dysharmonie de perceptions que cette toile nous inflige, confie et nous suggère en jubilé à notre oreille démasquée. Ses libres vibrations affectives et polychromes, c'est par elles qu'en lame fluide - dans ses effluves d'ombre - et unique direction, elle nous acquiert.

Seule demeure cette patte mêlée de songes et de sens cherchant à esquisser l'Innommable selon ses propres traits.

Pas de terre sans percée, point de chairs sans versets, vie des choses qui par leur présence nous entremettent à nous-mêmes et nous clairsèment d'une toile, sans cesse multiple enfin par nos obscurités improprement révélées, sans oublier ses enluminures profanées d'un noir presque de jais.

On ne tranche pas dans sa vie sans cependant se couper : ces toiles-en-une nous enseignent ainsi notre aérante absence d'âmes à l'aube de coupures désertées, que l'âme réclame par essence la production de coupures constellées par nos dehors, constellations qui éclosent aux fils multiples de nos traversées vaporeuses et errantes - décourbantes réalités de celles qui nous cheminent. La toile-au-marteau fragile déforme, nous agite par impulsions immédiates et nous emporte d'un devenir-senti de la pluralité à la rencontre de forces singulières et si dansantes - toiles de surface de nos chants difformes - qu'elle file, rouge et court, aux corps innommés. Et bien d'autres efforts encore dont elle se voit tant susceptible, mais inlassablement de la sorte : indicibles et célestes.


Samih Taghyaoui - Novembre 2018.

Artmajeur

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