DIDIER SABY: “En peinture, les sujets font évoluer la pratique”

DIDIER SABY: “En peinture, les sujets font évoluer la pratique”

Nicolas Sarazin | 18 févr. 2020 4 minutes de lecture 0 commentaires
 

Didier Saby aime le dessin, la pratique du dessin. La peinture, la couleur, la matière, tout cela n’est venu qu’après, et par phases successives, en fonction de ses lieux de vie et des thèmes retenus. Itinéraire d’un artiste qui intègre la peinture à son chemin de vie.

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Didier Saby dessine et peint. Mais il le fait dans un lien étroit avec le reste de sa vie: ses lieux de vie, ses rencontres, sa disponibilité. Parler de sa peinture revient donc, dans une certaine mesure, à retracer des éléments biographiques.

Il y a quelques années, Didier Saby peignait à l’aquarelle. “C’était à Collioure, il y avait une école artistique, qui mettait l’accent sur une aquarelle très contrastée, des oeuvres réalisées sur papier sec, ce qui donnait des résultats très éloignés de ce que peuvent être par ailleurs les aquarelles, avec leur côté vaporeux qui, pour le coup, ne m’inspirent guère”. Peu à peu, grâce à ce groupe, Didier Saby maîtrise une technique qui jusqu’ici n’avait pas particulièrement retenu son attention.

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A Collioure, l’artiste parvient à concilier son goût pour le dessin avec une mise en couleur franche et rapide: “L’été, nous peignions devant le public, et c’est une excellente école!  Et l’hiver, je travaillais en atelier sur une peinture plus personnelle. Je faisais alors des oeuvres à l’huile, mais en utilisant un médium pour accélérer les temps de séchage et permettre un travail en transparence. A l’époque, je vivais en appartement. J’utilisais alors des miroirs pour avoir les bonnes distances avec mon sujet”. Là encore, une technique liée tout simplement à ses conditions de vie de l’époque.

Et puis l’artiste part s’installer dans le Lot. “Les couleurs froides sont arrivées! J’ai continué à travailler en transparence, mais ma palette a changé: le bleu, les alliances de vert et de rose… Et puis j’aimais jouer avec le contraste des matières, il m’arrivait même d’intégrer des morceaux de faïences. C’était le cas dans des oeuvres représentant des iris, ou des paysages. Et puis, un jour, un singe est arrivé dans un tableau, un peu par hasard, un peu par besoin de créer une dimension fantastique dans l’oeuvre en cours. Il se trouve qu’à cette même époque, je découvre dans un magazine un reportage sur les macaques dans une ville indienne. Il y avait chez ces singes un côté famille fusionnelle qui me plaisait. J’en ai donc fait le point de départ d’un travail en matière, pour aller du glacis à une peinture plus classique”.

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Ce cheminement était important à décrire: Didier Saby n’a pas toujours peint des singes, et n’a pas non plus toujours peint avec la même technique: “En peinture, le sujet n’est pas anodin. C’est même lui qui fait évoluer la pratique. Je suis passé à une peinture plus empâtée à partir du moment où je me suis passionnée pour ce thème des singes. C’était un changement technique qui me semblait nécessaire si je voulais bien rendre compte du pelage de ces animaux”.

Les singes lui permettent finalement de se concentrer sur tout ce que cherche l’artiste depuis ses débuts: un travail sur la couleur, sur la matière, un dessin rigoureux pour rendre compte du mouvement et du mouvement arrêté, des connaissances en morphologie, …

“Finalement, les singes sont devenus un support pour évoluer dans ma peinture!” reconnaît volontiers l’artiste. Je ne me définis certainement pas comme peintre animalier, les singes m’ont simplement permis de me poser des problèmes de peintre”.

L’artiste déménage encore une fois et part s’installer en Aveyron où il réside toujours. Là encore, nouvelle étape, nouvelle évolution dans sa peinture, mais qui tiendra à deux facteurs bien différents. Le premier est extérieur à son oeuvre: il décroche un poste de prof d’arts plastiques et, conséquence immédiate, consacre beaucoup moins de temps à son propre travail: “Du coup, j’ai eu tendance à me centrer pleinement sur les singes colorés! Au début, je n’étais pas content, puis un jour, j’ai senti que les tableaux se tenaient, quand j’ai réalisé des toiles d’un mètre sur un mètre”. Et le bestiaire s’enrichit: des pigeons, des chats, voire parfois des portraits.

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A chaque fois, une technique qui part d’une photo réaliste pour aller vers une composition où ne comptent plus que l’équilibre et l’harmonie purement plastiques: une photo, une maquette à l’aquarelle, un dessin, une toile et le choix d’une palette. “Ce qui me donne envie de faire le tableau? Quand je suis content de mon dessin!”. Et puis, des fonds parfois quasi-abstraits, avec quelques évocations de feuillages pour venir en contrepoint de la souplesse du pelage de l’animal. 

La deuxième évolution en revanche tient pleinement à ce nouveau lieu de vie, l’Aveyron, Rodez. “Qu’on le veuille ou non, la présence du noir est incontournable dans une ville comme Rodez. Et je ne pense pas d’emblée à Soulages. Je pense à la terre, à l’ardoise. C’est particulièrement frappant quand on arrive de Collioure ou du Lot!”.

Jusqu’ici, le noir n’apparaissait pas dans son travail. “Il a une présence trop puissante. Quand j’en mets, je ne m’en sors pas”. 

Didier Saby le sait et l’affirme simplement: “ma peinture est vraiment le produit de mon environnement!”. Qu’il y ait des singes ou non à Rodez ne change rien à l’affaire.

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