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Anne Devailly

Retour à la liste Ajouté le 14 sept. 2018

Nina Childress : Le hibou aussi trouve son petit joli

Toulouse, France

vendredi 21 septembre 2018
dimanche 21 octobre 2018

Installation, Peintures, Production — Musée Paul-Dupuy
Exposition organisée dans le cadre du Printemps de Septembre

Afin de préserver ses oisillons de l’appétit de l’Aigle, le Hibou de la fable lui en dresse un portrait trop flatteur. L’Aigle, quand il les voit, n’y retrouve pas leur description si élogieuse et les dévore. Dans son nid du Musée Paul-Dupuy, Nina Childress couve la revanche des petits. Elle puise dans les réserves du Musée des Augustins des œuvres d’artistes mineurs, oubliés ou mal-aimés qui retiennent son attention pour des raisons formelles ou thématiques et elle les associe à ses propres tableaux choisis pour leur connivence objective avec tel ou tel aspect des tableaux anciens. Ces rencontres sont organisées par murs et par salles de manière à esquisser une histoire méthodique de la condition des femmes dans la peinture et la sculpture.

Il n’y a pas de tableau inintéressant aux yeux de Nina Childress qui sait toujours voir dans les plus négligés de quoi retenir son attention et susciter son affection. Il ne s’agit pas d’une simple pose paradoxale mais d’un profond attachement à la peinture. Certaines œuvres qu’elle n’a pas pu obtenir, elle les a repeintes à sa façon, ni copie ni pastiche. Une autre, dont le sujet présentait une image exécrable du machisme ordinaire, elle a choisi d’en donner une version « floue-nette » qui en fait un subtil tableau abstrait. Ainsi fait-elle (re)voir et revivre une quarantaine d’œuvres anciennes (1501-1925) parmi la trentaine des siennes, préexistantes ou réalisées pour la circonstance. Poids des âges et chocs des tableaux, il en résulte une autre idée du musée, de son rôle, de ses potentialités, quand les artistes s’en mêlent et l’émancipent de ses vieux poncifs d’écoles, de styles et de chronologie.

Égérie punk avec Lucrate Milk et pionnière du graffiti avec Les Frères Ripoulin, à l’aube des années quatre-vingt, Nina Childress s’inscrit dans le sillon de la « Figuration libre », rend visite à Jean-Michel Basquiat et à Keith Haring à New York et importe en France une version du street art. Sa peinture joue, depuis une trentaine d’années, d’une grande porosité à la culture populaire et d’une appétence ludique tant pour les canons de la peinture classique que pour l’impressionnisme ou les images pop. Gustave Courbet, Gerhard Richter, David Hockney, Julian Schnabel se croisent dans son Panthéon. Représentée par la galerie Bernard Jordan, elle questionne la représentation de la nudité dans l’Occident, au travers d’expositions telles que L’Effet Sissi, au Mamco (Genève) en 2011, ou Magenta, au CRAC de Sète en 2015. Née en 1961 à Pasadena, elle vit et travaille à Paris.
Exposition conçue à partir d’œuvres des collections du Musée des Augustins, du Musée du Louvre, du Centre national des arts plastiques et de la Galerie Bernard Jordan.

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