S'asseoir à côté d'un ange (2019) Peinture par Fouad Yahiaoui

"S’asseoir auprès d’un ange"

En 2015, encore étudiant, je travaillais comme vendeur dans une boulangerie à Aix en Provence. Le magasin était situé à l’entrée d’un Super U, ce qui fait qu’il y avait du passage pratiquement toute la journée. Pleins de visages déferlaient devant moi. À force, quelques-uns devenaient des habitués. Parmi eux, il y avait cette superbe jeune fille qui parlait à peine le français. Une chinoise qui respirait la joie de vivre et l’énergie de la jeunesse. Elle s’appelait Manlin Wu.

Elle passait me prendre des muffins au chocolat et des baguettes tous les jours. Une relation sympathique entre vendeur et client se construisait tendrement. Même les jours où elle ne m’achetait pas quelque chose, elle passait par le Super U et ne partait pas avant de m’avoir dit bonjour avec un large sourire. Et quand j’étais occupé, je remarquais qu’elle ralentissait jusqu’à ce qu’on s’échange nos salutations journalières.

Et puis on a gardé contact sur facebook et je découvrais que sa passion était la danse du ventre. Je regardais ses photos et je la trouvais de plus en plus belle. Mes pinceaux frémissaient à sa vue. Alors tout naturellement des images foisonnaient dans mon esprit : je devais la peindre.

Ainsi, « s’asseoir à côté d’un ange », « Manlin Wu » et « Manlin Wu en rouge » sont nés.

Les deux premiers sont des tableaux de techniques mixtes sur toile et le 3eme est de la peinture à l’huile sur toile.

Comme dans la plupart des tableaux que je fais, la symbolique est fortement présente. Chaque objet représenté est choisi selon une signification bien précise . J’aime laisser du mystère autour du sens des tableaux.

À titre d’exemple, les grenades qu’on voit à la gauche de Manlin Wu (le modèle féminin nu) fait référence aux 7 grains de grenade que Perséphone avait mangé lors de son passage aux enfers dans la mythologie grecque. Ce qu’il lui a valu d’être l’épouse de Hadès et de partager son temps entre son règne infernal et sa présence auprès de sa mère « Déméter. »

J’ai choisi cet élément car elle symbolise le fait d’avoir gouté à quelque chose qui nous condamne à ne plus pouvoir s’en séparer.

Lorsqu’on regarde attentivement tout ce qui constitue l’œuvre , et qu’on arrive à donner un sens à chacun d’eux, on arrive à lire et à comprendre le message qui est souvent personnel et intime pour moi.

Fouad Yahiaoui