Christophe Guillière
Le poisson d' avril variable
Jadis encore, on reconnaissait le poisson primo-avrilesque à des caractères bien précis qui l' isolaient invariablement de ses congénères à nageoires. Par un de ces tours de passe-passe de l' évolution, il semblerait maintenant impossible, pour le commun des mortels, de le distinguer de son espèce voisine, et pour tout dire proliférante, à moins d' avoir l' oeil exercé de l' ichtyologue confirmé. C' est une compétence que je n' ai pas, et pour moi, le poisson d' avril-mai-juin-juillet... c' est du pareil au même. J' ai bien le souvenir d' avoir pu le voir et même l' attraper, cet animal mythique; j' ai un vague souvenir qu' il était différent des autres, qu' il sortait quand même du ban. Mais là...
Peut-être un jour on va le retrouver... comme le coelacanthe qu' on croyait disparu depuis des millions d' années, quelque pêcheur va le remonter dans ses filets, c' est pas impossible. Il était tout aussi dur à avaler que le poisson d' avril variable, mais beaucoup plus amusant dans mon souvenir.