Ajouté le 9 juin 2005
Quand un philosophe peint, il peint la peinture. Sa peinture se fait réflexion sur elle-même et le tableau est toujours auto-figuratif.
Ici, la réflexion prend un tour métaphysique. Quand le peintre voit les choses visibles, il ne les voit pas retranché, comme d'un balcon. Il les voit du dedans d'elles, parce que son corps est l'une d'elles. Il est un visible qui voit le visible. En lui, le visible est comme retourné sur lui-même. Un creux est aménagé, un pli sans l'ombre duquel ne pourrait naître la perception visuelle.
Tout se passe comme si le dévoilement des choses était plissement, tissu, ... toile.
Quand le peintre peint, c'est le monde qui se plisse et se fait toile. La peinture est toile par essence. La toile n'est pas cette chose que le peintre recouvre de couleur. Elle est le substrat métaphysique du geste de peindre. Elle émane des choses visibles quand un visible les creuse et regarde, comme leur croûte, leur peau sur laquelle les couleurs apparaissent comme des sécrétions. Le visible se peint. Et le peintre n'est rien que la toile qui l'habille.