Laurent Bavella

Laurent Bavella, intervenant auprès des enfants

" La rencontre de Laurent Bavella, animateur d'ateliers d'art enfantin, offre un démenti — peut-être exceptionnel, mais exemplaire — au pessimiste tableau dressé par Thévoz. Interrogé sur ses ateliers, Laurent Bavella commence à parler de son travail de création personnel. Photographe, peintre et dessinateur, il se définit comme « un pur autodidacte à 150 % » ! Ses ateliers se sont inventés à partir de sa propre pratique. Il expose à l'espace autogéré Comme Vous Emoi, qui lui propose, au regard de sa production, d'animer un atelier d'arts plastiques pour enfants. Bavella met au point une méthode de création de « personnages imaginaires ». Il propose aux enfants d'imaginer un personnage, et les fait travailler sur le processus artistique, avec des moyens professionnels… Il montre ses dessins aux enfants qui l'interrogent sur sa pratique. Il les incite à produire, en quantité, leur permettant de passer du petit au « format plus grand qu'eux ». Le résultat est magique. Quant à la méthode : « Elle devenait tellement complexe que je ne comprenais plus rien moi-même », raconte Bavella, « les enfants adoraient : ils m'appelaient "le Savant" ! » Au cours du travail, il intervient dans le processus, mais jamais dans l'imaginaire : « Les ateliers, c'est un dialogue, un dialogue épuisant ! » Le travail individuel en grand format est rarement pratiqué dans les ateliers pour enfants, quant à l'utilisation de techniques professionnelles, tout le monde en dissuadait Bavella. Il a pourtant installé un laboratoire de couleurs dans son atelier (pastels à l'huile, pigments, liant, poudre de marbre, sable, sciure…), afin que les enfants travaillent à la fabrication de la couleur, et que le rendu soit meilleur. Le mot « coloriage » banni : « La page de coloriage, c'est la catastrophe nucléaire de la pédagogie ! Un peintre ne colorie pas. La peinture, ça tourbillonne ! C'est du vent, la peinture ! » Bavella fait travailler les enfants comme des peintres : en les forçant à la difficulté, à la conservation du geste, du rythme, de l'énergie. « L'art, c'est se dépasser… Ce n'est pas "Ne pas dépasser". » Belle formule, permettant aux enfants de créer un personnage imaginaire qui les dépasse… À l'occasion de ces ateliers, Laurent Bavella a fondé en 1999 l'association Les p'tits points d'or… À partir de la collection d'art enfantin rassemblée, des photographies et des films réalisés dans l'atelier, les projets sont multiples : un cd-rom pédagogique, un site internet, le montage d'une grande exposition d'art enfantin… Un imaginaire à suivre… "

un extrait d'un très bel article de Céline Delavaux
dans l'excellent magazine culturel "Cassandre", no 57, printemps 2004

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En 1943, Picasso, visitant une exposition de dessins d'enfants, déclare à Brassaï : « Quand j'avais leur âge, je dessinais comme Raphaël, mais il m'a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme eux. »
Et je suis bien d'accord avec lui !