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Armando Teixeira

Retour à la liste Ajouté le 7 févr. 2018

exposition "meroria da pel"

Dans cette exposition Armando Teixeira présente 4 nouvelles séries de peintures. Mais peut-on dire qu’il s’agisse encore de peinture tant ces œuvres s’apparentent à des « objets- magiques » ?
L’artiste met en scène deux figures géométriques archétypales : le cercle et le carré. La rencontre et l’union des opposés : espace infini et espace déterminé, blanc et noir, sacré et profane, féminin et masculin, céleste et terrestre…
Piéger la lumière, mettre des forces en jeu, explorer « l’immensité intime » suivant l’expression de Bachelard ; le travail de Armando Teixeira s’apparente à celui d’un alchimiste.
Dans son atelier angevin, entouré de ses outils fétiches, il expérimente les effets de corrosion et d’oxydation des métaux : graver, assembler, polir, découper. Maniant poudres de silice et cendres, acide nitrique et sulfurique, il fait naitre d’autres images de la matière inerte...
Mais peut-on vraiment compter sur notre propre vision pour appréhender ces images ?
Elles ont l’étoffe des songes- paysages fantomatiques, nuées, eaux bouillonnantes, éjaculations volcaniques, écumes marines-visions fugitives qui questionnent l’universalité de notre regard : « Est-ce que deux personnes regardant un paysage voient la même chose ? ». Comme autant de pupilles dans lesquelles se reflèterait un même paysage, les marines encadrées de carrés de métal patiné composent une série sans fin. Autant d’êtres humains, autant de visions.
Ces « fantasmagories » nous parlent de l’impermanence du monde et comme autant d’occasion de méditer sur l’effacement des images et l’oubli.
Dans les grandes résines noires, on retrouve la figure du cercle, multipliée, mais toujours inscrite au centre d’un carré. Dans chaque cercle est gravé un paysage fertile, bruissant, différent à chaque fois. Cercles et carrés se multiplient jusqu’à couvrir toute la surface du tableau. Mais à travers le jeu de la lumière, des noirs mat et des noirs brillants, Armando Teixeira fait apparaitre une autre figure géométrique : le symbole ancestral de la fertilité. C’est une grenouille stylisée qui annonce l’eau, les récoltes, les enfants à naitre. Une célébration cosmique de la naissance de la vie.
Il y a du sorcier chez Armando Teixeira, du désir de « charger » ses œuvres d’un pouvoir efficient, d’un Khargi, un peu comme ces châsses liturgiques contenant les ossements sacrés qu’on révérait jadis.
Dans cette nouvelle série des Méduses, le rapport à la terre et aux trésors qu’elle recèle est tout aussi présent. Il a glané sur les plages de Haute Normandie des plumes de goélands : deux mille cinq cent plumes qu’il a patiemment ébarbées et qui constituent la nouvelle matière dont il va se saisir. Dans cette série son travail quitte de plus en plus la surface du plan pour devenir « objet-sculpture ».
Ce sont des « memoria da pel », mémoire de peau. Peut-être celle de ses errances dans les paysages secrets, sur ces plages où l’artiste a ramassé ce qui a résisté à l’érosion du temps… comme les fossiles pétrifiés de ces « Prodigieuses créatures ».
Florence Evrard- mars 2017

Artmajeur

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