Pour cet artiste-peintre solaire, l’un des plus doués de sa génération, le dessin se fait musique, les couleurs se font voiles au coeur de la toile, l’inspiration des rencontres pour guide, l’expiration des émotions pour ancre et pour boussole.
Au gré de ses déambulations fureteuses, au coeur de ses destinations de voyages, il hume à plein nez le parfum capiteux des horizons tropicaux, se nourrit l’âme de musiques sans frontières, d’inspirantes rencontres de passage, libre comme les créateurs de l’ombre qui ont guidé ses pas sur leurs traces pionnières. Alfredus - son patronyme d’artiste - restitue dans ses oeuvres picturales les êtres et les choses qui ont aimanté son regard. Il suffit de l’écouter pour s’en convaincre :
« L’art est l’expression directe du monde intérieur de l’homme. » Caribéen dans l’âme, « Guadeloupéen de coeur » né à Nantes en 1982, il n’est âgé que de quelques mois quand il découvre son environnement insulaire, aux côtés de ses parents venus s’installer dans l’archipel. Sa vocation d’artiste comme ses nourritures spirituelles, son empathie précoce pour les êtres authentiques qu’il affectionne n’ont cessé, au fil du temps, de l’ancrer à coeur dans son territoire d’élection.
Ses premières armes d’artiste polymorphe, de graffeur discret mais passionné, il les forge dans l’inspirante modernité du “street art”, des musiques du monde de la nuit et des “performances” à valeur d’expression poétique mêlés. Chez Alfredus, les expériences fondatrices foisonnent. Les thématiques d’exposition de ses oeuvres les plus récentes en témoignent : “Flux musical”, “Partitions de couleurs”, “Matrice du métissage”, avec, en fil rouge, un étonnant parti-pris conceptuel. « Il existe un lien naturel entre sons et couleurs ». Dernier exemple en date : la série de ses “visages coups de coeur”, ornés d’un arc-en-ciel chromatique de couleurs mises par l’artiste en synergie fusionnelle, avec une subtilité convaincante. Ou, plus abstraite, sa série “Synesthésie” - du grec syn (ensemble) et aisthesis (perception) - symbole de la fascinante conjonction de sensations suscitée entre peinture et musique. Chaque tableau devient espace physique ouvert, où la couleur affirme sa dimension vibrante.
Par Daniel ROLLE