Aleph Uteza Lysimaque est une artiste contemporaine née en 1993 à Nice. Diplômée de l’Institut du Droit de la Paix et du Développement, et formée à l’International Institute of Humanitarian Law de San Remo, elle vit et travaille entre l’arrière pays niçois et l’Italie. Sa rencontre avec la communauté artistique de Saint-Paul-de-Vence fut déterminante et devint le catalyseur d’une démarche qui depuis, ne cesse d’évoluer. Aleph intègre une réflexion transdisciplinaire et une approche conceptuelle dans son travail, nourrissant une démarche qui met en tension le réel et ses représentations, à l’intersection entre fragmentation et continuité.
L’anthropocène constitue l’un des axes majeurs de son travail. Le projet « Anthropos, archéologie d’une espèce en voie de développement », initié comme un projet au long cours, adopte une méthodologie d’enquête empruntée aux sciences humaines et sociales pour appréhender la problématique de l’anthropocène. Une tentative d’approcher le réel dans sa complexité pour déconstruire et (re)-penser les concepts de civilisations, de progrès, et de condition humaine au prisme des bouleversements environnementaux.
Le diaphane, emprunté au monde de la lumière et assimilé au domaine de la pensée, est utilisé dans son travail comme une méthode, un révélateur ouvrant la voie à une ontologie de l’intervalle, cette ambiguïté au sein d’un milieu infiniment clair et infiniment obscur, ce mi-lieu soumis à un perpétuel mouvement par lequel le visible émerge et se retire. Une posture face au réel où le médium photographique, détaché de son rôle de simple représentation, tend à combler l’abîme qui sépare le règne de l’apparence et celui de l’être.
À l’opposé d’une approche qui privilégie la cohérence et l’unicité, son travail refuse de s’inscrire dans une homogénéité fixe, linéaire ou close. En revendiquant la discontinuité, il reflète une vision intrinsèquement liée au monde contemporain, où l’éclatement des formes traduit la multiplicité du réel et le rejet d’un regard unique ou définitif. Cette vision qui se donne en fragments, interroge les attentes imposées par les structures de la civilisation: celles d’un monde qui exige du sens, de l’unité, et de la cohérence pour mieux l’absorber. L’interruption devient alors un geste critique qui suspend, déconstruit, et effleure ce qui ne saurait se réduire à une totalité.
Dans l’instabilité, le fragment est une tension qui ne se résout jamais tout à fait, là se joue peut-être une facette de la condition humaine : une suite de moments disjoints, d’expériences partielles qui refusent de se résoudre dans un ensemble rassurant