La dure loi du sablier (2019) Peinture par Jean-Jacques Layeux

Acrylique sur 5 cartons mousse superposés et collées, découpes. La partie inférieure du sablier (en noir sur la photo) est en fait une découpe = le vide !

Extrait du texte l'accompagnant sur l'audioguide :

Pourquoi avoir voulu faire une toile sur « La guerre » ?
Car dans toutes les guerres, quelle que soit leur forme, sont horribles et même terminées, elles ont semé la mort, le viol, la torture, les vies détruites par les blessures, les traumatismes, etc. Et la catastrophe ne concerne pas seulement, l’Homme mais aussi les animaux et toute forme de vie et nous le voyons près de chez nous en Europe avec entre autres la Turquie qui à travers l'Azerbaïdjan veut détruire l'Arménie chrétienne, la Russie qui envahit l'Ukraine sans oublier plus loin de nous, … mais est-ce si loin, le Yémen, la Malaisie et bien d’autres pays hélas.
Les trois quarts de la toile qui représentent le ciel sont recouverts d’une couleur bleu foncé parsemée de noir, le tout tracé à coup de pinceau plat désordonnés.
C’est un ciel de tristesse, de terreur, un ciel comme s’il avait été sali des crimes commis.
Le bas de la toile est parcouru de rouge et de traces de cramoisi avec des taches de bleu foncés qui se mélangent avec le rouge, comme si des morceaux de ciel mort s’étaient mélangés à la terre, une terre gorgée du sang et des scories que produit toute guerre.
L’horizon où se rejoignent ciel et terre est un magna de toutes ces couleurs, car c’est là que se rejoignent toutes les horreurs.
Et là, sur cette terre de détresse et le haut du corps dans ce ciel de mort, une femme assise, nue, les jambes ramenées contre son corps, les bras croisés serrant fort ses jambes.
Elle est à la fois lumineuse et transpirant la tristesse, la peur, l’horreur de ce qu’elle a vécu et s’apprête à vivre.
Elle est à la foi belle et le corps marqué par la faim et le malheur qui l’habite
Elle est toute l’humanité qui souffre. Elle a été dessinée avec des traits noir et est d’apparence maigre, sa peau est gris bleu parsemé de noir. Son corps est le résultat de ses privations.
Sa chevelure mi longue, mélange de rouge, de roux et d’ocre lui entourent légèrement le visage, effleurant ses épaules émaciées.
On retrouve des traces de cette couleur sur sa figure et son corps car elle respire, elle vit, elle est forte, elle se reconstruira.
Mais alors, pourquoi cette détresse dans ses yeux ?
Non, la guerre n'est pas joyeuse.
Oui, hélas, certains en profitent pour s'enrichir.
Oui, la guerre est horrible.
Et pourquoi avoir choisi une femme pour illustrer la guerre ?
Je soutiens que la femme, sans négliger l’homme, tient une place à part dans cette horreur qu'est la guerre qui voit les pires instincts, les plus bas, les plus vils s'abattre sur elle, le viol, la torture et l'asservissement qui la détruisent.
Et pourtant, elle ressort de tableau, lumineuse, elle semble hors du tableau, déjà loin et plus forte que la guerre.
Sa bouche légèrement entrouverte semble nous interpeller, « plus jamais cela, le bonheur de vivre et non la mort ! »

Chaque feuille représente un élément et est couverte du nom de l'élément représenté dans des langues différentes. Au centre, le sablier

Les 4 éléments, l’Homme croit les maîtriser, mais en fait, les voit-il, les connaît-il ? Il croit voir de la terre, de l’eau, sentir le vent, la chaleur du feu … mais, perçoit-il la réalité ? Perçoit-il ce que sont réellement ces éléments sont composés d’atomes en mouvement, eux même constitués de nucléons, protons et neutrons, eux même composés de quarks, sans parler des champs et des incertitudes apportées par la mécanique quantique et du vide quantique. L’homme ne maîtriserait-il qu’une illusion ? Les quatre éléments ne seraient-ils qu’une illusion ? La terre contient de l’eau, l’eau de l’air, le feu se nourrit d’air, etc. Chaque élément conduit à l’autre. Et si le temps qui s’écoule hors de notre volonté était le cinquième élément qui finit par les réunir tous en un vide, un vide fait d’énergie … ? Et que représentent l’Homme et ses activités dans cet univers, sur cette terre ?
Nous nous croyons importants alors que … Alors que nous ne sommes qu’un grain de sable parmi d’autres. Avec ou sans nous, la terre, l’univers continueront leur course. Bien des espèces ont disparu avant nous et d’autres disparaîtront après nous. Mais ce grain de sable que nous sommes, par ses activités souvent irréfléchies et trop souvent seulement guidées par l’immédiateté et pour certains, par l’appât du gain, entraîne dans une course folle notre précipitation dans le vide du sablier, entraînant avec nous ce que des milliers, des millions d’années ont créé comme vie.
Nous ne sommes rien, mais la prise de conscience de l’impact de ce rien sur notre environnement, sur la vie qui nous entoure et à laquelle nous appartenons, nous oblige à la modestie, nous oblige à nous resituer dans le système où nous vivons. Certes, l’existence, par définition, a un impact sur ce qui est, mais l’Homme n’aura un avenir qu’en prenant conscience que toute action le rapproche plus ou moins vite de la chute dans le vide du sablier et qu’il a une responsabilité vis-à-vis des autres espèces qu’il entraîne avec lui.

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