Manu Frigerio

Manu Frigerio par Claude Boué

Ce qui me frappe dans les portraits inventés de Manu Frigerio, c'est le contraste équilibré entre la tension du geste qu'on perçoit brut, éveillé «c'est de la bombe, bébé!» et la stase des personnages, animaux ou humains.
Cet oxymore parfaitement baroque a le pouvoir médiumnique de précipiter le regard du spectateur, que croise fermement celui du modèle imaginaire, au cœur d'un éclatant mystère.
Les animaux, les séries de portraits de singes et de chèvres. Sont un parfait véhicule de la spiritualité de l'artiste. Les visages humains, eux, ont la dureté des supports qui les accueillaient avant la toile.
Qu'on ne s'y trompe pas, sans faiblesse, comme dans l'art rupestre, comme sur les murs de nos cités, c'est la puissance de la vie qui est ici objet de célébration. Même les masques et totems, figures de sous la peau, dansent.
Manu peint, rappe, vit avec une intense, instinctive et sauvage élégance.

Claude Boué