Ajouté le 19 déc. 2013
Dessiner ? C’était mon rêve d’enfant. Le geste de l’artiste est, je le crois celui de l’enfance retrouvée. C’est ce que j’essaie de faire passer dans mes séances. Ma mère s’est farouchement opposée à mon rêve : « ce n’est pas un métier », m’a-t-elle dit. J’ai tenu bon. Acceptée au concours des beaux-arts à 17 ans, j’ai gardé les pieds sur terre : une vie active à l’éducation nationale pendant 25 ans. Je ne la renie pas, au contraire ! Entrer dans le système éducatif n’est pas un hasard quand on aime transmettre, écouter, devenir le réceptacle des craintes ou des désirs d’autrui et devenir surtout un révélateur : coucher sur papier ce qui est enfoui en moi, coucher sur papier ce qui est tapi chez celles et ceux que j’accompagne dans une démarche d’apprentissage artistique.
Médaille de bronze Art sciences & Lettres, Prix d’Honneur salon International des Arts – Paris 1er , prix de la ville de Noisy le sec, une visibilité outre-manche dans les îles anglo-normandes, des expos en cascades... Ces récompenses, ces tableaux accrochés, je les dois à ma modestie dans le travail et à mon labeur dans la passion.
Transmettre : cela reste pour moi la pierre angulaire de l’acte de créer. Sinon, à quoi bon murer ses dégradés dans une tour d’ivoire ? L’art-thérapie, je connais ce domaine depuis maintenant presque vingt ans grâce à un travail associatif, un encadrement dans mon atelier et des structures extérieures : centres de gériatrie, de loisirs. Tout est venu d’une envie et d’un cursus universitaire d’art-thérapeute. Évacuer le traumatisme par la peinture. Vite, il me fallait monter un projet, avoir un objectif, l’impulser : l’hôpital de l’Hôtel-Dieu de Paris m’offre cette opportunité unique. J’aurais tant à en dire…
Peindre, c’est, pour moi, apprivoiser le cauchemar ; c’est aider l’autre dans l’exorcisation de ses angoisses. Je ne m’en cache pas : je suis une « affective », une intuitive. Je ressens avec empathie ce qui met l’autre dans un état ou un autre. Il ne suffit pas seulement d’écouter et de diriger, ce serait trop simple. Il faut, et c’est ce à quoi je m’attache infiniment, considérer l’autre dans une démarche globale, à travers ses ressentis, ses expériences vécues et pourquoi pas ses rêves, ses projections, ses passions. Mon travail est, avec le geste et la parole la plus simple du monde, de réintégrer dans le moment présent la force de ce qui construit chacune et chacun de nous : un créateur qui s’ignore. A moi de le révéler, à vous de me suivre, à nous de réinventer.