Nadine Thomas

Nad (Nadine THOMAS) - février 2005 -

Pourquoi le clitoris ?

Et pourquoi pas !!!

Non, parce que…

Parce que j’entends toujours parler des femmes par rapport aux tâches ménagères, à leurs rides, à leurs seins… Parce que j’entends toujours parler de la femme par rapport au nombre de cigarettes qu’elles fument, aux verres d’alcool qu’elles supportent très mal… Parce que j’entends toujours parler des femmes par rapport au harcèlement dont elles sont victimes, et dont elles sont soit-disant les provocatrices… Parce que j’entends toujours parler des femmes par rapport à l’allaitement, à la grossesse… Parce que j’entends toujours parler des femmes par rapport aux maladies sexuellement transmissibles…

Mais, surtout, parce que je n’entends jamais parler du plaisir intime de la femme !!!

Parce que je n’ai pas trouvé grand chose sur mon petit organe érectile encore appelé « cœur de fleur » ou « bouton de jade », comme s’il ne fallait pas prononcer les mots : règles, vagin… et clitoris !

Ne parlons pas de l’éjaculation féminine !

Les livres concernant notre intimité féminine sont presque introuvables et doivent sans doute se compter sur les doigts d’une main…

Pourtant, la femme possède un clitoris ! il ressemble au pénis masculin ! Et il est tout aussi agréable à voir ! tout aussi intéressant au niveau de son fonctionnement !
Alors, pourquoi ne pas le montrer ???

En janvier 2004, j’ai regardé une émission télévisée sur Arte « Le clitoris, ce cher inconnu ». J’ai eu un choc en me rendant compte qu’avant ce théma, j’étais quasi ignorante au niveau de mon propre sexe !
J’ai aussi été révoltée de savoir que, pendant toute l’histoire de l’humanité, l’homme avait relégué mon organe à moins que rien !

Le lendemain, après avoir retourné dans tous les sens ce que je venais de découvrir, je me suis sentie poussée par une envie irrésistible de peindre ce clitoris, de le montrer, de l’afficher, d’en faire un thème de création personnel.

Je ne suis plus arrivée à l’oublier, j’en suis devenue encore plus fière et je me suis dit : «j’ai un « zizi », moi aussi, je « bande » ! j’ai fait ma première toile et j’étais toute contente de moi !
J’ai eu envie de partager ma vision, ma découverte avec le monde entier !
A ce moment là, je lui ai trouvé une importance capitale pour les femmes d’abord, mais pour les hommes aussi, puisque la nouvelle donne au niveau du clitoris remet en cause toutes nos idées sur le sexe en général !

Il était là ! Il a fallu tout reprendre à zéro. On devait se regarder, faire connaissance, s’apprivoiser… pour arriver à un dialogue et faire du chemin ensemble, lui et moi.
Cela s’est fait petit à petit. Je l’ai regardé de toutes les manières et dans tous les sens possibles. Je m’en suis imprégnée pendant des mois. Je l’ai agrandi, il est tellement superbe ! Je l’ai découpé délicatement, pour mieux le posséder. Je l’ai complètement étalé sur la toile. Je l’ai reconstruit, multiplié, pour le coller et lui donner une vraie place. Je l’ai sublimé pour qu’on en dise enfin du bien et qu’il soit reconnu pour ce qu’il est. Et, finalement, je l’ai oublié pour le transposer dans ma vision du monde.

Et, je continue de peindre sur ce thème par plaisir.
Le clitoris me libère, sans doute parce qu’il me fait penser à une belle fleur prête à s’envoler, ou à un insecte aux ailes déployées, et qu’il est doux, fragile et mérite le respect.
Je continue de jouer en peinture avec mon petit organe. Pour moi, c’est la meilleure manière de donner ma vision au public pour qu’il intègre la femme, pleine, entière, dans sa vie de tous les jours.

J’aimerais que le clitoris ne redevienne plus jamais ce petit étranger, cette petite chose qu’on rejette ou qu’on détériore parce qu’il est mal connu !
Je voudrais que les hommes arrêtent à tout jamais d’arracher le seul organe des femmes qui les fait jouir librement de leur plaisir !
Enfin, j’ai envie de dire que j’aime mon clitoris et que je souhaite à toutes les femmes d’être fières de ce petit trésor !