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Galerie Nadine GRANIER

Retour à la liste Ajouté le 18 juin 2014

Tant qu’il y a de la vie…

Tout d’abord, avec cette exposition de Bernard Alaux, nous allons visiter une partie de l’histoire de l’Art, non pas que Bernard copie, loin de là et loin de ça.

Sa peinture est pénétrée par des images par nous connues, mais de telle manière que l’on ne peut pas se tromper, c’est Bernard Alaux !

Il met en avant une manière de peindre qu’ont emprunté parfois les cubistes, ses aplats et dégradés sont en cousinage avec ces peintres, mais encore une fois, il donne sa forme qui n’appartient qu’à lui.

Il y a une volupté dans ses gestes et ses recouvrements qui nous laisse entrevoir la couche première posée sur la toile.

C’est cette couche qui construit «  l’image  » et comme un trait en appelle un autre, il bâtit sur la surface une «  réalité  », l’évidence, la véracité de ce que nous sommes et que parfois nous avons tendance à oublier. 

Il nomme ce que nous sommes, différents des autres, mais en même temps si proches.

Quand, par exemple, il se rapproche de Soutine, l’on peut se voir comme le portrait de Dorian Gray effrayants parfois que nous sommes et donc plein de la vie qui nous transforme  ; en même temps, en illusionniste, Bernard laisse entrevoir la façon dont par moments nous pouvons être «  clownesques  ».

Alors certes, il nous parle d’histoires et des personnes chez lui ou du monde, mais surtout il pose un acte éminemment politique. 

Nous sommes face à des situations tragiques dont on ne peut pas dire que l’on ne les voit pas puisque nous avons tous accès à la communication, journaux, télévision, internet.

Bernard Alaux nous dit que des autres, on s’en moque. 

Ce qui à court terme prouve donc le peu d’empathie, de compassion et de considération que nous avons de nos semblables et à long terme que l’on n’est finalement pas très intelligent, car si c’est le profit immédiat qui nous obsède, les autres, non possédants, peuvent se relever.

Et s’ils se relèvent, ils nous feront payer cette indifférence et cet égoïsme.

Mais puisque nous sommes quand même devant des peintures, quittons la «  politique  » et ses effets souvent néfastes.

Je parlais de Soutine que Bernard Alaux convoque dans certains de ses personnages, il y a une souffrance dans plusieurs de ces visages.

Continuons sur la peinture, la manière de peindre de Bernard comme je l’écris plus haut est très voluptueuse, les dégradés passent d’une couleur «  douce  » à une autre de façon très sensible, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de ruptures dans les coups de pinceaux, la fluidité est une constante du geste de Bernard Alaux.

Malgré le sujet, la thématique grave, Bernard reste dans le plaisir, la sensualité de la peinture et il a envie de nous faire partager cette félicité picturale.

L’on n’est pas obligé d’appréhender des événements graves avec une «  palette  » austère et ascétique.

Par contre, Bernard Alaux ne nous ménage pas, ses visages, sont tous porteurs d’une colère et de tourments qui ne peuvent nous laisser indifférents.

Mais, c’est là que sa peinture est juste, elle nous somme de réfléchir et de nous poser la question du pourquoi nous sommes là, du pourquoi nous en sommes là.

Derrière des dégradés et couleurs qui donnent au regardeur une satisfaction esthétique, Bernard Alaux en illusionniste qu’il est, nous piège en nous procurant des émotions et délices visuels. 

Il profite de notre ravissement pour faire passer au travers de ses personnages la colère et l’exaspération face à ces lendemains qui ne chanteront peut-être pas.

Au travers de ses couleurs que l’on pourrait déguster tels des bonbons, il nous emmène avec ses volutes en Orient, au Japon, finalement un peu partout, nous voyons aussi des vêtements dont les plissements auraient pu être ceux de la Renaissance.

En regardant les peintures de Bernard Alaux, il m’est un rapprochement que d’aucuns vont trouver osé, voire naïf, mais ses roses, ses verts, ses mauves, violets, rouges, rouilles, sont près des couleurs acidulées de Tim Burton.

Même si les personnages de Bernard Alaux, sont en colère et ceux de Tim Burton souvent étonnés, désorientés ou décontenancés, j’y vois une même manière d’appréhender le monde. 

Les colères des uns, hébétudes des autres désignent le mal-être face à une société violente qui les rejettent.

Il leur reste, aux uns et aux autres la détermination de rompre l’engrenage malfaisant.

Et après tout Tim Burton n’est pas le moindre des compliments que l’on pourrait faire à Bernard. 

Parfois, est-ce un corps ou un violoncelle  qui traversent ces peintures  ? Des serpentins, une guitare, un accordéon.

Justement en parlant d’accordéon, accordons-nous sur une réalité, la peinture de Bernard Alaux, poétisation de la vie quotidienne et fut-elle grave ou dramatique, nous indique malgré tout qu’il ne faut pas perdre espoir. 

Il nous enseigne que, si j’ose «  tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir  ».

Michel Fourcade, Artiste Plasticien

 

Artmajeur

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