Marie-Claire Touya Image de profil

Marie-Claire Touya

Retour à la liste Ajouté le 7 mars 2016

Un roman oui!!! DE MUSIQUE ET D'OMBRE

Voilà, je me lance.

Voici les premières pages de mon premier roman, policier, policier? Il en a tout l'air, mais...

 

 

De musique et d’ombre

 

Par Marie-Claire Touya

 

 

 

 

 

 

       - Je vous écoute, posa calmement le commissaire Zorro.

     Je me tournai vers mon compagnon, Pierre, qui d’un hochement de tête, m’encouragea à prendre la parole :

     - Notre fils, le pianiste Robin Duhamel, a disparu.

     - Disparu ? Mais il fait la promotion de son nouveau CD et on ne voit que lui à la télé et dans les medias !

     - Ce n’est pas lui, mais un imposteur.

     Son sourcil gauche se releva, interrogateur, passablement incrédule. A priori, il ne nous prenait pas au sérieux. Rien d’étonnant à cela, nous le comprenions sans difficulté !

    - Vous paraissez très sûrs de vous. Comment en êtes vous arrivés à cette conclusion ? Qu’est-ce qui vous permet d’être aussi affirmatifs ? A quoi l’avez-vous vu ?

    Les questions arrivaient en rafale...Ce monsieur ne s’en laissait pas compter et voulait des preuves, des vraies.

    - A son oreille droite, répondis-je sur un ton assuré.

    - Son oreille droite ? Vraiment ! Vous êtes formels ? 

    - Oui, absolument formels, vous pouvez nous croire nous ne plaisantons pas, affirma la bande en choeur…la bande, c’est-à-dire nous quatre, Yann, Fabienne, Pierre et moi.

   - Nous préfèrerions de beaucoup, ajouta Pierre dans le blanc qui suivit, d’une voix qui pesait des tonnes.

   Le regard du commissaire s’arrêta sur son visage, puis longuement sur chacun des nôtres. Un regard qui nous sondait, intrigué, sérieux, réceptif.

  Un ange passa.

  - Bon, dit-il fermement, reprenons depuis le début. Formalités d’usage : noms, prénoms, adresses, professions.

 Il nota nos réponses soigneusement.

   - Donc, pour récapituler, Madame Frédérique Tomasini et Monsieur Pierre Duhamel, vous êtes les heureux parents du jeune Robin Duhamel, pianiste renommé de vingt huit ans, Madame Fabienne Tomasini vous êtes sa tante, et vous, Monsieur Yann Imoven, le compagnon de Madame, termina-t-il en montrant Yann. Et vous êtes sœurs donc, conclut-il en désignant Fabienne et moi.

     - Absolument, approuva Yann.

     - Et vous recherchez activement depuis le vingt et un octobre, tous les quatre donc, Robin Duhamel avec qui vous n’avez aucun contact depuis le vingt et un février. Pourquoi avez- vous attendu huit mois et demi avant de venir au commissariat ?

    - C'est-à-dire…avançai-je d’une voix hésitante,

   Pierre me coupa la parole avec brusquerie :

    - Ma compagne avait peur que vous nous tourniez en ridicule parce que notre fils est plus que majeur et qu’il a le droit de faire sa vie comme il l’entend, et que s’inquiéter de la soi-disant disparition d’une personne très en vue sur les médias peut sembler...loufoque !

    - Ce sont des raisons sensées. Vous allez me raconter tous les évènements depuis le vingt et un février, date de votre dernière rencontre, mais d’abord, parlez moi de cette oreille.

   Il était toute ouïe et nous, rassérénés. Enfin un interlocuteur attentif, qui visiblement ne  nous prenait  pas pour des hurluberlus et allait s’occuper de notre problème.

  Je me lançai :

  - Notre fils a une cicatrice très visible au bord de l’oreille droite, longue de deux centimètres, qui part  du bord ourlé de l’oreille et partage le pavillon, et le jeune homme que nous avons vu deux fois à la télé, n’en a pas.

  - Comment l’avez-vous remarqué ? 

  - Il a été filmé chaque fois sur son côté droit puisque son interviewer était assis à sa droite sur l’écran.

   - Votre fils a peut-être fait intervenir un as de la chirurgie esthétique ? Mais d’abord de quand date cette cicatrice ?

     Fabienne prit la parole 

   - C’est une blessure d’enfance. Robin jouait avec mon fils Nicolas, son cousin donc, qui a sensiblement le même âge, dans le jardin de la maison familiale de Carcassonne, où nous avions l’habitude de nous retrouver tous de temps en temps. Tous, c'est-à-dire nous, les deux sœurs, nos compagnons et nos enfants.  Ils avaient ...autour de dix ans ?

   Elle demandait mon assentiment, j’approuvai du chef.

    - Plus exactement, reprit-elle, Nicolas, mon fils, courait après Robin, qui, sachant que son cousin ne le poursuivrait pas jusque là haut car il avait peur, escalada le portique de la balançoire pour lui échapper. Il était très agile. Il s’installa à califourchon sur la barre supérieure et se tenait fermement et tranquillement avec les deux mains en attendant que Nicolas s’éloigne pour redescendre. Jusque là rien de vraiment exceptionnel. Par contre personne ne sait ce qui s’est passé ensuite, ni ce qu’a vu ou fait Robin, mais il a poussé un grand hurlement et est tombé…sur une pierre malencontreuse  et s’est carrément déchiré l’oreille.

     - Ce n’était vraiment pas beau à voir, coupa Pierre, mais mieux valait ça que s’ouvrir le crâne !

     - Ensuite ? dit le commissaire,

     - Ensuite, poursuivit Pierre, urgences, opération, et une grosse cicatrice bien visible.

     - Et pas d’intervention de chirurgie plastique. 

     - Non, répondis-je. A l’adolescence, l’âge où il faut être comme tout le monde et le plus parfait possible, Robin était très complexé par cette vilaine trace dépigmentée. Nous avons donc couru les chirurgiens esthétiques les plus renommés pour voir si l’un d’entre eux pouvait arranger ça et nous avons obtenu partout la même réponse : cette partie du corps est trop peu charnue et trop cartilagineuse pour y effectuer une réparation convenable. Robin a donc choisi d’abandonner l’idée d’une opération qui lui faisait peur,  il l’avouait bien volontiers, depuis la chute il redoute les hommes en blanc. Il a laissé pousser ses cheveux, son oreille était cachée, tout allait bien.

     - Parlez moi de cette chute, insista le commissaire : vous dîtes que votre fils a dû voir ou faire quelque chose qui l’a provoquée. Avez-vous des détails ? Vous lui avez sûrement posé des questions une fois l’affolement passé. Son cousin était témoin, il ne vous a pas raconté les choses de façon plus précise?

      Fabienne me regarda, je pris la parole :

      - Cette chute reste un vrai mystère. Robin n’était jamais tombé du portique auparavant. Il a commencé à l’escalader très jeune. Au début son père et moi avons protesté, il nous faisait peur, honnêtement. Puis c’est devenu une habitude, de là haut on voit la Cité de Carcassonne, les jardins des voisins, ça doit être assez plaisant, pas franchement confortable, mais plaisant. Non, nous n’avons  toujours pas compris. ce qui s’est passé… Nicolas était témoin donc, il nous a dit que lui non plus n’avait rien compris : son cousin était assis là-haut, il le regardait en prenant son mal en patience, de toute façon il faudrait bien qu’il redescende à un moment ou à un autre … Soudain Robin a lâché la barre pour porter ses deux mains à sa bouche, ou en tout cas à son visage, et a hurlé. Nicolas était au pied du portique mais derrière lui, par conséquent il n’a pas pu voir son expression.

     - Et vous les avez interrogés, je suppose ?

     - Oui bien sûr, cuisinés même. Rien. Nicolas s’en est tenu à ce que je viens de vous dire, quant à Robin, il s’est buté parce qu’il était sûr que nous allions lui interdire de jouer au singe sur le portique,  et nous n’avons rien pu en tirer. Muet comme une tombe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

Artmajeur

Recevez notre lettre d'information pour les amateurs d'art et les collectionneurs