Voilà deux ans qu'une petite tribu de tubes de peinture a atterri chez moi. Achetés probablement pour satisfaire les velléités artistiques d'un adolescent qui s'en sera servi deux fois avant de s'en lasser, ils sommeillaient au fond d'une boite. Or il advint qu'un déménagement amena leurs propriétaires à faire du tri dans leurs placards. On peut supposer que les tubes de peinture se sont recroquevillés avec effroi sous leurs bouchons quand leur boite a flotté un instant au-dessus de la poubelle. Mais finalement, changement de plan, on décida de les proposer à une collègue qui aimait dessiner.
Leur nouvelle situation chez moi les a probablement laissés dubitatifs au début. Les voilà tombés chez une mère de famille au métier prenant, qui courait partout, tout le temps. La boite risquait fort de rester à nouveau fermée. Pourtant, elle s'est ouverte, et le jour suivant, et celui d'après aussi. Les tubes sont sortis au grand jour (enfin, en admettant qu'il fasse encore jour après 22h). Pleins d'espoir, ils se sont appliqués. Le jaune a étincelé, le rouge a flamboyé, la vert a exhalé la fraicheur de la menthe et le parfum du sapin, le bleu a chanté le ciel et les outremers. Quant au noir, il est majestueusement venu prendre place au milieu.
Cela m'a plu. J'aime les couleurs saturées, les lignes franches, et le contraste. Je dessine souvent des animaux, toute une arche de Noé dont les yeux perplexes et doux m'apaisent ou me font sourire. Les pinceaux sont aussi l'exutoire des mes moments de tristesse et d'indignation. Je les vois également comme le moyen d'honorer la mémoire de certaines personnalités historiques. En effet, mes filles regardent souvent mes dessins par-dessus mon épaule, alors j'espère que ces héros les inspireront. J'espère en fait que ces images inspireront tous ceux qui les verront.
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