Ajouté le 8 nov. 2005
Depuis que je peux tenir un crayon, je dessine,...un peu comme tous les enfants. A l'adolescence je dessinais encore, sans montrer ce que je faisais. J'ai longtemps voulu garder mes dessins pour moi, comme pour les protéger du monde extèrieur, de l'arène des regards. Longtemps j'ai refusé d'imaginer en faire un métier, pour ne pas voir cette passion éventuellement gâchée par les travers que peut parfois engendrer le milieu professionnel. C'est en suivant des études d'Histoire de l'Art, dans l'optique de travailler autour d'artistes, que je trouvais un bon compromis à mes yeux : rester dans l'ombre, au service de l'Art et des artistes. Plus tard, des études de Droit m' ont éloigné de ma passion et c'est seulement en 1998, par le biais d'une rencontre avec un ami qui s'y frottait un peu, que j'ai découvert le graphisme sur écran. A l'epoque je travaillais,et ce double apprentissage, de l'informatique et de l'infographie, était pour moi un loisir, une façon de m'évader d'un travail bien encombrant. Il a fallu pas mal de temps avant que je ne tire quelquechose de valable de ma machine, et bien des années encore avant que je me refuse à d'autres compromis professionnels, et que j'essaie réellement de vivre du dessin.
Parce qu'il s'agit bien de dessin.
L 'ordinateur n'est qu'un outil de plus au service des artistes; le stylet d'une tablette graphique n'a rien de magique, ni rien de plus qu'un crayon ou un pinceau. Il faut comprendre qu'une tablette graphique n'enlève ni ne rajoute rien au simple coup de crayon sur une feuille de papier, on n'y perd par exemple, aucune sensibilité.Je souhaiterais vraiment participer à un changement d'opinion concernant l'Art numérique; à savoir que les infographistes-qui en ont la volonté-soient reconnus en tant qu'artistes et non en tant qu'exécutants techniques aidés pour ne pas dire " assistés " d'outils informatiques. Ainsi, je m'attache à tenter de donner au graphisme sur écran la chaleur, la poésie et l' " âme " d'un dessin papier ou d'une toile ; de me servir de la technologie à notre disposition pour découvrir les nouvelles perspectives de création et d'exploration du domaine artistique qu'elle nous offre.
Je cherche à tendre vers une sorte de nouvelle imagerie qui verrait les frontières entre le dessin, la peinture, la photographie et l'image de synthèse devenir floues puis disparaître. Je tente de développer une esthétique qui me serait propre et originale. Je ne suis jamais en quête de "perfection" du résultat de mon image, je préserve au contraire son côté spontané; tout en étant méticuleuse, je ne reviens que très rarement sur une image. Un dessin n'est jamais fini, je l'aime flou, et pris sur le vif comme pourrait l'être une photographie. J'essaie de garder une ligne directrice dans mon travail, le plus spontanément possible, je me laisse aller à mes inspirations. Le processus de création est à mes yeux tout à fait fascinant. Je ne saurais dire exactement d'où me viennent mes élans créatifs, ni pourquoi ils m'abandonnent parfois pour de longues périodes. Ce côté aléatoire et sans contrôle de la création me captive et je me laisse soumettre à lui. Je pense souvent à Giacometti qui disait qu'il ' regardait sa main sculpter '. Et il est vrai que j'ai parfois le sentiment, sans tomber dans des délires paranormaux, que je me vois dessiner, plus que je ne décide de ce que je dessine. Je ne suis pas plus en quête de "performance" technique, j'essaie toujours de faire passer la poésie et la créativité avant tout, et je dessine d'abord pour moi et mon propre plaisir. Le jour où je dessinerai en me souciant d'abord de savoir si cela plaira aux autres, alors je me serais trahie.
"Peu importe que je tienne le stylet d'une tablette graphique ou un crayon, c 'est la main qui dessine."
C'est en ces mots que je défendrais la noblesse de l'infographie si elle était attaquée. Je n'aime guère l'expression 'assisté par ordinateur', elle sous entend trop l'importance de la machine sur l'individu. Or, soyons clairs, aucun micro processeur de nos jours du moins, ne possède encore les composants de la créativité, de l'inspiration, de la volonté, de l'imagination, du coup de crayon, voir même pour certains, du talent. L'ordinateur, au même titre que n'importe quel outil, a ses contraintes et ses facilités. Il est pour l'instant, le média qui me sied le mieux, mais je ne me mets aucune limite, j'aborderai peut-être d'autres techniques. Ce qui, idéalement, devrait prévaloir dans le regard du spectateur, c'est le résultat, l'image finale et non la technique choisie. On s'attache trop souvent à mon goût, à d'abord me demander 'comment' plutot que 'pourquoi'.Comment parvient on à une telle image? Plutot que pourquoi ai-je dessiné ça ou ça ? A en rester au côté technique de l'image dite de synthèse, on en oublie de la regarder avec attention, de la regarder vraiment plutot que de simplement la voir. En cela, l'ordinateur nuit quelque part à l'oeuvre, il la détrône, prend le devant de la scène là où il devrait rester dans l'ombre.Qui se soucie de savoir quel numéro de pinceau a utilisé le peintre sur sa toile ?... Qui se soucie surtout de ne savoir que ca de l'oeuvre qu'il a sous les yeux ?Je voudrais que la création numérique ne soit plus appréhendée comme un art plus que mineur qui ne résulterait que des performances de calcul des machines. Il m'arrive de faire le parallèle avec les premiers photographes du XIXème siècle, à qui certains devaient probablement reprocher de se servir d'une 'machine' pour reproduire le réel, là où les peintres se servaient eux, de leur talent.
De nos jours, tout en chacun est capable de reconnaître qu'il faut un certain talent pour être photographe, le fameux 'œil du photographe', et plus personne ne lui reproche de se servir d'une machine pour nous donner à voir sa réalité. Combien de temps l'image numérique devra-t-elle attendre pour être reconnue à son tour comme un Art? Aujourd'hui les créations numériques sont mon activité essentielle, parallèlement je réalise des travaux graphiques tels que flyers, webdesign, illustrations (...)
En faisant le choix de travailler seule, en indépendante, j' ai pour le moment préservé ma passion des travers professionnels que je redoutais, il ne me reste" plus qu'à" poursuivre.
Les sources d'inspiration :
Les autres, leurs vies, la mienne. Le monde artistique, le cinéma, la musique, l'image, la décoration. Internet. Les animaux. Les rêves. La littérature. L'univers du antastique que je découvre réellement par l'intermédiaire de ma collaboration au projet "Requiem from [your] Dreams". Ce qui m'intéresse tout particulièrement dans cette aventure, c'est toute la philosophie et l'esthétique du conte et son originalité à être raconté en mots, notes, et pixels. Je touche de très près et pour la première fois le domaine de l'illustration dans des sujets qui m'intéressent comme la religion, le rêve, la vie, la spiritualité .
Préférences artistiques:
Elles n'ont pour ainsi dire presque rien à voir avec mon travail :
-les peintres monochromes tels que Aubertain et Soulages.
-le Symbolisme de Gustave Mossa.
Les sujets de prédilection :
La femme :
Elle est souvent le support à 'autre chose', cependant il est vrai que dessiner des femmes m'apparaît parfois comme une obsession. Je crois qu'un artiste cherche toute sa vie à réaliser l'œuvre absolue, l'image qu'il a en tête, obsédante et qu'il tente à chaque fois qu'il commence une toile de concrétiser.
La femme (ange, fatale, animalière, machine, héroïne fantastique, poupée, vampire etc.) reste mon principal sujet de création.
Les créatures androgynes, dandy…Les vampires : Pour l'esthétique de l'image, toujours hésitante entre horreur et beauté. S'il s'agissait 'écriture, on qualifierait mes dessins d'oxymoron.
J'aime allier dans une même réalisation l'affreux et le beau, pour qu'ils se fondent pour créer une troublante harmonie.
Les représentations de la vie, telle que dans la création "Sans titre" sont finalement mon univers graphique, et c'est cette dernière création que je considère comme la plus réussie.