Se (dé)saisir, 3/9. (2019) Photographie par Virginie Boutin

Vendu par Virginie Boutin

Oeuvre signée par l'artiste
Certificat d'authenticité inclus
  • Édition limitée (n°8/10) Photographie, Photographie numérique sur Papier
  • Dimensions Hauteur 15,8in, Largeur 23,6in
  • Encadrement Cette oeuvre n'est pas encadrée
  • Catégories Surréalisme
Quoi que je fasse, c’est toujours depuis moi que j’appréhende les autres et le réel. Je suis un territoire de part en part, dont les autres sont exilés. De mon monde, ils perçoivent les contours que délimite mon image, tandis que moi, depuis mes coulisses, je ne me vois pas. Je suis une scène qui m’est invisible bien que j’y joue le premier rôle. 
Quoi que je fasse, c’est toujours depuis moi que j’appréhende les autres et le réel. Je suis un territoire de part en part, dont les autres sont exilés. De mon monde, ils perçoivent les contours que délimite mon image, tandis que moi, depuis mes coulisses, je ne me vois pas. Je suis une scène qui m’est invisible bien que j’y joue le premier rôle. 

Recluse à l’intérieur et captive de l’image qu’il projette à l’extérieur, j’observe les yeux des autres qui sont autant de projecteurs braqués sur moi. Sous leur faisceau lumineux, je deviens un pur objet. Ainsi chosifiée, je me regarde à travers leurs yeux. Que voient-ils de moi ? Que montre-t-on de soi ? Que cache-t-on ? Qu’est-ce qui est rendu visible ? 

La pensée investit alors le devant de la scène. Puisque je pense ce corps que j’ai, je ne suis pas que mon corps. Or, bien qu’elle le surplombe, la tête c’est encore et toujours du corps, ce pourquoi la pensée est incapable de se quitter, inapte à ne plus penser. La pensée ne sait faire que penser, si bien qu’elle identifie le réel à elle-même et finit par le faire penser malgré « lui », en lui prêtant une intention, un sens, dont il est pourtant dépourvu. 

La pensée est l’espace où nous sommes au monde et d’où nous le projetons – un entre-monde – ce pourquoi elle n’est jamais au réel sans en être tout à fait hors, sur le bord, entre le corps et le dehors, à mi-lieu des deux bien qu’au milieu de nulle part, comme le point de fuite où s’artificialise leur rapport. 

La figure du double ou du dédoublement de soi se situe dans cet interstice et s’inscrit dans cette complexité, laquelle se rapporte, au sens propre, à ce qui est tissé ensemble. Car la réalité de la pensée est d’incorporer le réel. 

Ces double-portraits font apparaître la distance de soi à soi au fondement de la réflexivité, ce dédoublement nécessaire au dialogue de la pensée avec elle-même à l’endroit de son corps dont elle ne peut se défaire, exposé au regard de l’autre et en prise avec le réel. Le dédoublement est ici un miroir renversant le dualisme entre le corps et la pensée, car il n’y a pas de pensée sans corps ni de corps sans pensée.

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Virginie Boutin est une photographe et écrivain française se rattachant au courant de la photographie plasticienne. Elle se définit elle-même comme une « artiste-essayiste »[...]

Virginie Boutin est une photographe et écrivain française se rattachant au courant de la photographie plasticienne. Elle se définit elle-même comme une « artiste-essayiste » dont la pensée est l'objet de réflexion. À l'occasion de résidences d'artistes, elle mène des recherches plastiques et réalise des mises en scène photographiques, s'attachant à photographier sans sujet. Dans son œuvre, elle essaye de représenter la pensée, afin de la rendre sensible. Elle définit ainsi sa démarche : « Mon travail ne consiste pas à représenter le réel mais à représenter la pensée au sein du réel. » Elle crée, à partir de matériaux hétéroclites les plus improbables, des images qui sont des concepts sensibles cherchant à donner à voir le processus réflexif. L'image met en forme et traduit l'abstraction des idées. Ses recherches esthétiques sont indissociables de l'écriture. En 2008, elle publie dans la collection « Ouverture philosophique » aux Éditions L'Harmattan un essai intitulé Petite scénologie de la pensée : Expérience sur l'idiopathie humaine, dans lequel elle essaye de mettre en scène la pensée comme art de rendre le monde pensable. Elle collabore par ailleurs à plusieurs revues universitaires, notamment la revue Plastir, dans laquelle elle publie en 2014 sous le titre Pensoir de poche, fragments d'une pensée à l'œuvre, la première partie de ses notes de travail, qu'elle définit comme un « manifeste pour un art de penser. »

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