Ajouté le 20 mars 2007
Par C.S. (Critique d'Art).
Amoureuse d'atmosphères, eva delvaux explore et conjugue fort heureusement l'art de peindre et l'art d'écrire.
D'un symbolisme troublant, son travail semble appartenir à l'œuvre étonnante d'une alchimiste contemporaine et visionnaire.
Plasticienne et poétesse à l'état pur, elle organise la matière et les mots dans un champ d'expérimentations, où elle traduit avec passion, l'expression de sa propre mouvance.
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"A la découverte d'un talent", par J.L. (Journaliste).
eva delvaux jongle avec les mots, la matière et la couleur. Tantôt poétesse, tantôt peintre, parfois déconcertante, mystérieuse même, eva est indiscutablement authentique. Peintre mi-engagée, mi-enragée, elle ne supporte pas la compromission. Son œuvre est étroitement liée à sa personnalité, derrière ses lunettes brille un regard, parfois inquisiteur, mais surtout profondément sensible et bon. Goélette solitaire, elle avance au milieu d'un océan de couleurs où se reflètent toute la tendresse et la solitude humaine.
Son art contraste. Finesse et brusquerie sans cesse s'opposent. La douleur, l'anxiété, l'ennui sont là, omniprésents, dans une œuvre où réalisme et morosité vont de concert, mais qui telle une photographie sont le reflet d'un événement recréé par l'artiste. Réalisées telles des peintures et comme des B.D., ses premières œuvres d'où ressortait une ambiance à la COMÈS intriguaient, dérangeaient. Son art, petit à petit, s'est ouvert, libéré. Sans chercher à plaire, son œuvre s'est faite plus authentique, son regard s'est fait plus tendre. Il a su se faire plus léger sans rien perdre de sa profondeur.
Ses peintures, comme par exemple, " Musique dans la nuit " sont devenues le règne de la couleur, la dictature de la lumière, transparence, profondeur, reflet de sa sensibilité viscérale. Est-ce la grandeur de la nuit, est-ce l'immensité de la scène ? Qu'importe. L'accordéoniste joue, pantin de paille, musique de talent, le joueur d'accordéon dégage un flux de sonorités. eva hurle, pleure, rêve, aime, espère …, elle mord, aboie et se donne.
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"Des Créatures Mouvantes", par N.J. (Journaliste).
Notre coup de cœur de la première Biennale d'Art Contemporain ira à eva delvaux, tant pour ce qu'elle fait que ce qu'elle est :
Voilà dix ans qu'elle n'avait plus exposé. "Je n'avais plus envie d'étendre sur les murs des œuvres beaucoup trop personnelles". Si les dix dernières années n'ont pas donné lieu à des expositions, cette artiste a néanmoins beaucoup écrit, beaucoup peint. Beaucoup brûlé aussi.
Et pourquoi reprendre contact aujourd'hui ? Par rapprochement avec tous les artistes contemporains qui exposent ici ? "Pour moi, contemporain ne veut rien dire. Nous sommes tous dans un même terreau, nous y poussons juste différemment voilà tout. Je ne me sens donc ni proche, ni lointaine des autres artistes". Les peintures qu'eva propose ici ont la particularité de faire jaillir de la toile un visage, une main, des reliefs. Ses "Créatures". Mais ce n'est pas pour autant sa "marque de fabrique".
La griffe de cette artiste ? Il est impossible de lui attribuer avec certitude la paternité des œuvres qui jonchent son atelier. Rien ne relie un tableau à un autre, si ce n'est la poésie qui se dégage de chaque œuvre. "Je peins comme j'écris. L'oeuvre n'appartient que temporairement à son créateur. Ensuite, elle s'abandonne à d'autres regards". Parce que demain ne sera jamais comme aujourd'hui, parce qu'elle est en éternelle introspection, eva delvaux se refuse d'appartenir à une mouvance ou à un style.
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Préface de : "Hier, aujourd'hui et demain", par P.B. (Ecrivain).
Les mots poésie, poète, viennent du grec et signifiaient à l'époque "faire".
Le poète désignait, alors, l'écrivain à qui l'on devait les paroles et la musique des épopées, des drames et des chansons lyriques.
Au fil des siècles, au fil des ans, le terme a pris le sens qu'il possède encore plus ou moins actuellement, à savoir : "Celui qui exprime le beau par la parole".
Il y a, évidemment, diverses sources de beauté, tant dans le fond que dans la forme.
Qu'est-ce que la poésie, actuellement ? Les réponses sont multiples, mais n'est-ce pas d'abord une aspiration vers l'idéal ?
A l'heure actuelle, on écrit beaucoup et, suivant la critique littéraire, notre pays est celui qui possède le plus de poètes au kilomètre carré.
eva delvaux est une grande poétesse, c'est incontestable. On sent, en elle, cette émotion pure qui vibre et fait vibrer les alentours et obtient toujours la puissance d'un effet par une simplicité de moyens.
La poésie est dans les choses avant d'être dans l'expression. Aucune forme n'a le privilège exclusif de l'énoncer.
Le vrai poète ne doit pas nécessairement connaître la musique, il possède instinctivement les éléments essentiels de cet art différent du sien, mais qu'il applique dans ce qu'il écrit parce que cela ajoute un rayonnement sensible
à l'idée qu'il veut exprimer.
Il y a beaucoup de musique dans ce qui va suivre … Bienvenue au concert.
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Avant propos de : "Et l'Oeuf créa la Poule", par D.P. (dit Rémy de Battyre).
La démarche de s'intéresser à l'art est, dès le départ, biaisée. Faut-il inéluctablement une approche volontariste ? Ne peut-on pas simplement se laisser capturer dans l'instant par l'œuvre ?
Et dans le même esprit, l'art n'est-il art que par la perception qu'en a son public
ou a-t-il son existence propre ?
La démarche, c'est trop tard pour se prononcer … elle est entamée déjà à la lecture de ce préambule. Quant à l'existence propre, elle aussi est maintenant acquise, par le poids de l'ouvrage.
Ne nous reste alors plus que l'artiste … eva delvaux a ici préféré l'autodérision à l'auto apitoiement, l'ironie et le cynisme à l'esprit revanchard. On entre ?
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"Métempsycose des gens et des choses", par J.C.V. (Critique d'Art – Journaliste)
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metempsycose-des-gens-et-des-choses_t-20080809-00HALF.html
eva delvaux joue sur le destin des choses, comme une thaumaturge. Elle utilise un bidet de WC et en fait un océan dérisoire dans lequel un scaphandrier a découvert un coffre aux trésors.
Elle prend une sculpture kitch du Christ transportant sa croix et la mue en pente raide que des cyclistes, dopés sans doute, gravissent péniblement. Le premier lève les bras au ciel, Jésus y lève le regard, comme pour implorer de faire cesser cette humiliation. Et ça s'appelle "Le chemin de Choix de la Petite Reine".
eva delvaux ironise. Elle panique aussi. Ses dessins montrent une angoisse latente, une inquiétude permanente, que nulle ironie ne vient faire sourire. Sauf celle du cadre, travaillé, coloré, ornementé, kitch lui aussi, comme pour souligner les silhouettes oppressées à l'intérieur.
Et puis, il y a ces têtes de poupées, surgies de la toile ou de la surface de l'eau, se demandant avec beaucoup de crainte ce qu'elles font là. C'est une baignoire dans "Emergence". Une baignoire orientale, en mosaïque. L'eau est noire et recouvre la tête de la baigneuse, jusqu'aux yeux. Seuls le menton et les lèvres rouges apparaissent. Et un commentaire de Rémy de Battyre dit : "Le dévoiler, enfin".
C'est une tête de bambin dans "Relief picture", qui surgit d'une pellicule. Film parlant : "Le cinéma, quand il se met en œuvre lui-même, devient comme une image de l'image, comme un hommage. Dommages". Ce sont cinq têtes de poupées dans "J'étais un enfant". Sans commentaire. Pour ne pas exorciser la peur. eva delvaux est sans pitié pour nos émotions.
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Art in América.
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