Qu’est ce qui vous a poussé à devenir un artiste ? Quel est votre parcours ?
J'ai toujours été attirée par l'art. A 12 ans je savais qu'il ferait partie intégrante de ma vie. Je suis autodidacte et aujourd'hui je considère que c'est un atout. J'ai mis du temps à être en accord avec ma production mais j'ai trouvé ma voie artistique seule sans influence professorale. Je suis fière de ce parcours hésitant. A un moment donné, j'ai cru en moi et tout à changé dans le résultat de mon travail.
Quelles sont les 3 choses qui vous différencient des autres artistes ?
N'est-ce pas aux autres de le dire? Il est difficile d'avoir un regard extérieur sur soi-même. En revanche, je dirais que mon travail combine la force, l'humain et le questionnement.
Votre inspiration, elle vient d’où ?
Aussi loin que je me souvienne, j'avais une attirance, une empathie, un soutien pour les êtres différents que je défendais d'un monde que je trouvais déjà cruel. Également mes voyages à travers le monde et notamment le continent africain influence ma créativité où la rencontre avec les populations est ma priorité.
Parlez-nous de la conception de vos œuvres, avez-vous un long travail préparatoire ou est-ce assez spontané ?
Je réalise en première partie une multitude de têtes, bras, pieds et corps en céramique. En parallèle, je possède un stock de bois de charpente et de bois flotté. Souvent la sculpture prendra vie comme une évidence, sans réflexion. Ça se fait tout seul, je dirai. Je suis souvent surprise du résultat. Je m'étonne moi-même (en toute modestie).
Que voulez-vous montrer à travers votre travail ?
Je cherche à engager la réflexion sur les différences et les inégalités des peuples à travers le monde. Je traduis mon incompréhension d'un monde qui oublie l'humain. J'incite à développer un regard plus poussé sur notre quotidien.
Dans votre travail utilisez-vous des techniques ou matériaux qui sortent de l’ordinaire ?
J'associe la céramique enfumée à des matériaux de récupération et issues de la nature (vieux morceaux de bois, tissus, cordes, cuirs, métaux et papiers souvent brûlés)
Avez-vous un format de prédilection ? Pourquoi ?
Non, tous les formats m'attirent. Peut-être une difficulté pour les petites pièces mais cela devient un défis et au final j'aime ça.
Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre travail ?
Le transport des œuvres (rire). Je pense que c'est le problème de tous les sculpteurs...
Comment travaillez-vous ? Chez vous, dans un atelier partagé, dans votre propre atelier ?
Je vis dans une maison atelier. Il y a plus d'espaces de travail que d'espaces de vie.
Le travail d’artiste vous amène t-il à beaucoup voyager ?
J'expose principalement dans toutes les régions de France, parfois en Europe. Mon leitmotiv étant la rencontre de l'autre, la réflexion sur l'humain, j'aimerais pouvoir conjuguer mes expositions à des voyages plus lointains.
Quel a été le plus beau moment de votre carrière ?
La première fois que je suis rentrée dans le Grand Palais en tant qu'artiste exposante et non en tant que visiteuse.
Comment voyez-vous votre travail dans dix ans ?
De grandes pièces avec encore plus de force émotionnelle.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ? Planifiez-vous bientôt une exposition ?
Je travaille actuellement sur de grands personnages non totémiques. Mes prochaines expositions sont pour la Galerie "village d'artistes " de Rablay sur Layon (49) et le Salon Comparaisons au Grand Palais Éphémère de Paris dans le groupe "singulière sculpture" de Bruno Lemée en février 2022.
Si vous aviez pu créer un chef-d'œuvre de l'histoire de l'art, lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Le Palais Idéal du Facteur Cheval. Pour l'originalité de l'œuvre dans son époque et qui le reste aujourd'hui. Pour la ténacité de cet homme. Pour la dimension extraordinaire de l'œuvre.
Si vous pouviez inviter un artiste célèbre pour le dîner (mort ou vif), lequel choisiriez-vous ? Pourquoi ?
Ousmane Sow pour la force de son œuvre, son histoire personnelle, l'humain qu'il représente.