Qu'est-ce qui vous a poussé à créer des œuvres d'art et à devenir un artiste ? (événements, sentiments, expériences...)
Je ne pense pas qu’on devienne artiste, on l’est ou on ne l’est pas… le processus de création répond à un besoin presque vital. La technique sans cette envie n’est rien.
Pratiquer un art peut être un divertissement, un « passe-temps » ça ne fait pas de la personne un artiste au sens propre du terme.
Ce qui me pousse à créer de nouvelles œuvres c’est le chemin emprunté qui fait que je ne sais pas où je me rends et c’est une véritable aventure, ma toile change de minute en minute, évolue, change de direction, je la tourne, la retourne change de direction, d’envie, de couleur, de forme… la création reste un mystère pour moi… qu’est-ce qu’il fait que j’emploie à un instant précis du « bleu de Prusse » ? qu’est-ce qui fait que je trace une forme plutôt qu’une autre ? qu’est ce qui fait qu’au final je choisis un sens à ma toile au sens propre comme au figuré ? Ce doit être ce qu’on appelle l’inspiration…
C’est l’état dans lequel je suis et la foule de sensation qui m’envahit qui me pousse et me stimule. Lorsque je signe une toile, j’ai l’impression d’être sorti vainqueur d’un duel, d’un combat.
Quel est votre parcours artistique, les techniques et les sujets que vous avez expérimentés à ce jour ?
J’ai suivi un cours supérieur de peinture décorative où j’ai appris les imitations de matière, bois, marbres etc, ainsi que la technique du trompe-l’œil, ce qui m’a fait me diriger vers l’hyper réalisme lorsque j’ai commencé à délaisser le « mur » pour peindre sur toile.
Avec cette technique, on calcule tout, le dessin, les lumières, les ombres, les ombres portées, les proportions, les perspectives, une fois le sujet créé on a aucune surprise.
En 2013, lassé de ce type de peinture j’ai décidé de tout changer, j’ai troqué mes pinceaux pour des couteaux, l’huile pour l’acrylique et l’hyper réalisme pour l’abstrait et l’expressionisme abstrait
Quels sont les 3 aspects qui vous différencient des autres artistes, rendant votre travail unique ?
Je pense que l’on reconnait ma « patte » mais que mes toiles sont toutes différentes, j’ai une sorte de signature grafique…
Je procède beaucoup par grattage de la toile, je peins d’abord l’arrière-plan, puis je repeins par-dessus et viens ensuite redécouvrir mon fond par endroit en jouant avec les formes et les perspectives pour retrouver les couleurs de ma base. Cette technique est assez unique et le fait que la peinture utilisée soit de l’acrylique oblige à peindre vite, car une fois la peinture sèche « l’enlevé » n’est plus possible
Le challenge de l’assemblage des couleurs
D'où vient votre inspiration ?
Mon inspiration vient de la couleur et de ses associations. Lorsque je ne veux pas prendre de risque je choisis des harmonies colorées dites « Classiques » et lorsque j’ai envie de voyager je choisis des couleurs moins faciles à assembler, le risque est plus grand, le voyage plus risqué, mais le résultat plus original et unique.
Quelle est votre démarche artistique ? Quelles visions, sensations ou sentiments voulez-vous évoquer chez le spectateur ?
Je souhaite que le spectateur s’approprie ma toile, qu’il entre dedans, c’est une incitation à la rêverie. Je souhaite que ma peinture soit élégante et onirique… le spectateur est seul juge afin de déterminer si le but est atteint.
Une fois signée, la toile ne m’appartient plus, je laisse une grande place au spectateur afin qu’il ne se sente pas à l’étroit. Mes silhouettes désormais présentes dans la plupart de mes toiles apportent un côté humain à l’abstrait de l’arrière-plan, il est ainsi facile de s’y promener et trouver ce que l’on est venu chercher ou de découvrir ce que l’on ne pensait pas trouver
Quel est le processus de création de vos œuvres ? Spontané ou avec un long processus préparatoire (technique, inspiration des classiques de l'art ou autre)?
Spontané. Je ne veux plus réfléchir, calculer, préparer, savoir où je vais. Soulage à dit : « La différence entre un artiste et un artisan c’est que l’artisan sait où il va » je crois que je suis … artiste :)
Utilisez-vous une technique de travail particulière ? si oui, pouvez-vous l'expliquer ?
Comme je l’ai dit précédemment je travaille avec différentes couches que je « gratte » afin de faire apparaitre les couches précédentes, ce travail ne peut se faire que tant que la peinture n’est pas sèche, ensuite il est trop tard…
Y a-t-il des aspects novateurs dans votre travail ? Pouvez-vous nous dire lesquels ?
Je suis sans arrêt en recherche de nouveautés, de choses à explorer, j’incorpore ainsi à mes toiles de nouveaux matériaux tels que sable, colle à placo-plâtre , lave noire, collages, je varie les médiums, acrylique, marqueurs, pigments. J’ai acquis une solide technique en plus de 30 ans de peinture ce qui fait dire à mes amis que je suis un peu comme un chat, je retombe toujours sur mes pattes. J’ai peint plus de mille toiles depuis 2013 je n’en ai jeté aucune… toujours arriver à ne pas renier ce que je fais et rendre la toile « signable »
Avez-vous un format ou un support avec lequel vous êtes le plus à l'aise ? si oui, pourquoi ?
Je préfère les grands formats je pense que c’est parce que j’ai commencé par peindre sur les murs… question d’habitude. Le plus petit format sur lequel je peins est 60/60 cms, le plus fréquent 100/100 cms, le plus grand (excepté sur les murs) 200/200 cms
Où produisez-vous vos œuvres ? A la maison, dans un atelier partagé ou dans votre propre atelier? Et dans cet espace, comment organisez-vous votre travail de création?
J’ai la chance de vivre à la campagne, près de Cahors, et j’ai une grande grange aménagée en atelier galerie. Il y a l’atelier qui mesure environ 25 m2 et l’espace exposition qui lui fait plus de 100 m2
Votre travail vous amène-t-il à voyager afin de rencontrer de nouveaux collectionneurs, pour des salons ou des expositions ? Si oui, que cela vous apporte-t-il ?
Je travaille énormément avec les grandes galeries du Web ; c’est la première année où je « sors » vraiment de ma grange pour exposer. Je suis très productif et peux donc mener plusieurs expositions de front. Le contact humain est la chose la plus importante que je ne peux avoir avec le Net. C’est toujours un plaisir de rencontrer les spectateurs et j’adore ceux qui commencent leur phrase par : « Je n’y connais rien mais…. »
Parce qu’ils ont un côté candide ce sont les mieux placés pour parler de ma peinture, des vrais spectateurs, sans préjugés, sans jugement, sans dogme, juste des « regardeurs ».
Comment imaginez-vous l'évolution de votre travail et de votre carrière d'artiste dans le futur ?
Je n’imagine rien, je fais à l’instinct, je prends du plaisir et j’essaie d’en donner. Je vends beaucoup de toiles ça flatte l’égo, mais le plaisir est avant tout celui de peindre. Tant que j’ai du plaisir et que j’en donne, je continue…
Quel est le thème, le style ou la technique de votre dernière production artistique ?
C’est un abstrait pur qui s’appelle « LE DERNIER MOT » une toile 100/100cms, un assemblage avec du marqueur posca en fond de toile, de la peinture diluée passé par-dessus formant des volutes et beaucoup beaucoup de couleur, seul un petit triangle est resté blanc, « c’est le dernier mot » il reste à écrire…
Pouvez-vous nous parler de votre expérience d'exposition la plus importante ?
Non, je n’ai pas d’exposition plus importante, exposer c’est déjà très bien, c’est une chance extraordinaire, il n’y en a pas une plus importante que l’autre
Si vous aviez pu créer une œuvre célèbre dans l'histoire de l'art, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?
La pie de Monet, la première peinture qui m’a fait rester une heure la bouche ouverte… :)
Si vous pouviez inviter un artiste célèbre (mort ou vif) à dîner, qui serait-ce ? Comment lui proposeriez-vous de passer la soirée ?
Ce ne serait pas un artiste peintre… :)
Olimpia Gaia Martinelli
