Elise Gobeil, la technique de grisaille et glacis

Elise Gobeil, la technique de grisaille et glacis

Olimpia Gaia Martinelli | 29 mars 2023 6 minutes de lecture 0 commentaires
 

"J’ai une aptitude naturelle pour le dessin, j’y ai mis plusieurs années de pratique avant d’explorer le monde de la peinture".

Qu'est-ce qui vous a poussé à créer des œuvres d'art et à devenir un artiste ? (événements, sentiments, expériences…)

J’ai une aptitude naturelle pour le dessin, j’y ai mis plusieurs années de pratique avant d’explorer le monde de la peinture. Peu encouragée à poursuivre mes études en Arts, j’ai tout de même poursuivi mon exploration en parallèle de ma carrière professionnelle et je n’ai jamais réfréné mon élan artistique. Je passe toujours un bon moment musique de fond et palette à la main.

Quel est votre parcours artistique, les techniques et les sujets que vous avez expérimentés à ce jour ?

J’ai fait mes débuts avec l'acrylique que jai rapidement délaissé pour lhuile parce qu’il convenait davantage à mon style de l’époque, une mosaïque constituée de petits triangles juxtaposés composant tous les éléments du tableau. Puis, au gré des épisodes de ma vie, mes tableaux sont devenus plus dégagés, évoluant vers une image plus fluide.

Mes tableaux racontent une histoire par le biais d’un personnage, un chien, une vache, un cheval ou n’importe quel objet pouvant servir mon propos. Au cours des dernières années, le thème de l’environnement, sa vulnérabilité manifeste, le désir et le besoin de protéger s’est imposé. La dégradation de la nature n’est plus une preuve à faire. Je fais de l’art un support de plus pour en témoigner.

Quels sont les 3 aspects qui vous différencient des autres artistes, rendant votre travail unique ?

Mon travail devient unique dans la mesure où je m’inspire beaucoup de mon propre vécu. Toutes les années passées en Gaspésie au bord de la mer m’ont inspiré tout comme les événements de la vie.

Avant même de m’adresser à la toile, je mets beaucoup de temps à cogiter, je réfléchis soigneusement à l’ambiance recherchée et aux éléments qui composeront le tableau. À la fin de cette étape, le tableau devient une image précise que je reproduis exclusivement en noir et blanc.

Ma palette de couleur est infiniment réduite, les rares couleurs sont minutieusement choisies pour susciter une émotion ou simplement attirer l’attention.

D'où vient votre inspiration ?

Je ne crois pas à l’inspiration comme un souffle créateur, un certain travail doit être fait pour canaliser les idées sur ce qui demande à être exprimé. En amont, cela me permet de faire une sélection dans le lot d’images qui se bousculent au portillon de mon imagination. 

Quelle est votre démarche artistique ? Quelles visions, sensations ou sentiments voulez-vous évoquer chez le spectateur ?

Lors d’expositions, la pratique veut que certains tableaux soient accompagnés de textes pour aider le visiteur à comprendre ce qui lui est montré et le guider dans sa déambulation. Il s’en trouve que l’interprétation dune œuvre, la catégorie ou le genre, est déterminée d’avance par l’artiste alors qu’il est fort à parier que linterprétation intuitivement plausible de lauditoire soit différente et beaucoup plus intéressante.

Quel est le processus de création de vos œuvres ? Spontané ou avec un long processus préparatoire (technique, inspiration des classiques de l'art  ou autre)?

Sur la toile vierge, j’élabore mon sujet principal à l’aide d’un crayon graphite soluble, je dessine les contours pour me guider et quelques détails. Compte tenu que je travaille une peinture plutôt liquide et que je doive attendre que la matière sèche avant de poursuivre, bon nombre de couches sont nécessaires avant qu’un semblant de réalisme ne se distingue. Pour ma part, la réussite du tableau dépend de la concordance avec la conception du départ, l’improvisation n’est pas au rendez-vous.

Utilisez-vous une technique de travail particulière ? si oui, pouvez-vous l'expliquer ?

J'utilise la technique de grisaille et glacis qui consiste à appliquer une fine pellicule de peinture transparente superposée à une couche de peinture déjà sèche permettant ainsi dobtenir un modelé très doux, lisse, sans traces de pinceaux. Un vrai glaçage sur sa peinture! La technique que j’adoptée, privilégie les lignes et les volumes, elle offre une sincérité sans fioritures où les contrastes et la lumière guident les sentiments et les émotions vers lessentiel, et apportent une forme de pureté. Un tourbillon de nuance de gris sublimé par une subtile couche de couleur, donnant un côté intemporel.

Y a-t-il des aspects novateurs dans votre travail ? Pouvez-vous nous dire lesquels ?

La technique de peinture existe depuis le début du XVe siècle et mon travail n’a rien de novateur. Par contre, j’ai développé un style qui m’est propre et qui porte ma signature.

Avez-vous un format ou un support avec lequel vous êtes le plus à l'aise ? si oui, pourquoi ?

Je conçois que les grands formats sont spectaculaires mais je les réserve pour les commandes spéciales, une raison d’espace essentiellement. Côté pratique, un format régulier permet de retourner la toile dans tous les sens pour apporter le plus fin des détails.

Où produisez-vous vos œuvres ? A la maison, dans un atelier partagé ou dans votre propre atelier? Et dans cet espace, comment organisez-vous votre travail de création?

La maison que j’habite ne comporte pas assez de pièces pour un atelier alors je m’installe où la présence de la lumière est la plus présente, c’est-à-dire dans un coin de la salle à manger. Mon travail de minutie n’exige que peu d’espace et je risque en rien les éclaboussures.

Votre travail vous amène-t-il à voyager afin de rencontrer de nouveaux collectionneurs, pour des salons ou des expositions ? Si oui, que cela vous apporte-t-il ?

Je ne suis pas nostalgique de l’époque où la sollicitation passait essentiellement par les galeries d’art. La logistique des expositions à l’étranger était coûteuse et laborieuse le plus souvent. La venue du service en ligne, pour l’artiste comme pour le collectionneur vient simplifier les choses. La visibilité que procure le site Artmajeur permet un certain rayonnement.

Comment imaginez-vous l'évolution de votre travail et de votre carrière d'artiste dans le futur ?

Je ne sais pas s’il y aura un changement progressif dans ma façon d’aborder la peinture. Au-delà de ma volonté, ce sont les événements de la vie qui en décident. La « beauté » sera toujours une quête.

Quel est le thème, le style ou la technique de votre dernière production artistique ?

Voyage en solitaire, est une ode à l’amour… perdu ou retrouvé. D’après l'onirologie, le Metro représente l’inconscient. Les wagons se croisent, vont et viennent, au premier plan deux bancs laissés vides représentent le couple défait ou à venir. À celui qui regarde de juger si notre voyageur est en fuite ou s’il accoure vers sa destinée.

Pouvez-vous nous parler de votre expérience d'exposition la plus importante ?

Quand un vernissage devient théâtral. Sans être plus importante, elle est mémorable de cette rencontre entre poète et artiste en arts visuels. Inspirés mutuellement du travail de l’autre, à deux reprises une thématique imposée réunie nos esprits de créateurs, jusqu’à se parer de la même écharpe rouge de mon protagoniste lors du vernissage.

Si vous aviez pu créer une œuvre célèbre dans l'histoire de l'art, laquelle choisiriez-vous ? Et pourquoi ?

Tamara De Lempicka, Madame Allan Bott 1930.

Cette oeuvre est tout à fait unique pour l’époque, l’art deco se devine en quelques lignes, l’esthétisme est irréprochable. Le fait qu’elle soit une femme peintre qui a réussi à s’imposer ajoute à la fascination.

Si vous pouviez inviter un artiste célèbre (mort ou vif) à dîner, qui serait-ce ? Comment lui proposeriez-vous de passer la soirée ?

Boris Vian à coup sûr. Après lui avoir posé une tonne de questions, je pourrais juste me taire et écouter la musique Jazz.

 

 

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