Le cubisme : des origines à l'art contemporain

Le cubisme : des origines à l'art contemporain

Olimpia Gaia Martinelli | 6 juil. 2022 7 minutes de lecture 0 commentaires
 

«Le fait que pendant longtemps le cubisme n'a pas été compris et qu'aujourd'hui encore il y a des gens qui ne peuvent rien y voir ne signifie rien. Je ne lis pas l'anglais, un livre anglais est un livre vierge pour moi. Cela ne signifie pas que la langue anglaise n'existe pas. Pourquoi devrais-je blâmer quelqu'un d'autre que moi-même si je ne peux pas comprendre ce que je ne connais pas ?»...

Carlos Blanco Artero, La corrida, 2014. Huile sur toile, 200 x 180 cm.

Brèves réflexions sur le monde de l'art contemporain

Le XXe siècle a été riche de multiples mouvements, tendances et expressions artistiques, parmi lesquels il est impossible de ne pas mentionner le cubisme, le dadaïsme, le surréalisme, l'expressionnisme, le pop art, l'art conceptuel et le minimalisme. En comparaison, le XXIe siècle est encore dépourvu de toute forme de courant artistique significatif, car, après le mythique Andy Warhol, les artistes se sont méfiés des groupes de quelques élites autoproclamées, préférant une orientation essentiellement conceptuelle, capable de rassembler des pratiques même fondamentalement différentes. Quoi qu'il en soit, avec toutes leurs particularités, les manifestations artistiques de notre époque font explicitement référence à un "label" dominant, celui de la mondialisation, un phénomène qui a généré un vaste monde créatif difficile à classer et qui tourne principalement autour du "dieu" argent. Néanmoins, les mouvements les plus célèbres du XXe siècle continuent d'enchanter le monde de l'art contemporain, au sein duquel les artistes réinterprètent souvent leurs caractéristiques stylistiques, qui sont encore utilisées aujourd'hui pour classer les œuvres d'art elles-mêmes. Dans ce contexte, il est impossible de ne pas penser au cubisme, l'un des mouvements artistiques les plus influents du XXe siècle, qui continue de faire des vagues dans la recherche artistique actuelle.

Georgi Demirev, Paysage magique II, 2022. Acrylique / pastel / crayon sur panneau MDF, 63 x 79 cm. 

Maria Tuzhilkina, Fresh kiwi, 2022. Acrylique sur toile, 50 x 50 cm.

Une brève histoire du cubisme

«Le fait que pendant longtemps le cubisme n'a pas été compris et qu'aujourd'hui encore il y a des gens qui ne peuvent rien y voir ne signifie rien. Je ne lis pas l'anglais, un livre anglais est un livre vierge pour moi. Cela ne signifie pas que la langue anglaise n'existe pas. Pourquoi devrais-je blâmer quelqu'un d'autre que moi-même si je ne peux pas comprendre ce que je ne connais pas ?»

Les paroles emblématiques, profondes et percutantes de Pablo Picasso sont parfaites pour introduire le concept de cubisme, un mouvement artistique basé principalement sur trois ingrédients : la géométrie, la simultanéité de visions multiples et le désir de rendre la "quatrième dimension". Toutes ces composantes se combinent pour générer une vision du monde sans précédent, puisque le cubisme est, à toutes fins utiles, un type particulier de "réalisme". Il est possible d'expliquer cela en donnant un exemple concret : l'embouchure de tout vase est explicitement ronde à l'œil, mais pour la capturer dans une représentation graphique en perspective, elle est souvent faite comme si elle était ovale. Le cubisme, quant à lui, le dépeindrait comme un cercle, le ramenant à son essence plus simple, mais réelle. Mais comment s'est produite cette forme de "révélation" de la nature la plus originelle des choses ? En 1907, le peintre français Georges Braque, en visite dans l'atelier de son ami Pablo Picasso, situé dans le quartier emblématique de Montmartre (Paris), est littéralement subjugué par la vue de l'un des plus grands chefs-d'œuvre du maître espagnol : Les Demoiselles d'Avignon (1907). Les origines du mouvement cubiste remontent aux particularités de cette toile monumentale, caractérisée par des plans géométriques fracturés, des visages ressemblant à des masques et des corps anguleux. En fait, après cette vision, la peinture de Braque a pris une nouvelle direction, qui l'a conduit à créer des paysages "décomposés", que le critique d'art Louis Vauxcelles a décrits comme étant réalisés par des motifs géométriques en forme de cubes. Ce dernier, crédité de la première utilisation du terme cubes pour décrire ce style de peinture, est très probablement responsable de la naissance du terme cubisme.

Eugene Ivanov, Blue still-life, 2020. Huile sur toile, 60 x 60 cm. 

Jean Mirre, Le journal cubiste d'apres juan gris, 2021. Huile / crayon sur papier, 30 x 21 cm.

Les différentes phases du cubisme

La première époque du mouvement, entre 1907 et 1912 environ, est connue sous le nom de cubisme analytique. Il s'agit d'une approche créative visant à représenter le même sujet de plusieurs points de vue à la fois, créant ainsi un effet fracturé et multidimensionnel, qui s'exprime à travers une palette de couleurs limitée. Par la suite, et plus précisément à partir de 1912, s'installe la phase du cubisme synthétique, au cours de laquelle Picasso et Braque commencent à incorporer des mots dans leurs tableaux, destinés à évoluer vers des éléments de collage avec pour sujets des personnages aux couleurs vives. Le cubisme orphique, quant à lui, est un mouvement dérivé des précédents qui, bien exprimé par l'œuvre du collectif du groupe de Puteaux formé en 1913 par le peintre français Jacques Villon et son frère Raymond Duchamp-Villon, embrasse des couleurs encore plus vives et une abstraction accrue. Enfin, avec l'avènement de la Première Guerre mondiale, le cubisme s'est arrêté en tant que mouvement organisé, notamment parce que nombre de ses membres, dont Braque, Lhote, de La Fresnaye et Léger, ont été appelés au service militaire. Néanmoins, en 1917, les caractéristiques stylistiques du mouvement réapparaissent dans certaines œuvres de Picasso, telles que Les trois musiciens (1921) et La femme qui pleure (1937), ainsi que dans plusieurs œuvres de Braque. 

Konrad Ziolkowski, Grogis, 2019. Sculpture sur métal, 30 x 20 x 36cm / 8,00 kg.

Le cubisme dans les œuvres d'Artmajeur

Comme nous l'avons mentionné plus haut, le cubisme est l'une des avant-gardes du XXe siècle qui a le plus de succès au XXIe siècle, un fait qui se reflète aussi largement dans la base de données d'Artmajeur, où l'on trouve de nombreuses œuvres d'art conformes aux caractéristiques stylistiques du mouvement. Les peintures et les sculptures d'Aket, de Martine Camors et de Corinne Raynal sont de parfaits exemples de cette popularité. Elles sont fortement caractérisées par la géométrie, les visions multiples simultanées et le désir de rendre la "quatrième dimension".

Aket, Piano piano, 2022. Acrylique sur toile, 61 x 50 cm. 

Aket: Piano piano

Le tableau d'Aket représentant un pianiste au sommet de son élan créatif interprète, de manière totalement originale et novatrice, les caractéristiques stylistiques du cubisme, qui se concentrent notamment dans les traits du visage, la chevelure et le rendu en perspective de la pipe de l'effigie. En outre, la palette de couleurs, terne et clairsemée, réduite exclusivement à des nuances de violet, de gris et de noir, avec quelques touches de jaune, reflète très probablement l'intention la plus pure du cubisme synthétique, à savoir l'utilisation d'une gamme restreinte de couleurs afin d'éviter les éléments perturbateurs pour l'artiste et le spectateur. Quant au thème abordé, il s'agit d'un "culte" du mouvement cubiste, puisqu'il avait déjà été abordé par le grand maître Picasso dans le célèbre tableau Les trois musiciens (1921).

Martine Camors, Têtê à têtê, 2010. Sculpture en bronze, 45 x 30 x 12 cm / 9,50 kg.

Martine Camors: Têtê à têtê

La sculpture en bronze de Martine Camors représente un demi-buste de femme "décomposé", "fragmenté", extrêmement géométrique, dissimulé derrière un "masque". En effet, le visage de l'effigie rappelle celui des protagonistes des Les Demoiselles d'Avignon, un chef-d'œuvre que Picasso a réalisé en se référant aux costumes traditionnels africains. En outre, l'artiste espagnol a hérité de ce dernier l'immédiateté, la simplicité et la synthèse des formes, souvent construites à l'aide de figures géométriques. Si l'on revient à la sculpture de l'artiste d'Artmajeur, elle nous ramène également à l'œuvre d'autres maîtres connus, comme Alexander Archipenko, un grand exemple pour sa façon de décomposer le visage humain, et Henri Laurens, un point de référence pour le langage géométrique. On peut notamment comparer Têtê à têtê avec deux chefs-d'œuvre des artistes précités, à savoir Tête - Autoportrait (1913) et Femme au Compotier (1920).

Corinne Raynal, Sylvie, 2019. Huile sur toile, 80 x 80 cm.

Corinne Raynal: Sylvie

La peinture à l'huile de Corinne Raynal s'inscrit parfaitement dans le cadre des caractéristiques stylistiques, des couleurs et des sujets étudiés par le cubisme, car l'œuvre, réalisée à l'aide de sections de couleur claires, rappelle, bien que de manière très originale, les Deux nus emblématiques de Jean Metzinger. Dans ce dernier tableau, similaire à Sylvie par le thème et la "palette", le maître français immortalise le corps humain, les arbres et les rochers de la même manière. Suivant son exemple, l'artiste d'Artmajeur a représenté la protagoniste de son œuvre en l'immergeant dans un décor dans lequel elle se fond elle-même comme un caméléon. Enfin, il convient de souligner que le chef-d'œuvre de Metzinger est également légendaire parce qu'il a été exposé lors de la première manifestation cubiste de l'histoire, le Salon des Indépendants à Paris en 1911, un événement qui a consacré le mouvement auprès du grand public. Par conséquent, l'œuvre de Corinne Raynal, à l'instar de Deux Nus, pourrait représenter un hypothétique nouveau "manifeste" du cubisme contemporain, résultat d'une fusion entre tradition et innovation.

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