Art et management : une convergence prometteuse

Art et management : une convergence prometteuse

Nicolas Sarazin | 25 oct. 2017 3 minutes de lecture 0 commentaires
 

L’art, mode d’expression d’une subjectivité, semble de prime abord déconnecté des notions d’organisation, de profit ou de rentabilité et des méthodes de gestion rationnelle employées dans la direction d’une entreprise.

L’art, mode d’expression d’une subjectivité, semble de prime abord déconnecté des notions d’organisation, de profit ou de rentabilité et des méthodes de gestion rationnelle employées dans la direction d’une entreprise. 

L’art, activité individuelle, irrationnelle, hors cadre et sensible, suscite généralement le scepticisme des directions et la méfiance des collaborateurs en quête de formations techniques « validantes ». Ce sont ces mêmes schémas bien ancrés qui privilégient la gestion et la technique au détriment des sciences humaines et des disciplines artistiques. Pourtant, art et management ont tout intérêt à se croiser pour s’enrichir mutuellement.

L’entreprise a beaucoup à apprendre de la démarche artistique, en particulier :

– la quête de sens : la démarche artistique véhicule des valeurs et est porteuse d’une mission particulière ;

– la gestion de projet : chaque œuvre, composition ou réalisation, requiert une véritable conduite de projet ;

– la maîtrise des techniques de réalisation : sans maîtrise des techniques de base amenées à évoluer avec l’expérimentation et la démarche artistique vers des techniques personnelles et originales, l’art n’existe pas (l’artiste doit être un technicien hors pair doublé d’un innovateur technique) ;

– un processus itératif : l’artiste interagit en permanence avec le travail en évolution, procédant aux aménagements nécessaires pour atteindre le résultat souhaité ;

– une démarche constate d’originalité et de créativité : ce qui distingue l’artiste de l’artisan, c’est cette capacité créative, cette recherche de la nouveauté. On parle de « performance » ou d’originalité artistiques ;

– une démarche humaniste : à la fois, vision personnelle du monde et regard sans concessions sur la réalité, l’art dit sous une forme esthétique particulière le monde qui nous entoure ;

– une prise de risque totale : il n’y a aucune certitude que l’œuvre soit bien reçue par le marché ;

– un marché de l’art des plus concurrentiels : l’art n’a pas de frontières, la concurrence est globale. L’artiste, guidé par une démarche personnelle à priori sans intention commerciale, est confronté à l’hyperconcurrence et la nécessité matérielle de créer son marché et de constituer sa base de clients et d’utilisateurs ;

– Une œuvre d’art est avant tout une « expérience sensible utilisateur » (émotion, émerveillement, énergie). L’artiste se doit de maximiser cette expérience en facilitant l’accessibilité de son art s’il veut vendre ses réalisations ;

– une création individuelle qui s’insère et interagit avec son environnement et la société ;

– une démarche d’expression et de réalisation personnelle.

Le manager moderne soucieux de favoriser la collaboration et la créativité a tout intérêt à développer son propre potentiel créatif et à s’imprégner des processus artistiques, en vue de faciliter la créativité de groupe. La créativité individuelle est un état d’esprit qu’il est possible de stimuler (visites d’expositions, cours ouverts, ateliers de créativité...). Les processus de création peuvent s’apprendre au contact d’artistes (interventions artistiques dans l’entreprise, visites d’ateliers, conférences...).

L’artiste a de son côté beaucoup à apprendre du manager.

Il est apparu récemment le concept d’artiste-entrepreneur, artiste gérant son travail artistique comme une entreprise. Dans un marché ultra-concurrentiel, l’artiste peut être amené pour diffuser ses œuvres à bâtir une identité, une marque, inventer des procédés de communication et de vente inédits, développer une gamme de produits dérivés de la production originale adaptée à son marché. Certains artistes produisent des œuvres « prêtes à accrocher », plus abordables, leur permettant de faire face aux coûts de production d’œuvres plus ambitieuses. Cette démarche critiquée par certains puristes n’est pas forcément un frein à l’originalité ou la créativité. Si l’artiste ne se résigne pas à produire « ce qui marche », mais développe des concepts artistiques de demain accessibles. Disposer de moyens financiers liés à la vente de ses œuvres est le but et le rêve de tout artiste, mais aussi son plus grand moteur de liberté et d’innovation.

À l’évidence, dans un monde qui requiert de plus en plus de flexibilité, d’ouverture, d’originalité et d’efficacité, ces deux démarches, artistique et managériale, sont appelées à se nourrir mutuellement pour permettre l’émergence d’un management créatif et d‘activités artistiques organisées.

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