Points clés
Ed Sheeran expose une série de toiles abstraites à la Heni Gallery de Londres sous le titre Cosmic Carpark Paintings.
Ses œuvres, proches du style « drip painting » de Jackson Pollock, misent sur le geste et la spontanéité.
Pas de vente d’originaux, mais des tirages à 900 £ ; 50 % des bénéfices seront reversés aux écoles britanniques.
La critique est partagée : sincérité artistique pour certains, opportunisme médiatique pour d’autres.
L'exposition relance le débat sur la frontière entre art, célébrité et légitimité.
Après avoir conquis les charts mondiaux avec ses ballades, Ed Sheeran investit désormais un tout autre territoire : celui de l'art abstrait. À Londres, la Heni Gallery accueille sa première exposition de peintures, Cosmic Carpark Paintings, une série de toiles où se mêlent jets de peinture, gestes spontanés et touches de mysticisme visuel. Loin de ses guitares et de ses refrains entêtants, l’artiste dévoile une facette inattendue de sa créativité.
Des éclaboussures de couleur et des influences implicites
À première vue, les œuvres de Sheeran rappellent irrésistiblement les expérimentations gestuelles de Jackson Pollock : peinture projetée, mouvements libres, absence de représentation figurative. Pourtant, l’exposition se garde bien de nommer explicitement le maître de l’expressionnisme abstrait. Elle préfère évoquer des « paysages cosmiques », des « textures célestes » ou encore un « style de projection documenté ». Un choix de vocabulaire qui semble vouloir échapper à la comparaison directe, tout en flirtant avec l’évidence.
Des éditions limitées vendues pour l’éducation artistique
Les originaux ne sont pas disponibles à la vente. À la place, la galerie propose des tirages en édition limitée, au prix de 900 livres sterling (environ 1 200 dollars). La moitié des bénéfices sera reversée à des écoles britanniques afin de soutenir l’éducation artistique, un domaine que Sheeran a plusieurs fois défendu publiquement. Il déplore notamment le désengagement croissant de l'État dans ce secteur, crucial selon lui pour le développement des jeunes talents.
Un succès public, une critique divisée
L’exposition rencontre un certain engouement populaire, portée par la notoriété de l’artiste. Mais du côté des critiques, les avis sont beaucoup plus partagés.
La démarche de Sheeran soulève un débat délicat : peut-on séparer l’intention artistique de la notoriété de son auteur ? Certains saluent un geste généreux et accessible, une tentative honnête de faire dialoguer art et culture pop. D’autres y voient une instrumentalisation de l’art comme extension de marque personnelle. Il est indéniable que la célébrité de Sheeran attire un public qui ne fréquente pas habituellement les galeries — une ouverture bienvenue pour les uns, une dérive pour les autres.
Quand l’art devient un prolongement de l’identité
Au fond, cette incursion picturale semble davantage guidée par le plaisir de créer que par la quête de reconnaissance artistique. Les toiles de Sheeran ne prétendent pas rivaliser avec les chefs-d’œuvre du XXe siècle ; elles témoignent plutôt d’un désir de s’exprimer différemment, de libérer un geste brut et immédiat. Et si elles provoquent la controverse, c’est sans doute parce qu’elles incarnent cette tension contemporaine entre expression personnelle, stratégie médiatique et quête de sens.
FAQ
Quel est le style des peintures de Sheeran ?
Elles s’inscrivent dans une tradition expressionniste abstraite, avec une forte influence du drip painting : peinture projetée, gestes libres, éclaboussures.
Où voir l'exposition ?
À la Heni Gallery, en plein cœur de Londres.
Peut-on acheter ses œuvres ?
Les originaux ne sont pas à vendre. Des tirages en édition limitée à 900 £ sont disponibles.
Pourquoi les bénéfices vont-ils à des écoles ?
Ed Sheeran milite depuis plusieurs années pour le financement de l’éducation artistique au Royaume-Uni, qu’il estime négligée.
Que pense la critique ?
Les réactions sont mitigées. Certains saluent une démarche accessible et altruiste, d'autres dénoncent un art vide de substance, soutenu par la célébrité.
Sheeran abandonne-t-il la musique ?
Pas du tout. Il continue sa carrière musicale, mais explore ici une autre forme d’expression créative.
Nicolas Sarazin